Handball, les Bleus déçus mais sereins peuvent penser à l’horizon 2024

Un groupe France soudé et tourné vers 2024
Battus sans contestation par le Danemark 34/29 en finale du championnat du monde, les Bleus vont devoir digérer cette médaille d’argent au goût amer, pour vite se tourner vers l’horizon 2024. Cette équipe a perdu un match mais pas son envie de jouer, et surtout un groupe de joueurs plein de talents s’est constitué pendant ce mondial. Retour sur la finale et l’avenir de cette équipe de France avec le Martiniquais Mathieu Grébille et le Réunionnais Melvyn Richardson acteurs de cette finale, et avec les analyses de notre consultant Patrice Annonay, entraîneur des gardiens du Tremblay en France, des féminines de Paris 92 et de l’équipe de France U20.

Ça fait mal à la tête… c’est dur à encaisser... On avait tellement l’impression que rien ne pouvait arrêter cette brillante équipe de France que le coup pris en finale face aux irrésistibles Danois a laissé un peu KO tout le monde.
Mais après un KO le boxeur sonné se relève et c’est le mot d’ordre des bleus. Melvyn Richardson et Mathieu Grébille n’y coupent pas. Le réveil hier à Stockholm fut difficile, et le contact pris avec les deux joueurs au moment de la dépose des bagages à l’aéroport de Stockholm aussi

 

On n’a pas beaucoup dormi c’est vrai. C’est encore un peu dur mais c’est le sport, c’est comme ça, on est tombé face une très belle équipe. Il faudra prendre du temps pour analyser et voir ce qui n’a pas fonctionné, c’est encore un peu tôt et à chaud c’est difficile car ça se joue sur des petits détails. Il faut accepter que le Danemark ait fait un meilleur match que nous 

Mathieu Grébille, ailier gauche équipe de France

Eric Cintas

A l'image de Nikola Karabatic et Mathieu Grébille , les Française sont sonnés par la défaite

 

Même son de cloche du Réunionnais « On a joué tard, la nuit a été courte on n’a pas beaucoup dormi, mais c’est le sport c’est comme ça il faut passer à autre chose. On a fait un parcours honorable. On va se concentrer sur nous même pour digérer ca et repartir de plus belle avec les prochains objectifs avec l’équipe de France »
Dans leur voix on sent une certaine fatigue mais pas d’abattement, comme s’il fallait vite tourner la page.

 

Trop de failles en défense

 

Cependant Patrice Annonay revient sur cette finale, que les bleus ont peut-être abordée émoussés physiquement. C’était surtout flagrant en première période, et à la fin du match :

«  La victoire du Danemark est logique face à une équipe de France à qui il a manqué de la lucidité et de la justesse en attaque, de l’agressivité vers l’avant aussi  face à la base arrière danoise infernale Mathias Gidsel, Rasmus Lauge Schmidt et Simon Pytlick contre qui peu de duels ont été gagnés, et enfin aussi les arrêts de gardien qu’on a peu vu dans le match. J’ai  trouvé la défense apathique par rapport à celle contre les Suédois, c’est peut-être lié à la fraîcheur physique car la base arrière danoise avait l’air d’être beaucoup plus lucide et fraîche que nous. Nos défenseurs étaient un peu isolés, moins groupés, et pris parfois par la vitesse des arrières Danois. Après tout s’enchaîne »

 

Mathias Gidsel s'envole, Mathieu Grébille constate les dégats

 

Souvent envoyé en première ligne en défense Mathieu Grébille constate aussi la réussite insolente des tireurs Danois, sans doute aussi une des clefs de leur succès :

« Il y a eu des moments où on aurait pu revenir, il y a quelques décisions arbitrales qui ne nous aident pas. Parfois on est bien en défense et ils trouvent des tirs parfaits en pleine lucarne même si notre gardien voit le tir. Il y a des jours comme ça où tout marche. Une fois qu’ils sont en confiance et qu’ils récitent leur jeu, c’est difficile de les arrêter. On manqué un peu de tout, tout avait bien marché contre la Suède là ça été l’inverse. On peut toujours faire mieux, on aurait aimé faire mieux ».


On fait une moins belle entame de match, en face il y un gardien qui fait des arrêts décisifs, on perd quelques ballons, c’est compliqué de parler sans avoir analysé le match. Ce n’était pas loin, on n’a pas démérité mais les Danois ont très bien joué

Melvyn Richardson, arrière droit équipe de France

Eric Cintas

 

 L’avenir en bleu

 

Pour autant cette équipe de France a fait un parcours quasi sans faute, huit victoires et une seule défaite, survenue au plus mauvais moment. Guillaume Gille a un vrai potentiel entre ses mains pour les deux prochaines échéances internationales, l’Euro 2024 en Allemagne en janvier prochain et bien sur les JO de Paris.
Sur le groupe France Patrice Annonay n’a aucune crainte, les enseignements à tirer de ce mondial sont bons :
« On trouve des choses positives au niveau de l’attaque et un nouveau meneur de jeu qui pèse avec Nedim Remili, une base arrière qui a commencé à trouver ses marques avec Elohim Prandi, Remili et Dika Mem, même si ce fut un peu tard dans la compétition. Chose positive aussi les pivots, Ludovic Fabregas, Arnaud Tournat et Luka Karabatic, très efficaces et solides et petit clin d’œil à Rémi Desbonnet qui a su se mettre à niveau dans les buts. »

 

Melvyn Richardson fut presque parfait dans l'exercice du jet de 7 mètres

 

En poussant un peu plus l’analyse individuelle sur nos deux joueurs ultramarins, le bilan est aussi au vert pour Patrice Annonay :

« Mathieu Grébille a été utilisé un peu partout sur le terrain, en défense numéro 2 et 3 aux côtés de Luka Karabatic, en ailier un peu moins, mais sur l’ensemble son ratio est positif. Il a pu bénéficier de temps de jeu et son rôle de couteau suisse l’a servi. Palier la blessure d’Hugo Descat et finir vice-champion du monde c’est tout en son honneur.
Melvin a fait preuve d’une belle régularité aux 7 mètres, il a montré une belle progression et une confiance qui font qu’il sera encore un joueur important de l’équipe dans les années à venir. On peut compter sur lui. Sur le dernier penalty je pense qu’il aurait dû garder son rythme avec une première feinte plutôt que de tirer sur Landin directement, mais c’est le métier qui rentre. »

Bien sûr la médaille d’argent est celle du perdant de la finale. Aux côtés des bleus sur le podium les Espagnols, en bronze, affichaient de grands sourires. Cette médaille a–t-elle un goût amer ? C’est le cas pour Mathieu Grébille :

 « Je suis très fier et honoré d’avoir partagé cette aventure avec le groupe. Ce n’était pas prévu en début de saison, mais la vie nous montre qu’on ne sait jamais ce qui se peut se passer et j’ai croqué fond dans l’aventure. Je suis heureux d’avoir pu apporter ce que je pouvais et de partager ces moments avec les gars. C’est pour ça qu’on fait ce métier en rêvant de porter le maillot bleu. Avoir la chance de faire un mondial et une médaille c’est exceptionnel même s’il y a ce goût amer dans la bouche. On peut viser l’or désormais ».

Melvyn lui est moins bavard :

« Le groupe vit bien, il y a une super ambiance entre nous et on va revenir plus forts et motivés car on est des compétiteurs, on a envie de gagner et on a une équipe pour faire de belles choses ».

 

Mathieu Grébille, Melvyn Richardson et les Bleus arborent avec tristesse leur médaille d'argent, après cette finale du Mondial de hand dominée par le Danemark.

 

Gagner l’Euro c’est comme ça qu’on prépare de la meilleure des manières une grosse compétition comme les JO, je ne pense pas qu’il y aura de calculs à faire. Ces joueurs sont mûrs et pourront encore servir l’équipe de France pendant des années. Je pense que le socle est solide et bien formé.

Patrice Annonay, consultant handball la 1ère

Eric Cintas

 

Revenir au quotidien et vite

 

Mais à peine le temps de souffler, les deux joueurs vont devoir repartir en compétition. C’est souvent comme ça au handball, les joueurs n’ont pas de vacances contrairement aux footballeurs en rentrant d’un mondial

« On remet ça en coupe de France avec le PSG dès ce week-end end à Chartres et on va avoir très peu de temps de repos avec une deuxième partie de saison très chargée en riche en émotions. Il y a plein de matchs à gagner, une Ligue des Champions ce serait une très belle chose pour moi » avance avec gourmandise le Martiniquais.

Que dire pour Melvyn, toujours sous pression à Barcelone et qui lui rêve d’une troisième titre en Ligue des Champions

« On reprend très rapidement, l’objectif c’est de rafler tous les titres. Il va falloir se préparer et remplir les objectifs du club car c’est le FC Barcelone, on se doit de faire cela est exigeant, amis j’aimerai tout gagner
Je fonctionne match après match, les Jo c’est loin, l’Euro aussi, je vais d’abord me concentrer sur mon club
 »

Les chemins de Mathieu Grébille et de Melvyn Richardson se croiseront sans doute sur cette quête Européenne en club. En poule B de la Ligue des Champions Barcelone est invaincu et recevra les Norvégiens d’Elverum le 9 février, le Psg dans la poule A est deuxième, et ira à Zagreb en Croatie le 8 février.