Guyane : à Cayenne, la "rue Christophe Colomb" renommée en hommage aux peuples autochtones

La ville de Cayenne vient de rebaptiser la rue Christophe Colomb, une de ses artères principales, en hommage aux peuples autochtones. Un geste salué par les représentants des nations amérindiennes qui y voient “la prise en compte de leur histoire”. 
Une plaque et surtout un symbole. Jeudi 15 octobre, la rue Christophe Colomb, une artère commerçante très fréquentée de la ville de Cayenne, a été rebaptisée en rue des Peuples autochtones, “par considération pour les Peuples de Guyane”, explique la mairie. 

Présents sur place, les représentants des huit nations amérindiennes ont tous salué cette initiative. “C’est quelque chose de fort. C’est un repère pour beaucoup d’entre nous, surtout pour les jeunes autochtones qui vont arriver de différents lieux de Guyane et qui savent que leur histoire est prise en compte”,  a déclaré Stéphane Apollinaire, coordinateur de la fédération des organisations autochtones de Guyane. 

Pour Jocelyn Thérèse, le porte-parole des chefs coutumiers d’Awala-Yalimapo, “c’est un choix courageux. Regarder l’histoire c’est se regarder, en quelques sortes, dans le miroir”
 

Regardez le reportage de Guyane la 1ère :

 

Donner plus de visibilité à l’histoire du territoire

Changer la toponymie des rues est un défi pour la ville de Cayenne, qui affirme que bon nombre de ses administrés se sentent concernés. “Il y a des citoyens qui écrivent pour demander de renommer les rues. Sur le principe, moi, je suis d’accord”, a déclaré la maire de Cayenne Marie-Laure Phinéra-Horth, qui poursuit : “On a une histoire, on a l’esclavage, on ne pourra pas effacer ça. Mais si aujourd’hui on peut moderniser et faire porter des noms de rue à des guyanais célèbres, illustres, pourquoi pas, moi je suis pour". 

Claudette Labonté, présidente de la Fédération parkweneh de Guyane, milite pour que les figures amérindiennes soient plus présentes dans le quotidien de la ville. “C’est un début, parce que dans les rues de Cayenne, où les Amérindiens ont rencontré en premier la colonisation, il faut que l’on puisse voir ces personnages”. 

“Dépolluer” les rues de la ville 

L’activiste Apa Mumia Makéba, membre du mouvement international pour les réparations (MIR) se satisfait lui aussi de cette nouvelle dénomination. Il réclame également une “dépollution” des rues, c’est-à-dire procéder à la débaptisation de toutes les rues et places qui portent notamment le nom de figures esclavagistes. 

En 2013, le boulevard Jean Jubelin, du nom d’un ancien gouverneur de la Guyane durant l’époque coloniale, avait été renommé en hommage à l’homme d'état sud africain et prix Nobel de la paix Nelson Mandela.