Guyane : les orpailleurs illégaux particulièrement touchés par le paludisme

50 orpailleurs illégaux arrêtés par la police de l'air et des frontières en Guyane
Selon une étude portant sur un échantillon de 421 personnes, plus d’un quart des orpailleurs illégaux (22,3%) véhiculent le paludisme. La majorité des Guyanais vivant sur le littoral est épargnée par cette maladie contre laquelle l’Organisation mondiale de la santé entend lutter.
Selon une étude rendue publique par le bulletin épidémiologique de veille sanitaire, les orpailleurs illégaux sont particulièrement touchés par le paludisme (22,3%). Depuis la flambée des cours de l’or en 1980, la Guyane attire de nombreux chercheurs d’or venus du Brésil et dans une moindre mesure du Suriname. Ces hommes vivent et travaillent clandestinement dans la forêt.

Photo prise le 23 juillet 2009 près de la commune de Saint Georges de l'Oyapock, d'orpailleurs clandestins brésiliens capturés par les forces armées françaises.

Certains militaires français qui participent à des opérations de lutte contre l’orpaillage illégal ont d’ailleurs contractés le paludisme. Le paludisme est en effet présent dans les forêts profondes de la Guyane et les orpailleurs illégaux y sont confrontés d’autant plus qu’ils ne consultent pas les centres de soins guyanais. Ainsi, le paludisme peut prospérer. Regardez cette vidéo explicative sur le paludisme :


L’éloignement des sites d’orpaillage illégaux (3 à 4 jours de marche ou de pirogue) ainsi que la peur des forces de l’ordre empêche ces garimpeiros (chercheurs d’or brésiliens) de se soigner correctement. Par ailleurs, des anti-paludiques sont vendus au marché noir sur ces sites illégaux. Il est donc compliqué de s’en procurer.

Priorité de l'OMS

Le paludisme fait au moins 1 million de victimes par an. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place une stratégie pour lutter contre cette maladie contre laquelle il n’existe pas encore de vaccin. Toutefois, les ACT sont des anti-paludiques efficaces.

Un sérieux obstacle

L’étude rendue publique par le bulletin épidémiologique de veille sanitaire intervient dans ce contexte de lutte contre le paludisme mis en place par  l’OMS. L’organisme entend éradiquer le paludisme dans les pays du plateau des Guyanes. La situation des orpailleurs illégaux en Guyane française est donc un sérieux obstacle.

Plus d'un quart des orpailleurs illégaux

421 chercheurs d’or illégaux ont participé à cette étude, des hommes travaillant sur 68 sites différents d’orpaillage illégal. 93% d’entre eux sont nés au Brésil. Selon l’étude rendue publique par le BEH, 22,3% d’entre eux, soit plus d’un quart véhiculaient le paludisme. La région où le nombre de cas est le plus important se trouve entre Maripasoula et Saül (voir carte ci-dessous).


Amérindiens et noirs-marrons 

Les populations autochtones, les Amérindiens et les Noirs-marrons,  sont elles aussi touchées par cette maladie. Toutefois de sérieux progrès ont été réalisés. Grâce, entre autres, à la généralisation de médicaments à base de dérivés de l’artémisinine (ACT) et à la distribution massive de moustiquaires, le nombre de cas déclarés de paludisme a chuté ces dix dernières années, passant de 4 479 cas en 2005 à 434 en 2015.