[Témoignage] Île Maurice: j'ai testé les règles imposées par le gouvernement pour faire ses courses

Le ravitaillement réglementé à l'île Maurice - Grand Baie
L’île Maurice est confinée depuis bientôt un mois. La vie s’organise autour du coronavirus. Les commerces d'alimentation ont rouvert jeudi dernier après une semaine de fermeture. Pour éviter la cohue, le gouvernement impose des règles strictes aux commerçants. 
 
Il est un peu plus de 13H00 lorsque j’arrive sur le parking quasiment désert d’un centre commercial au cœur de Grand Baie dans le nord de l’île Maurice. Je suis un peu surpris de voir si peu de voiture. Seuls deux accès du supermarché sont ouverts, un pour entrer, l’autre pour sortir.
Des gens attendent leur tour à l'extérieur. Le vigile masqué m’indique que la queue démarre à l’autre bout.
 « Merci »lui dis-je.
Je remonte la file indienne sur au moins 600 mètres. Je ne croise que des gens masqués et gantés comme moi. Seule une poignée n’ont pas ces protections. Personne ne se colle, crie ou rouspète. Il y a bien plus qu' 1mètre 50 entre chaque client.
Il faut savoir se montrer patient.

Il est vrai que la police veille. Des policiers eux aussi masqués s’assurent du respect des règles.
La police est omniprésente.

Une heure vient de s'écouler...un soulagement me voilà à l’entrée de la grande surface. Le même vigile masqué me dit que je peux prendre mon chariot. Un agent du supermarché désinfecte avec un vaporisateur la poignée du caddie et mes mains pourtant gantées.

Encore 10 mètres, une autre vigile me prend la température. Gros coup de chaud !
« Ceux qui ont 38 ou plus sont refoulés » me dit la dame. Elle me demande ma pièce d’identité, regarde mon nom de famille et me laisse passer.
La prise de température, personne n'y échappe

Hé oui, le gouvernement a décidé d’organiser le ravitaillement. L’accès aux supermarchés et boutiques se fait par ordre alphabétique des noms de famille : A – F : lundi et jeudi, G – N : mardi et vendredi, O– Z : mercredi et samedi.

 
Enfin j’accède dans le hall de la grande surface. D’habitude animée, elle est presque dans l’obscurité.Toutes les boutiques de vêtements ou coiffeurs sont closes. Juste une petite musique de fond que pas grand monde n’entend. Chacun est plongé dans son portable. Personne ne se regarde, ne se parle. L’ambiance est particulière, genre film de fiction aux pays des survivants.

Dans ce hall c’est un slalom en chariot avant d’entrer dans le supermarché lui même. Trente minutes d’attente, la lumière et les provisions sont là juste après cette petite porte gardée par un vigile. Il me fait de passer sous l’œil d’un policièr prêt à intervenir en cas de problème.
Un à un,nous accédons dans le supermarché.

À l’intérieur c’est loin d’être l’anarchie. Pas possible d’aller où on veut dans les rayons. Des flèches au sol et des rubalises nous indiquent le parcours à suivre à travers le magasin. Me voilà « pilote » de chariot. La course, les courses sont lancées. Je passe des produits ménagers et hygiéniques aux produits secs et je termine aux rayons frais. Il ne manque de rien.

Impossible de couper dans les virages ou de prendre des raccourcis. Tous les 10 mètres un personnel est là pour me remettre dans le droit chemin et me rappeler les distances à conserver. L’ordre et la discipline sont respectés.

Côté prix, je regarde d'un oeil, déjà bien content de pouvoir me ravitailler. La température est montée pour les légumes parfois jusqu’à + 20%. Mais dans l’ensemble pas de flambée excessive des prix, mais aucune promotion. Mon chariot est plein à ras bord, j’ai peur de manquer.

Une dame du supermarché temporise et m’indique une caissière disponible. À la caisse ma carte bleue voit rouge. Les chariots autour de moi sont pleins des balles de riz, de farine, d’huile, de lait, de papier toilette et autres produits ménagers. Pour la viande et les légumes chacun à ses tuyaux dans les villages.

Je sors de la grande surface par une petite porte elle aussi gardée. Quelques chauffeurs de taxis tentent d’accaparer les clients en cette période difficile.

Il est plus de 15H00. Pour les policiers en faction l’heure de la relève a sonné. Un petit groupe discute, l’un d’entre eux tousse derrière son masque... Poliment et discrètement les autres font un pas en arrière et lui disent :
« Hey, vérifié sa toussé la ene cou » ( fais vérifier cette toux !)