Guyane : première manifestation anti-blocage et première déclaration de François Hollande qui ne semble pas convaincre [SYNTHESE]

Une première manifestation anti-blocage doit se tenir ce mardi en Guyane, après trois semaines de conflit social et alors que le durcissement des barrages suscite un mécontentement grandissant. De son côté, François Hollande appelle à la levée des blocages. Les parlementaires lui répondent.
Après trois semaines de mouvement social, la première protestation anti-blocage doit commencer à 9h (14h à Paris) à Kourou. "Le gouvernement actuel ne peut plus rien faire, et le prochain ne sera mis en place dans cinq semaines! (...) Donc à quoi servent les barrages?", demandent ses organisateurs dans un SMS lu par l'AFP et signé de "la majorité silencieuse".
 

#Retournement de tendance ?

Cette initiative illustre un retournement de tendance. Le mouvement social, extrêmement populaire à ses débuts, a peut-être mené "le week-end de blocage de trop", selon l'expression employée par un Guyanais sur les réseaux sociaux. L'annonce initiale du blocage total des barrages, jusqu'alors organisés avec une certaine souplesse, a provoqué la colère d'un grand nombre de Guyanais. Beaucoup continuent toutefois à soutenir le mouvement.

Le collectif réclame 2,1 milliards d'euros supplémentaires. Il a finalement décidé d'alléger le blocage qu'il promettait "total" pour ce lundi, face aux critiques de la population. Si tous les véhicules, à l'exception des engins d'urgence, étaient empêchés de franchir les barrages, les piétons, les vélos et les scooters pouvaient passer"Il n'est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire", disent les signataires d'une pétition en ligne qui avait recueilli lundi plus de 2.400 paraphes. Plus de 3.200 internautes font aussi partie d'un groupe Facebook "Stop aux barrages en Guyane". De son côté, le président de la Collectivité territoriale, Rodolphe Alexandre, a appelé lundi à la fin des blocages.
 

#Déclaration de Hollande depuis Madrid

Le président François Hollande a lui aussi appelé lundi à la fin du blocage, au motif que "l'économie guyanaise ne doit pas être fragilisée plus longtemps", dans un courrier adressé aux parlementaires guyanais, qu'il se dit prêt à "recevoir à tout moment à Paris". "Les enfants ont besoin de retourner à l'école, les entreprises doivent reprendre leurs activités, les salariés eux aussi ne peuvent continuer à perdre leur rémunération", écrit François Hollande dans son courrier.

Les parlementaires l'avaient interpellé sur le plan d'urgence du gouvernement, à hauteur de plus d'un milliard d'euros, qu'ils estiment "insuffisant". "Nous devons aller vers un pacte pour La Guyane. C'est ce que j'avais pris comme engagement (...) en 2013. Il faut maintenant faire en sorte que ce pacte puisse être conclu. Mais chacun comprend bien qu'on ne peut pas multiplier les annonces, les promesses", a-t-il insisté à l'issue du sommet des pays du sud de l'Europe à Madrid.
 
"Je rappelle que les élections présidentielles (...) sont dans à peine deux semaines et qu'ensuite il y aura des difficultés pour l'actuel gouvernement de traiter avec sérieux les propositions qui seront faites", a poursuivi le président. (Regardez ci-dessous la déclaration de François Hollande).
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Les élus circonspects

Après réception de ce courrier présidentiel, trois des quatre parlementaires concernés semblent circonspects sur l'intérêt de cette rencontre. Laurent Marot, de Guyane 1ère, a recueilli leurs réactions :
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#Liaisons aériennes perturbées

Une "grève générale illimitée" a été décrétée le 25 mars en Guyane, paralysant l'activité économique. Le blocage du port de Cayenne provoque des pénuries, notamment de produits frais. Les ordures ne seront plus ramassées à partir de mardi "compte tenu du durcissement des barrages" dans Cayenne et ses environs, a annoncé la communauté d'agglomération.
 
Air France a annoncé lundi que le vol aller-retour entre Paris et Cayenne, sera maintenu mardi, avec une escale technique à Fort-de-France (Martinique). Les liaisons aériennes entre Paris et la Guyane sont fortement perturbées depuis deux semaines.