Ignace, la victoire de la nouvelle génération

Lucie Ignace entourée de Laura Flessel, Laura Goerges, Wendy Renard, Marc-André Cratère, Christian Karembeu, Mathieu Cossou et Elodie Thomis
La victoire de Lucie Ignace offre un coup de projecteur sur une nouvelle tête du sport de combat français, sur le savoir-faire réunionnais et sur une discipline dans l’ombre, le karaté, qui n’est pas présente aux JO. Réactions.
Pour mesurer la surprise suscitée par la victoire de Lucie Ignace, les paroles d’Anne-Caroline Graffe valent bien plus que de long discours. "On m’a dit Lucie a gagné, je croyais que c’était Lucie Décosse... Ah c’est Lucie Ignace, c’est vachement bien". Face aux monstres couverts d’or à Londres, la jeune Réunionnaise l’a joué fine. Le timing déjà. Quand Riner, Décosse ou les handballeurs, brillaient au coeur de l’été, Lucie elle se préparait pour éclater sur le devant de la scène un vendredi de novembre dans la grisaille parisienne. Une victoire à Bercy, très médiatisée dans son île, suivie d’une promo tout azimut sur les réseaux sociaux au moment des votes. Avec ce titre honorifique de sportive ultramarine de l’année, elle a déjoué les pronostics. "Je suis agréablement surprise, a confirmé Anne-Caroline Graffe, je m’attendais que nos grands-frères, nos idoles comme Riner ou Décosse l’emportent. Mais là, une Réunionnaise, championne du monde à 19 ans, c’est vraiment bien, en plus dans un sport de combat".

Un sport de l’ombre pas à Londres
En cette année olympique, tous les honneurs semblaient dévolus pour les athlètes qui avaient récolté l’or. Laura Georges, championne d’Europe et du monde des clubs avec Lyon, quatrième aux JO n’y croyaient pas trop avant le résultat final. "On ne pensait pas forcément à la victoire, puisqu’on était en compétition avec des champions olympiques", a assuré la Guadeloupéenne. Pas présent à Londres, le karaté a du attendre novembre et les Mondiaux à Bercy pour avoir droit de citer. La victoire d’Ignace prolonge un peu plus cette mise en lumière. "C’est un message, on est des petits sports, ça prouvent que les gens les suivent", a ajouté Anne-Caroline Graffe, médaillée d’argent à Londres au taekwondo.

Nouvelle tête
En votant pour Lucie Ignace, les internautes ont récompensé la "nouvelle génération" chère à Christian Karembeu, l’autre parrain de l’évènement. "Cela récompense les sacrifices qu’il lui a fallu pour atteindre le haut-niveau", a déclaré l’ancien champion du monde 98. "Mettre en avant une championne qui débute à 20 ans, c’est travailler pour la nouvelle génération. Il faut lui donner l’envie de prendre le relais. C’est un joli clin d’oeil surtout que le karaté est un peu le parent pauvre des sports de combat. Il faut s’approprier ces nouveaux noms pour qu’il nous fasse rêver", a expliqué de son côté Laura Flessel. "Nous sommes leurs tuteurs, leurs remettre un prix, c’est assurer une transmission".

La Réunion, bonne école
Habitué à voir ses meilleurs éléments s’envoler jeunes vers l’hexagone, le cas de Lucie Ignace met en avant la qualité de la formation ultramarine notamment à La Réunion. Une pratique saluée par Christian Karembeu, lui, le Calédonien élevé au football au FC Païta et formé au professionnalisme au FC Nantes. "La Réunion est le seul territoire d’outre-mer à avoir développé une structure chez lui. On le voit dans le football, ils ont des académies. Il faut un savoir-faire local. Cet exemple est de bon augure pour les autres collectivités ultramarines". 
Depuis sa Réunion natale, Lucie Ignace va continuer à progresser avec en ligne de mire les championnats d’Europe en Hongrie en mai prochain. Elle gardera à l’oreille cette mise en garde de Laura Georges : "quand on gagne très tôt et très jeune, c’est pas forcément évident de garder sa motivation. Il faut qu’elle garde l’envie de progresser pour conquérir des titres". Et peut-être que la surprise du jour n’en sera plus une…