Histoire : quand le nickel calédonien alimentait les forges allemandes de la Ruhr

Théodore Fleitmann premier partenaire industriel de la Nouvelle-Calédonie en 1880
La Ruhr est la houillère de l’Allemagne, une terre d’industries chimiques et métallurgiques. Sur place, l’usine Deutsche Nickel produit du métal. Elle trouve son origine dans la transformation du nickel qui fut importé de Nouvelle-Calédonie à la fin du XIXème siècle.
En 1880, Théodore Fleitmann est un notable de la ville d’Iserlohn, dans la Ruhr, à l’est du grand bassin industriel de l’Allemagne, une région que ce métallurgiste et chimiste connait bien pour avoir, cinq ans auparavant, fait construire deux usines de transformation du nickel. Un projet ambitieux, qu’il développera jusqu’en 1914 avec de grandes quantités de minerai importé de Nouvelle-Calédonie.

Dans ce territoire allemand de contrastes, mélange de campagne et de ville, de nature et d’espaces industriels, où s’accumulent les usines et les lignes de chemin de fer, ce sont les potentialités du nickel calédonien qui intéressent tout spécialement Théodore Fleitmann. La Ruhr, cet espace hésitant entre l’urbain et le rural met en évidence le processus d’une première mondialisation des échanges entre la Nouvelle-Calédonie et l’Allemagne.

Théodore Fleitmann, pionnier allemand du nickel calédonien, fut le premier à établir un lien entre deux terres industrielles situées aux antipodes l'une de l'autre. Une histoire qui a intéressé la presse d’Outre-Rhin car la Nouvelle-Calédonie est si loin de la Ruhr que ce récit apporte un peu de chaleur et d’exotisme aux rigueurs de l’hiver allemand. Comme le remarque justement l’historien Yann Bencivengo « Théodore Fleitmann a eu un rôle essentiel, il a permis à la Nouvelle-Calédonie dès 1880 d’exporter ses minerais massivement en Allemagne. Et dans la Ruhr, le nickel calédonien va favoriser le développement de deux villes usines et de deux villes voisines, Iserlohn et Schwerte ».

La profondeur du lien établi montre aussi comment l’industrie minière calédonienne a contribué à modeler deux sites industriels allemands, en termes historiques et sociaux : « Notre entreprise s’inscrit dans une longue histoire celle de Théodore Fleitmann et du nickel importé à l’origine de la Nouvelle-Calédonie. Le temps a passé mais sans le minerai calédonien, notre usine n’aurait pas vu le jour. La production de nickel est fondée, encore aujourd’hui, sur la qualité du métal que nous livrons à nos clients » conclut Reza Khani, directeur des ventes et du développement chez Deutsche Nickel.