Guyane : deux ministres attendus pour trouver une issue à la crise

Guyane, 28 mars 2017.
Les ministres de l'Intérieur et des Outre-mer sont attendus ce mercredi soir en Guyane pour tenter de trouver une issue à la crise. Le site Les Echos annonce que le gouvernement serait en mesure de proposer un pacte de 4 milliards d’euros pour la Guyane.
Deux ministres vont arriver ce mercredi soir en Guyane avec l'espoir de trouver une issue à la crise qui paralyse ce territoire depuis une semaine, le Premier ministre ayant salué "l'esprit de responsabilité" des Guyanais, au lendemain de manifestations massives "dans le calme et la dignité".
 

Arrivée à 18h (heure locale)

Les mobilisations mardi à Cayenne et à Saint-Laurent du Maroni "n'ont donné lieu à aucun débordement. Je tiens à saluer ici l'esprit de responsabilité de nos compatriotes guyanais", a déclaré Bernard Cazeneuve dans une allocution depuis Matignon. Le Premier ministre était entouré du ministre de l'Intérieur Matthias Fekl et de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, juste avant leur départ pour la Guyane où ils étaient attendus en début de soirée (18H locales, 23H à Paris). "Dès leur arrivée, ils engageront tous les contacts utiles", a expliqué Bernard Cazeneuve.

Le rapport de force s'est précisé mardi, avec "la plus grosse manifestation jamais organisée" dans ce département, de l'aveu même de la préfecture. Entre 8.000 et 10.000 manifestants ont été comptabilisés par la préfecture à Cayenne et entre 3.500 et 4.000 à Saint-Laurent-du-Maroni, les deux plus grandes villes guyanaises.
 
La signature d'"un pacte d'avenir ambitieux", concrétisant les avancées en faveur de la Guyane, "pourrait intervenir dans les meilleurs délais", avait estimé mardi soir Bernard Cazeneuve, appelant "chacun" à "s'associer" aux discussions.
 

Un pacte de 4 milliards d’euros pour la Guyane ?

Selon le site "Les Echos", le gouvernement prévoit un pacte de 4 milliards d’euros pour la Guyane. Le site affirme ce mercredi soir que les ministres  ne vont pas arriver les mains vides. Selon "Les Echos", ils "seraient en mesure de poser sur la table des négociations un pacte de développement de la Guyane de 4 milliards sur un peu moins de 10 ans". "L'équivalent de 400 à 500 millions d'euros par an", traduit l'un des négociateurs cité par le quotidien. Il s'agirait donc de relever le pacte proposé l'an dernier, dont le montant estimé entre un et 2,6 milliards d'euros avait été jugé trop faible par les élus locaux.
 

"Premiers résultats"

Le succès des manifestations d'hier relève du plébiscite pour l'Union des travailleurs guyanais (UTG), dont les 37 syndicats membres avaient voté à la quasi-unanimité en faveur d'une grève générale illimitée. Le collectif des protestataires "Pou La Gwiyann dékolé" ("pour que la Guyane décolle"), qui regroupe aussi bien des collectifs contre la délinquance et pour l'amélioration de l'offre de soins, que l'UTG ou les avocats guyanais s'en est trouvé renforcé, alors qu'il avait refusé de rencontrer la délégation interministérielle arrivée samedi, préférant attendre des discussions au niveau ministériel.
 
La mission de hauts-fonctionnaires a déjà obtenu, selon le préfet Jean-François Cordet qui la pilote, de "premiers résultats", tels que "la fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne". Il y a "un vrai stress sur l'insécurité. Viennent ensuite la santé et l'éducation", a estimé Michel Yahiel, ancien "conseiller social" de François Hollande et membre de la délégation présente en Guyane.
Barrage à Kourou
 

L'Etat s'engage à "des solutions pérennes" pour le Centre médico-chirurgical de Kourou

Mercredi, Ericka Bareigts et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont annoncé dans un communiqué que l'Etat s'engage à apporter des "solutions pérennes" au centre médico-chirurgical guyanais de Kourou, menacé de cession au groupe privé lucratif Rainbow Santé par La Croix-Rouge française, suite à un accord avec l'association humanitaire.
 
"Un engagement réciproque est pris entre l'Etat et la Croix-Rouge Française pour définir ensemble les meilleures voies pour l'avenir de cet établissement", indique le communiqué, en assurant que "des solutions pérennes" lui seront apportées et qu'il "prendra place durablement dans l'offre de soins guyanaise". Il précise que "la Croix-Rouge française accepte de renoncer à toute cession à un opérateur privé à but lucratif, sous réserve que l'Etat s'engage à la reprise de l'établissement par un nouveau gestionnaire dans un cadre d'intérêt général".
Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer.
 

20 millions d'euros pour le centre hospitalier

Dans ce communiqué, les ministres annoncent aussi une aide en fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d'euros au Centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, "pour qu'il puisse reconstituer sa trésorerie et régler ses dettes courantes sans tarder".
 
L'Etat attribuera également au CHAR "les aides garantissant la mise en œuvre de son programme d'investissement de 40 millions d'euros, dont les études préalables sont lancées en accord avec le comité interministériel pour la performance et la modernisation de l'offre de soins (COPERMO)", précise le communiqué.