Des familles et des professionnels tirent la sonnette d'alarme. Ils estiment que la prise en charge du handicap en Guyane reste sous-dotée, malgré le plan de rattrapage de 1,08 milliard d'euros signé par le gouvernement et les élus guyanais à l'issue du grand conflit social de mars.
•
La prise en charge du handicap en Guyane reste sous-dotée, malgré le plan de rattrapage de 1,08 milliard d'euros signé par le gouvernement et les élus guyanais à l'issue du grand conflit social au printemps, dénoncent familles et professionnels du secteur.
"Le dispositif pour Saint-Laurent était déjà prévu avant le conflit social, il n'y a rien de nouveau", a pointé Georgina Judick-Pied à l'AFP, la "manière dont les problèmes sont posés laissent dubitatifs". Pour la responsable, "si on avait 20 millions d'euros pour du rattrapage, ce serait bien".
Les services publics de base pour les bien portants, déjà à la traîne en Guyane, sont encore plus rares pour les personnes en situation de handicap, regrettent les spécialistes. L'inégalité s'accentue encore pour les habitants des communes isolées, qui vivent parfois à plusieurs heures en pirogue d'un centre hospitalier.
Un rapport de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) pointe les "difficultés d'émettre des diagnostics fiables compte tenu de la pénurie de professionnels". Les listes d'attente "atteignent parfois 2 ans et demi", note le rapport.
Yohanne est maman d'un enfant de 8 ans et demi, scolarisé dans l'unique classe pour primaires de Cayenne adaptée aux autistes. Elle regrette que son fils ait subi un diagnostic tardif. "Je me suis inquiétée du comportement de mon fils avant qu'il ait ses trois ans, mais le diagnostic de son autisme n'a été posé qu'à ses six ans", témoigne-t-elle à l'AFP.
L'entrave à l'accessibilité universelle se pose aussi au quotidien, par l'absence d'aménagement des villes et de transports publics, note-t-elle encore, en retenant aussi "qu'il n'y a strictement rien pour prendre en charge correctement l'autisme et les déficiences psychiques".
"Rien de nouveau"
"Rien de nouveau" n'a été annoncé dans le champ du handicap par Annick Girardin le 11 juillet lorsque la ministre des Outre-mer a confirmé le plan d'urgence, a regretté Georgina Judick-Pied, présidente de la commission handicap à la Conférence régionale pour la santé et l'autonomie (CRSA), organisme consultatif auprès de l'agence régionale de santé (ARS).Un plan prévu
Le plan gouvernemental signé à l'issue du conflit social de mars-avril incluait un plan exceptionnel de 5 millions d'euros, dont un appel à projet pour un institut médico-éducatif à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville de Guyane, largement sous-dotée malgré un bassin de population qui excède les 80.000 personnes."Le dispositif pour Saint-Laurent était déjà prévu avant le conflit social, il n'y a rien de nouveau", a pointé Georgina Judick-Pied à l'AFP, la "manière dont les problèmes sont posés laissent dubitatifs". Pour la responsable, "si on avait 20 millions d'euros pour du rattrapage, ce serait bien".
Du retard
Dans le secteur de l'éducation, "il n'y a pas de budget supplémentaire pour le handicap à l'école, qui est pourtant un gros dossier de l'académie", regrette également Alexandra Cretté, porte-parole au syndicat Sud Education.Les services publics de base pour les bien portants, déjà à la traîne en Guyane, sont encore plus rares pour les personnes en situation de handicap, regrettent les spécialistes. L'inégalité s'accentue encore pour les habitants des communes isolées, qui vivent parfois à plusieurs heures en pirogue d'un centre hospitalier.
Des diagnostics tardifs
"La loi pour le handicap existe mais elle n'est pas appliquée correctement en Guyane. Il faut mettre en cohérence l'ensemble des acteurs, et déjà les collectivités, car elles ne mettent pas en place les commissions qu'il faudrait. Il faut un meilleur maillage sur le territoire", note Georgina Judick-Pied. Au manque de structures s'ajoutent des carences dans le dépistage.Un rapport de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) pointe les "difficultés d'émettre des diagnostics fiables compte tenu de la pénurie de professionnels". Les listes d'attente "atteignent parfois 2 ans et demi", note le rapport.
Yohanne est maman d'un enfant de 8 ans et demi, scolarisé dans l'unique classe pour primaires de Cayenne adaptée aux autistes. Elle regrette que son fils ait subi un diagnostic tardif. "Je me suis inquiétée du comportement de mon fils avant qu'il ait ses trois ans, mais le diagnostic de son autisme n'a été posé qu'à ses six ans", témoigne-t-elle à l'AFP.
Manque de structures
Pour Georgina Judick-Pied, de nombreux enfants ne sont plus scolarisés après 16 ans "par manque de moyens de l'éducation nationale. Ça nous fend le coeur de voir que passé 16 ans, il n'y a plus rien pour eux", dit-elle. Il n'existe que deux établissements et service d'aide par le travail (ESAT) pour la Guyane, qui rassemble 260.000 habitants, "c'est maigre", ajoute-t-elle.L'entrave à l'accessibilité universelle se pose aussi au quotidien, par l'absence d'aménagement des villes et de transports publics, note-t-elle encore, en retenant aussi "qu'il n'y a strictement rien pour prendre en charge correctement l'autisme et les déficiences psychiques".