Guillaume Lebeau : l'angoisse d'une famille réunionnaise menacée de mort

Guillaume Lebeau, le 12 juin 2019.
Le couple a reçu dans sa boîte aux lettres, le 6 juin dernier, une enveloppe contenant trois balles d’une arme à feu. L’auteur des menaces de mort est toujours dans la nature. Le policier réunionnais défendra sa cause demain à la DGPN, la direction générale de la police nationale.
 

Ce n’est pas la première fois que Guillaume Lebeau est menacé de mort. Policier depuis 15 ans dans l’Hexagone, et depuis quelques années à la brigade anti-criminalité, il a déjà été l’objet de ce type d’intimidation. Mais jusque-là, il a su préserver sa sphère privée. Cette fois, il est tombé sur un individu coriace. Un jeune homme de 20 ans, au passé chargé. Ce dernier connaît sa famille, sait où il habite. Il lui en a donné la preuve en lui envoyant par la poste, une enveloppe à son nom, avec à l’intérieur trois balles. Des balles qui pourraient appartenir à un 22 Long Rifle, selon les premiers éléments de l’enquête.

Les balles arrivées par courrier au domicile de Guillaume Lebeau et sa compagne
 

Une angoisse grandissante

Cette fois, ce n’est plus le policier, mais sa famille qui est clairement visée. L’auteur présumé des faits, condamné à 6 mois de prison le 6 juin dernier pour des menaces proférées auparavant à l’égard du policier, n’est pas derrière les barreaux. Lors du procès, il était absent, et aucun mandat de dépôt n’a été délivré à son encontre. L’homme peut donc à tout moment mettre ses menaces à exécution. Une situation angoissante notamment  pour la compagne du policier, que nous appellerons Gwendoline afin de préserver son anonymat. Gwendoline a peur pour sa vie, et la vie de leur fille. Elle ne dort plus tant que son compagnon n’est pas rentré. Vérifie régulièrement que tout va bien dans la maison. A dû mal à se concentrer à son travail. Un lourd fardeau, qu’elle ne peut partager avec ses collègues de bureau. A son travail, peu de gens savent que celui qui partage sa vie, est policier, alors se confier aux autres… impensable !

Guillaume Lebeau lui fait un peu plus attention qu’à l’accoutumée « on ouvre le portail, on regarde à gauche à droite si on n’est pas surveillés…. C’est compliqué de vivre sereinement ». Cette menace-là, par rapport aux autres, il l’a prend très au sérieux. Les risques, il a l’habitude de les prendre cela fait partie du métier, mais cette fois c’est sa famille qui est touchée.

Mesures de protection

Face à cette menace, Guillaume Lebeau a demandé à son administration de protéger sa famille. Des rondes de police sont donc organisées près de leur domicile. Mais ce système de protection n’apaise pas la colère de Gwendoline. Elle ne comprend pas pourquoi l’employeur de son compagnon n’accède pas à sa demande de mutation à la Réunion. Cette fois, ce sont leurs vies qui sont en jeu « la mission première d’un employeur c’est de protéger ses salariés, et là ce n’est pas le cas…. Cela fait deux trois ans qu’il (ndlr: Guillaume) prend la parole en public pour exprimer un mal être dans la police et je pense qu’il paye ça en fait ».

Des demandes et des refus

Depuis 14 ans, régulièrement Guillaume Lebeau fait des demandes de mutation. Régulièrement elles sont refusées. Il est pourtant très bien noté par sa hiérarchie. Cette année, il fait même partie des très bons éléments. C’est donc naturellement que ses supérieurs directs ont abondé dans son sens pour cette nouvelle demande formulée en mars dernier. Sauf, que pour son administration, il ne respecte pas son devoir de réserve. A la tête de l’association Mobilisation des policiers en colère, il a dénoncé des conditions de travail dans la profession. Ces prises de paroles lui ont valu des convocations en 2017 à l’IGPN, l’inspection générale de la police nationale. A l’époque, le malaise dans cette profession est médiatisé. Le nombre de suicides chez les policiers et les gendarmes inquiète. Ce n’est le moment de faire des vagues. Guillaume Lebeau n’est donc pas sanctionné. Paye-t-il alors maintenant ses actions passées ? Contacté par notre rédaction, la DGPN qui lui a signifié son refus, ne veut pas s’exprimer sur son dossier.


Regardez le reportage de Karine Zabulon, Thierry Ravalet: 
©la1ere
 

Une fin de non-recevoir

A sa demande, il a été reçu ce jeudi  par un membre de la DGPN. Il a défendu son dossier avec une nouvelle donnée. Désormais il n'est plus le seul menacé, mais sa fille et sa femme le sont également. La situation est donc plus urgente qu'en mars dernier lors de sa requête. Mais sa direction n'est pas revenu sur sa décision. Guillaume Lebeau devra demander un réexamen de son dossier.