Le président sénégalais Macky Sall a inauguré jeudi à Dakar le Musée des Civilisations noires (MCN), un projet vieux d'une cinquantaine d'années destiné à célébrer les réalisations de l'homme noir des débuts de l'humanité à l'époque contemporaine.
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Le chef de l'Etat a coupé un ruban symbolique et dévoilé une plaque devant l'entrée de ce bâtiment monumental à l'architecture inspirée notamment de la case ronde de Casamance (sud du Sénégal), sept ans après le début des travaux sous son prédécesseur Abdoulaye Wade.
A l'image du MCN, la réhabilitation ou la construction de musées modernes à travers l'Afrique bat en brèche l'argument du manque d'infrastructures adaptées, souvent opposé aux demandes de restitution, que des pays comme la France affirment vouloir faciliter.
Cette inauguration intervient alors qu'un rapport remis le 23 novembre au président français Emmanuel Macron, rédigé par deux universitaires, la Française Bénédicte Savoy et le Sénégalais Felwine Sarr, préconise de faciliter les restitutions d'oeuvres aux anciennes colonies.
Financé par la Chine
Macky Sall, qui briguera un second mandat lors de la présidentielle prévue en février, a effectué une courte visite du musée en compagnie du président comorien, Azali Assoumani, seul chef d'Etat étranger ayant fait le déplacement à Dakar, et du ministre chinois de la Culture, dont le pays a financé la construction et l'aménagement à hauteur de plus de 30 millions d'euros. L'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault est également sur place. Il est actuellement président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.A Dakar aujourd’hui, pour l’inauguration du Musée des civilisations noires.
— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 6 décembre 2018
De Luther King à Sankara
Plusieurs centaines d'invités ont ensuite assisté, dans l'enceinte du Grand Théâtre national voisin, à un spectacle de chants, de danses, de rap et de slam, mêlant tradition et modernité, hommages aux ancêtres, aux grandes figures des civilisations noires, de Martin Luther King à Thomas Sankara, ou encore aux "tirailleurs sénégalais".A l'image du MCN, la réhabilitation ou la construction de musées modernes à travers l'Afrique bat en brèche l'argument du manque d'infrastructures adaptées, souvent opposé aux demandes de restitution, que des pays comme la France affirment vouloir faciliter.
"Ne pas rester dans la contemplation"
D'une surface de 14.000 m2, le nouveau musée (visite guidée par ici avec France Inter) peut accueillir 18.000 pièces, allant de vestiges des premiers hominidés, apparus en Afrique il y a plusieurs millions d'années, aux créations artistiques actuelles, selon son directeur, Hamady Bocoum. Le MCN veut mettre en exergue "la contribution de l'Afrique au patrimoine culturel et scientifique", avait-il souligné à la veille de l'inauguration. Son objectif est "surtout de se projeter" vers l'avenir. "Nous n'allons pas rester dans la contemplation", a-t-il promis.Initié par Senghor
Le nouvel établissement, situé dans le centre de la capitale, "revendique le statut de musée moderne" où "l'on peut maîtriser le température et l'humidité dans chacune des salles", avait également souligné M. Bocoum. L'idée d'un musée des civilisations noires avait été lancée par le poète Senghor, premier président sénégalais (1960-1980), lors du premier Festival mondial des arts nègres en 1966 à Dakar.Cette inauguration intervient alors qu'un rapport remis le 23 novembre au président français Emmanuel Macron, rédigé par deux universitaires, la Française Bénédicte Savoy et le Sénégalais Felwine Sarr, préconise de faciliter les restitutions d'oeuvres aux anciennes colonies.