Devant un parterre de magistrats et d'élus rassemblés à la cour d'appel de Cayenne, le garde des Sceaux a annoncé jeudi des mesures destinées à redonner du souffle aux professionnels de la justice en Guyane, épuisés par le manque d'effectifs.
Les membres de cette brigade - "quatre magistrats du siège, trois magistrats du parquet et trois nouveaux greffiers" - y exerceront durant six mois et un jour, avec l'assurance "de retrouver leurs fonctions initiales dans la même juridiction", a détaillé le ministre.
Au-delà de ces renforts, M. Dupond-Moretti a promis l'arrivée de cinq contractuels "dans les jours qui viennent". Il prévoit également l'arrivée en janvier, entre autres, d'un vice-procureur de la République, avant la création de cinq nouveaux postes de magistrat au mois de septembre suivant.
Hasard de calendrier, l'audience d'installation du procureur de la République avait lieu quelques heures avant la prise de parole du ministre. À cette occasion, le président du tribunal judiciaire, Mahrez Abassi, a annoncé "des actions de justice morte" face aux problèmes d'effectifs : "Nous ne sommes plus en capacité de rendre une justice digne, rapide", a-t-il déclaré devant la presse.
Si, après l'annonce du ministre, M. Abassi a salué sa "réelle volonté d'aider la juridiction de Cayenne", les actions de justice morte seront néanmoins maintenues, faute de "moyens humains et matériels" d'ici janvier : plusieurs audiences seront ainsi supprimées jusqu'au 31 décembre. Mais "les urgences pénales avec les détenus, les mineurs... tout cela sera traité", a-t-il précisé. Le procureur de la République Yves Le Clair s'est quant à lui dit soulagé : "je sais déjà où je vais les mettre", a-t-il soufflé à propos des renforts promis.
En déplacement en Guyane du 29 septembre au 1er octobre, Eric Dupond-Moretti, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, ainsi que le ministre des Comptes publics en charge des douanes Gabriel Attal participeront vendredi aux Assises de la sécurité convoquées par la collectivité territoriale afin de répondre à la violence chronique qui touche la Guyane.
Guyane : la justice épaulée par une brigade de soutien d'urgence à partir de janvier
Le ministère de la Justice expérimentera en janvier 2023 une "brigade de soutien d'urgence" destinée à soulager les services de la justice en Guyane, en manque d'attractivité, a annoncé Eric Dupond-Moretti.
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