Handball : le dernier envol de Daniel Narcisse

Daniel Narcisse lors du match de l'équipe de France contre la Norvège, samedi 6 mai 2017 à Clermont-Ferrand.
Daniel Narcisse et les Bleus, c'est fini. L'arrière réunionnais à la détente vertigineuse, surnommé "Air France", a plané une dernière fois avec l'équipe de France, lors d'une victoire contre la Norvège (28-24) et une prestation de haut vol (8 buts), samedi à Clermont-Ferrand. 
Le Réunionnais de 37 ans, qui comme son compère Thierry Omeyer avait annoncé la fin de sa carrière internationale fin mars, a mis un terme à une superbe aventure, pleine de titres, débutée en janvier 2000, et achevée à 311 sélections.
           
Avec neuf médailles d'or à son palmarès - 2 olympiques (2008, 2012), trois européennes (2006, 2010, 2014) et quatre mondiales (2001, 2009, 2015, 2017) - Narcisse n'avait plus rien à prouver depuis longtemps sous la tunique tricolore. Minot dans la bande des "Costauds" lors du premier sacre planétaire à Paris il y a seize ans, il est ensuite devenu un élément essentiel de l'armada des "Experts" aux côtés de Nikola Karabatic et de son inséparable ami Omeyer.
           

Tout gagné 

Ensemble, les stars tricolores ont tout gagné -- et plusieurs fois -- et fait de la France, l'équipe masculine la plus prolifique de l'histoire. Des campagnes triomphantes, Narcisse n'en aura finalement manqué qu'une seule, lors du Mondial-2011 en Suède, à cause d'une blessure au genou gauche (rupture du ligament croisé antérieur).
                       
Complémentaire avec le rouleau compresseur Karabatic sur les postes d'arrière gauche et demi-centre, l'enfant de la Réunion, arrivé en métropole à 18 ans, à Chambéry, s'est distingué par sa vitesse d'exécution, son agilité féline et son saut comparé au décollage d'un avion. Lors des dernières campagnes, l'encadrement tricolore avait choisi de le préserver, au regard de son âge, et de s'en servir davantage comme d'un joker de luxe. En août, lors des jeux Olympiques de Rio, le meilleur joueur de l'année 2012 – équivalent du Ballon d'or au hand - a tenu le rôle avec excellence, donnant l'impression de pouvoir tenir le choc encore quelques années.
           

Prouesse

"Les autres sont là pour affaiblir le taureau et lui, il est plutôt précis dans la mise à mort", avait même dit l'ancien sélectionneur Claude Onesta après un festival (7 buts) lors des quarts de finale contre le Brésil. C'était avant un chef-d'oeuvre en demi-finale face à l'Allemagne (29-28), mise au supplice par ses 7 buts dont un nouveau numéro de torero à quelques secondes de la fin qui avait délivré le camp français.
           
Après la finale perdue à Rio contre le Danemark (28-26), le Mondial en France sonnait comme la "der des ders" pour l'un des deux derniers rescapés, avec Omeyer, du sacre de 2001 à Bercy. Le 29 janvier, toujours à Bercy, le capitaine du Paris SG et son compère ont réussi la prouesse d'être sacrés champions du monde deux fois en France à seize années d'intervalle. Sans faire partie des joueurs les plus en vue, Narcisse est tout de même resté un pilier.
           

Altruiste

Mais l'émergence de jeunes talents à son poste, comme Timothey Nguessan et surtout son digne successeur Mathieu Grébille - forfait lors du Mondial - l'ont convaincu qu'il pouvait laisser l'équipe de France en de bonnes mains, avec le sentiment du devoir accompli. Car ce tireur d'élite, qui prépare sa reconversion d'entraîneur, sait aussi être altruiste. "Il est capable de prendre le ballon et de faire la différence tout seul mais il sait aussi faire briller ses partenaires", expliquait avant le Mondial Omeyer, également son partenaire au PSG.
           
Comme lui, Narcisse a prolongé avec le club parisien d'une saison jusqu'en 2018. Ils espèrent le mener vers une première victoire en Ligue des champions, après l'avoir remportée deux fois ensemble à Kiel en Allemagne (2010, 2012, quatre titres au total pour Omeyer). Ce sera peut-être dès cette année. Ils pourraient alors tranquillement préparer leur après-carrière.