Jakarta joue cavalier seul
L'Indonésie a introduit de nouvelles règles autorisant, sous conditions, la reprise de ses exportations de minerai de nickel. « Le nickel a tenu bon et a évité un plongeon, pour le moment, car rien n’est encore formellement décidé, mais une rechute vers 9 000 USD n’est pas impossible ». À la City de Londres, la note quotidienne de Marex Spectron - l’un des principaux négociants de nickel – traduit l'inquiétude des investisseurs après une annonce qui a surpris les négociants londoniens.Le gouvernement de la plus importante économie de l’Asie du Sud-Est est confronté à un important déficit budgétaire. « Le pays est entre le marteau et l’enclume. Il est dans une situation financière désastreuse et n’a pas d’autres choix que de permettre la reprise progressive des exportations de nickel et de Bauxite » croit savoir l’agence Reuters.
Développements politiques
Les exportations reprendraient pour une durée de 5 ans et seraient limitées aux volumes autorisés par le gouvernement. L’Indonésie pourrait exporter jusqu’à 15 millions de tonnes de minerai de nickel en 2017. Le changement de politique et la fin de l’embargo ont été effectués après un intense lobbying de la société nationale indonésienne du nickel – Antam - dont les revenus ont été durement touchés après l’instauration de l’embargo en 2014.A la City de Londres, la banque australienne Macquarie précise : « Il faut s’attendre à des rebondissements, si les intentions du gouvernement indonésien sont suivies d’effets, elles entraveront le prix du nickel. L’Indonésie pourrait exporter jusqu’à 70 000 tonnes de nickel contenu dans les prochaines années ».
Les nouvelles règles minières de l’Indonésie devraient permettre la reprise des exportations, mais « une fois que les usines du pays auront absorbé au moins 30 pour-cent de la production de minerai du pays » précise le Jakarta Post ». Une situation suffisamment floue pour relancer la spéculation et les incertitudes sur les cours du nickel.
Une part d'ombre
Le gouvernement de Jakarta, pris à la gorge par une situation budgétaire tendue, a néanmoins réussi à stimuler l'appétit des métallurgistes chinois. 6 milliards de dollars devraient être investis, en Indonésie, dans des usines de transformation du nickel. « C’est tout de même étrange, relève la banque australienne Macquarie, ils changent de tactique alors que leur stratégie fonctionne »...Pression sur les prix
La reprise des exportations indonésiennes de minerai n’est pas encore actée, mais elle est plus que probable. Selon les experts londoniens, elle pèsera sur les prix du nickel et accentuera la concurrence entre les producteurs régionaux. Le 27 décembre dernier, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a autorisé trois compagnies minières à exporter au total jusqu'à deux millions de tonnes annuelles de minerai de nickel vers la Chine. La réponse indonésienne n'a donc pas tardée...
Les trois société métallurgiques présentes en Nouvelle-Calédonie concluent la semaine sur une note positive. Vendredi 17H30 à Paris, la cotation boursière du groupe Eramet (SLN) progresse de 1,70 %, celle de Glencore (KNS) de 1,54 %, Vale (VNC) gagne 2,22 %.