Point aérien de sortie de la poudre blanche à destination de l'Hexagone avant la mise en place d'un dispositif de contrôle de 100% des passagers en octobre 2022, l'aéroport Félix-Eboué de Cayenne est devenu inhospitalier pour les "mules".
En 2023, 571 kg de cocaïne ont été saisis à l'aéroport, contre 982 kg en 2022, selon un bilan communiqué à l'AFP par la direction régionale des douanes. "Ces chiffres, en baisse, montrent les effets du 100% contrôle", a estimé auprès de l'AFP Richard Marie, directeur régional des douanes. Les saisies à l'arrivée à Paris ont également chuté".
Ce dispositif empêche les passagers soupçonnés de transporter des stupéfiants d'embarquer, via des interdictions administratives. "Plus de 13.000 arrêtés préfectoraux interdisant d'embarquer ont été prononcés depuis le début de cette guerre des flux", selon Richard Marie.
Des filières en moins
Loin de faire l'unanimité auprès de la population et de certains élus - une trentaine d'arrêtés ont été contestés devant la justice administrative qui a confirmé la légalité du dispositif en octobre 2023 -, le "100% contrôle" semble avoir mis en échec la stratégie de saturation de certaines organisations criminelles.
Plusieurs filières d'Europe de l'Est et du Nigeria ont ainsi déserté l'aéroport de Cayenne.
En revanche, les douanes notent une hausse des saisies de cannabis et de numéraire à l'arrivée en Guyane. Près de 606.000 euros, considérés comme les "salaires des mules", ont été saisis en 2023 à la descente de l'avion, ce qui "montre que les trafics perdurent mais passent par d'autres vecteurs", selon le directeur régional des douanes.
De nouveaux vecteurs
Ces nouveaux vecteurs en Guyane sont "le fret et le port", a détaillé Richard Marie. Ainsi, 303 kg de cocaïne ont été saisis en avril par la douane dans la zone de fret de l'aéroport Félix-Éboué.
Et 1,8 tonne de poudre l'a été le même mois dans un container du port de Dégrad-des-Cannes à destination du Havre, un record. La précédente prise d'importance datait de 2020 : 594 kilos de cocaïne avaient été interceptés dans une voiture stationnée sur le port. Un scanner à containers, promis en 2022 par Gabriel Attal, alors ministre des Comptes publics, "devrait arriver en 2025 afin de renforcer le dispositif de ciblage", a assuré Richard Marie.