Insécurité dans le parc amazonien de Guyane: Antoine Karam alerte Manuel Valls

Site clandestin d'exploitation aurifère, le long du fleuve Maroni
Le sénateur guyanais, Antoine Karam (PS) a alerté mercredi dans un courrier le Premier ministre Manuel Valls sur l'insécurité qui règne dans le parc amazonien de Guyane, réclamant une protection des habitants.
"Les échanges de tirs et les assassinats ces dernières années viennent cruellement rappeler que dans ce parc pourtant protégé, l'insécurité est réelle et le climat tendu". "Nos concitoyens doivent y être protégés", réclame le sénateur guyanais dans un courrier du 20 avril.
 

Les orpailleurs clandestins saccagent et pillent les ressources

Ce courrier a été envoyé suite à des échanges de tirs présumés, le 20 février dernier, entre des habitants de Camopi, commune de 600 habitants accessible en pirogue et située dans l'Est du Parc amazonien de Guyane (PAG), frontalière avec le Brésil, et des orpailleurs brésiliens illégaux qui régulièrement s'introduisent dans les zones habitées du parc.
"Les orpailleurs clandestins s'organisent, saccagent et pillent les ressources au vu et au su des habitants mais également des autorités qui luttent tant bien que mal contre ce véritable fléau social, sanitaire et environnemental", écrit le sénateur.
 

L'opération Harpie jugée insuffisante

S'il reconnaît que "les résultats de l'opération Harpie sont incontestables", il juge "désormais illusoire de prétendre que celle-ci suffit aujourd'hui à contenir l'afflux massif d'orpailleurs illégaux sur le sol guyanais".
L'opération Harpie, à laquelle participent gendarmes, militaires, l'office national des forêts et le PAG, a été créée en 2008 pour "mettre un coup d'arrêt à l'orpaillage illégal en Guyane" et "lutter contre l'immigration irrégulière".
 

Traçabilité de l'or

Le sénateur réclame notamment "le développement de la traçabilité de l'or", projet porté par WWF Guyane. Cette méthode permettrait de déterminer si l'origine de l'or travaillé par les bijoutiers est légale ou illégale.
Il demande également "le renforcement des officiers de police judiciaire ou l'élargissement de leurs compétences à d'autres personnels (comme les gendarmes) afin d'effectuer davantage de saisies et de destructions de matériels" et insiste sur la "nécessité d'une meilleure coopération judiciaire" avec le Brésil et le Suriname voisin.
 
 
En mars dernier, deux mandats d'arrêt ont été délivrés par la justice brésilienne à l'encontre d'un chef coutumier amérindien et d'un agent du Parc amazonien de Guyane, soupçonnés d'avoir participé aux échanges de tirs du 20 février. Ces mandats d'arrêt internationaux suscitent un vif émoi en Guyane, et "un sentiment d'injustice" de la population "au regard des exactions dont ils sont les victimes quotidiennes", souligne le sénateur.