Guyane : une nouvelle bactérie infectieuse découverte

Vue de la forêt amazonienne.
L’anaplasmose de Sparouine a été diagnostiquée chez un homme dix-huit mois après son infection. C'est le seul cas de cette maladie, passée de l'animal à l’homme, recensé à ce jour.

Fièvre, douleur musculaire, mal de tête, saignement de nez et anémie sévère. Voici les symptômes dont a souffert un homme d'une soixantaine d’années dans une zone reculée de Guyane. L'orpailleur amateur était infecté d'une bactérie jamais découverte jusqu'ici : l'anaplasmose de Sparouine. 

Quand le hasard fait bien les choses

Son diagnostic est pourtant dû au hasard. L’homme avait participé à une campagne d’étude du paludisme en 2019. A cette occasion, il avait fait un prélèvement sanguin qu’ont pu récupérer les scientifiques quand il est tombé malade. C'est l’équipe d’Olivier Duron, directeur de recherche au CNRS de Montpellier sur les microbes chez les tiques qui a travaillé sur ce cas.

En collaborant avec le centre hospitalier de Cayenne et l’institut Pasteur de Guyane on s’est intéressé à des prélèvements qu’ils avaient faits pour du suivi de paludisme. Nous avons recherché globalement tous les microbes qu’ils pouvaient y avoir dans ces prélèvements sanguins. Et c’est comme ça qu’on a découvert un prélèvement qui était positif pour une nouvelle bactérie”, explique le directeur de recherche. 

C’est dix-huit mois après ce premier prélèvement que les symptômes se sont manifestés. “L’homme devait avoir des symptômes avant mais comme il vit dans une zone propice au paludisme, ça n’a pas dû l’alerter”, suppose Olivier Duron. A l’hôpital, impossible de savoir de quoi souffre l’orpailleur amateur. Il finira par sortir de l’établissement trois semaines plus tard après avoir suivi un traitement médicamenteux.  

L’anaplasmose de Sparouine est identifiée deux mois après sa sortie d’hôpital. La nouvelle bactérie, originaire de la famille des anaplasma a hérité du nom de la crique dans laquelle vivait l’orpailleur, la crique Sparouine. 

Très faible risque de propagation 

L’anamplasmose de Sparouine ne se transmet pas d’homme à homme. Pour être contaminé, il faut qu’un homme soit en contact avec une tique porteuse de la bactérie. L’orpailleur qui vivait dans une région reculée de Guyane, avait plus de chance d’être infectée. “Cette personne si elle avait été citadine, ne se serait pas retrouvée exposée à des tiques. Des tiques qui se sont nourris sur des animaux de faunes sauvages “, rappelle Olivier Duron.  

Le premier patient infecté présentait, par ailleurs, déjà des comorbidités. “Ce patient a subi une ablation de la rate. La rate est un organe important car elle filtre les globules rouges. L'absence de celle-ci, rend le patient plus sensible à des infections bactériennes comme celle-ci.” 

A ce jour, le soixantenaire est le seul cas détecté. “Les hôpitaux ne testent que les maladies connues. Et comme il n’existe pas de test pour détecter cette bactérie, on ne sait pas. (…) Il va falloir mettre en place des ‘tests diagnostiques’ pour savoir s'il y a d’autres cas en Guyane,” détaille le chercheur du CNRS. 

Toute une biodiversité méconnue 

Mais plus généralement, l’Anaplasmose de Sparouine n’est pas la seule bactérie infectieuse inconnue en Guyane. “Au centre hospitalier de Cayenne, certains patients vont présenter des infections qu'on n'a pas encore identifié ”, rappelle Olivier Duron. 

Le CNRS de Montpellier travaille de près avec le centre hospitalier de Cayenne et l’institut Pasteur de Guyane pour identifier les bactéries de ce genre. “Tous les ans, on se rend en Guyane pour réaliser des prélèvements.”

Des bactéries de la famille des anaplasmas ont été retrouvées au Brésil sur des paresseux et des chats par d’autres chercheurs.