Hommage à Maryse Condé : les admirateurs regrettent une "conteuse de talent", un "phare de la littérature"

Militants, personnalités du monde de la culture, anonymes… Les hommages à Maryse Condé affluent depuis l’annonce de la mort de l’écrivaine, décédée à 90 ans.

Maryse Condé s'est éteinte dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 avril 2024. Elle laisse un héritage littéraire immense. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient.

Plusieurs politiques se sont exprimés pour saluer sa mémoire. Le président de la République, Emmanuel Macron, évoque une "géante des lettres" qui "a su peindre les chagrins et les espoirs, de la Guadeloupe à l’Afrique, de la Caraïbe à la Provence dans une langue de lutte et de splendeur, unique, universelle".

 La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, évoque sur X une "femme libre", "figure majeure de la littérature francophone". L'ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, se dit "triste d’apprendre la disparition de Maryse Condé, grande voix de la littérature et du théâtre, voix universelle qui a refusé toutes les étiquettes, toutes les assignations". 

À jamais là, dans ses livres

Christiane Taubira, qui était proche de Maryse Condé, s’est fendu d’un long texte, publié sur ses réseaux sociaux. Dans cette lettre, l’ancienne Garde des Sceaux évoque sa relation avec l’écrivaine, "sa vie et son œuvre (...) tellement éblouissantes et riches", mais aussi sa volonté de ne pas commenter la mort de son amie. "Tous ces livres... c’est à jamais qu’elle est là et partout, sa voix, son esprit, son ironie. Son exigence. Puisez. Trouvez", conclut-elle. 

"La littérature d'expression française perd un phare", estime le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Selon la Nouvelle-Académie, qui lui avait décerné le prix Nobel alternatif de littérature en 2018, Maryse Condé savait décrire "dans un langage précis (…) les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme". Karfa Diallo, fondateur de l’association Mémoires et partages, qui travaille sur la mémoire de la traite et de la colonisation, ne dit pas autre chose. L’essayiste s’est dit "attristé" sur X. Il salue la "littérature" et "les engagements" de l’écrivaine, qui "ont pris en charge les héritages de l'Afrique, du colonialisme et de l'esclavage".  

"Figure du combat éternel pour la mémoire de l’esclavage et contre le néo-colonialisme, l’action de Maryse Condé ne restera pas sans héritage", a quant à elle écrit sur X la députée réunionnaise Karine Lebon.

L’Eurodéputé Renaissance originaire de Martinique, Max Orville, a salué la mémoire d’une "conteuse de talent", une "écrivaine à la prose tranchante et heureuse, quand bien même ses romans traitaient de tous les aspects de la société, y compris les sombres".

Maryse Condé nous a quitté, elle nous laisse tous ses livres en héritage.

Max Orville, eurodéputé Renaissance, sur X.

Au revoir à une légende

"Notre grande dame Maryse Condé vient de nous faire ses adieux… Mes sincères condoléances à sa famille en cette douloureuse épreuve", a réagi la réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy.

"Une grande Guadeloupéenne, une mère, une combattante". C’est par ces mots que les lecteurs de l'écrivaine lui rendent hommage sur les réseaux sociaux. Ils saluent son style novateur. Aboubacar Demba Cissokho, admirateur sénégalais de Maryse Condé, parle sur X de "son souci de trouver et de placer le mot juste [qui] lui a fait tisser des récits dont la puissance saisit le lecteur le plus exigeant".

C’est un génie de la littérature que l’on perd !

une lectrice sur X

D’autres prennent quelques minutes pour la remercier, comme un internaute marqué par la lecture de Hugo le terrible, qui lui a permis "d’exorciser ses peurs" après le passage de l’ouragan Hugo en Guadeloupe en 1989.

L'œuvre de Maryse Condé est particulièrement reconnue dans le monde anglo-saxon. L'écrivaine a été professeure de littérature aux États-Unis au cours de sa carrière. L’autrice américano-soudanaise Fatin Abbas honore "une géante de la littérature mondiale et caribéenne".