Pendant la Première Guerre mondiale, il était l'un des plus éminents chirurgiens au monde. Inventeur de gestes que l'on pratique encore en chirurgie plastique, Hippolyte Morestin est pourtant inconnu du grand public, et encore plus en Martinique où il est né.
Outre-mer la 1ère avec AFP •
Hippolyte Morestin a été le premier à réparer les visages brisés, voire déchiquetés, de milliers de soldats victimes d'obus sur le front de 14-18. Pendant les quatre années de la guerre, il soigne des plaies jamais vues jusqu'alors, à l'hôpital militaire du Val de Grâce ou à l'hôpital de la fondation Rothschild à Paris. Le médecin invente alors des techniques encore utilisées aujourd'hui.
Un modèle pour les étudiants en médecine
"A l'école de médecine, on parle aux étudiants des opérations de Morestin. Des opérations de tumeurs par le plancher buccal par exemple. Il a même inventé un appareil qui permet d'aspirer le sang et la salive", explique Xavier Chevallier, conservateur en chef des bibliothèques de la Collectivité Territoriale de Martinique; il a mené de nombreuses recherches sur le médecin.
Selon lui, Hippolyte Morestin était souvent le dernier espoir des cas désespérés et opérait avec un soin inédit pour l'époque, des lupus, des kystes, des appendicites ainsi que des malformations congénitales comme les becs de lièvre ou les oreilles décollées.
Avec ses patients, il sait se montrer compréhensif. "Quels que soient l'âge, la bourse et la provenance de la personne malade, Hippolyte était vraiment dévoué à soigner ceux qui souffraient. Il a oeuvré à réparer, soigner et guérir et surtout a ramené une dimension sociale dans son soin", précise son arrière petite nièce, Gwenola Balmelle.
Dans sa famille, on garde encore des photos de lui et des anecdotes de ses rares retours en Martinique :
Quand il rentrait, il opérait gratuitement tous ceux qui en avaient besoin. Il a par exemple opéré en urgence une femme qui souffrait d'une péritonite aigüe, sur la table de la cuisine, et il l'a sauvée.
Gwenola Balmelle, son arrière petite nièce.
Mais une figure oubliée sur l'île
Aujourd'hui, en Martinique, Hippolyte Morestin s'est effacé des mémoires. "A Paris, il y a des services de chirurgie, une galerie muséale à son nom. Au Lamentin (en Martinique), un bâtiment de l'ancien hôpital portait son nom mais personne ne sait où est passée la plaque. A part trois rues à son nom, il est inconnu", s'étonne André Edouard, président de la Société Martiniquaise d'Histoire de la Médecine.
L'association milite pour que son nom soit donné à un bloc opératoire du CHU de Martinique. "Sa collection d'écrits était en vente dans une librairie de Californie. Nous avons entrepris des démarches pour que la collectivité de Martinique les achète, ça n'a pas marché. La faculté de l'Université de Californie s'est dépêchée d'acheter parce qu'ils avaient bien compris la valeur de ces documents", regrette-t-il.
Hippolyte Morestin est mort seul et sans descendance en février 1919, à Paris, emporté par une pneumonie.