Hommage aux anciens combattants des Outre-mer : "c’est notre histoire commune, de Pointe-à-Pitre à Strasbourg, de Marseille à Bondy"

Défilé, dépôt de gerbes, ravavige de la flamme, discours... La cérémonie a duré plus d'1h30.
Des centaines de personnes ont rendu hommage, samedi, aux soldats des Outre-mer et d'Afrique morts pour la France lors d'une cérémonie sous l'Arc de triomphe, en présence de trois anciens tirailleurs sénégalais et d'Ultramarins venus honorer leurs "anciens"
Le cortège s'est élancé à 18h20 sur les Champs Elysées, autorisé exceptionnellement à défiler sur quelques dizaines de mètres jusqu'à l'Arc de triomphe. Des centaines de personnes ont répondu à l'appel d'Aïssata Seck à rendre hommage ce samedi 25 juilllet aux combattants des Outre-mer et d'Afrique. Derrière les porte-drapeaux, une ribambelle d'enfants une fleur à la main et trois anciens tirailleurs sénégalais ont défilé, masqués, sur la plus belle avenue du monde. 
Le cortège se met en ordre de marche sur un trottoir des Champs Elysées.

"J’aimerais saluer une histoire qui réunit la France, l’Afrique, l’Amérique, l’océan Indien et l’océan Pacifique", explique Aïssata Seck, conseillère municipale à Bondy. "Une histoire qui est restée longtemps enfouie dans la mémoire de la France. C’est une histoire aujourd’hui qui reste encore trop peu connue et c’est le sens de la cérémonie que j’ai voulu donner aujourd’hui dans ce lieu sacré de la mémoire combattante", poursuit la petite-fille de tirailleur sénégalais sous l'Arc de triomphe où les participants se sont massés. 
Aïssata Seck a pris la parole sous l'Arc de triomphe lors de l'hommage aux anciens combattants d'Afrique et des Outre-mer.
 

L'hommage de la ministre de la diversité

Elisabeth Moreno, ministre déléguée en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances a participé à la cérémonie. Après le dépôt de gerbes et le ravivage de la flamme, elle a salué l'ensemble des participants, croisant ainsi le Guadeloupéen Claudy Siar ou encore le Marquisien Théo Sulpice. 
Claudy Siar (photo de gauche) et Théo Sulpice (photo de droite) ont échangé quelques instants avec Elisabeth Moreno.
 

Rassembler et honorer

Pour ce dernier, il était "nécessaire" d'être présent aujourd'hui : "Nous, vivant aujourd’hui, en France, dans cette vie paisible et calme – même si c’est un petit peu houleux du côté ethnique – mais on a quand même de la chance d’avoir une vie calme ici en France. Et je pense qu’il est de notre devoir de soutenir tous ces anciens, qui sont là, encore vivants. Je pense qu’il ne faut pas attendre qu’ils partent pour les soutenir, il faut les soutenir dès maintenant."

Au-delà de l'hommage, il y a l'envie de rassembler les descendants de combattants "d'Afrique, des Antilles, de l'océan Indien et du Pacifique" et de leur donner une place d'honneur au sein de l'Histoire et de la société. "Organiser une cérémonie (…) permet à tous les Français qui ont ce récit en partage de ne pas se sentir oubliés, analyse Aïssata Seck. Ce sont des événements qu’il faut pouvoir organiser dans toutes les villes de France car c’est notre histoire commune, de Pointe-à-Pitre à Strasbourg, de Marseille à Bondy."

Pour le Polynésien Théo Sulpice, ce type d'événements encourage également la tolérance pour mettre fin aux débats "houleux" : "il est important que chacun accepte l’autre. L’acceptation, c’est aussi une forme de respect de l’un et de l’autre." Ecoutez Théo Sulpice (Tahiti aux Marquises)
 

Une histoire encore méconnue

De la Martinique à La Réunion, en passant par la Polynésie ou la Nouvelle-Calédonie, plusieurs milliers d'hommes se sont engagés pour participer à la guerre de 14-18. Aux Antilles par exemple, près de 20 000 hommes se sont engagés pour aller combattre dans le froid des tranchées de l'est de l’Hexagone. Le 11 novembre 1918, Georges Clémenceau signait l'armistice à Rethondes. La guerre de 14-18 a coûté la vie à 1 million 390 000 militaires français. Au total, 1 000 Guadeloupéens, 1 800 Martiniquais, 300 Guyanais, environ 300 Calédoniens et Polynésiens ont péri, 64 Saint-Pierrais et Miquelonnais sont enterrés dans l’Hexagone. La Réunion a perdu 750 de ses enfants dont l'aviateur Roland Garros.
Deux décennies plus tard, en juin 1940, le maréchal Pétain signe l’armistice avec l’Allemagne, c’est le début de l’occupation. A 6000 km de l’Hexagone, les Antilles et la Guyane sont placées sous l’autorité de l’amiral Robert, représentant du gouvernement de Vichy. Des hommes choisissent de prendre le large : ce sont les dissidents. Entre 1940 et 1943, ils sont plus de 2500 à quitter la Guadeloupe et la Martinique pour rejoindre les troupes françaises libres du général de Gaulle. Dans le Pacifique, le ralliement à la France Libre se fait sans heurt. 600 Calédoniens et Polynésiens s’engagent et forment le bataillon du Pacifique.