Cambriolages, homicides, arnaques sur internet, trafics de drogue, violences sexuelles... Chaque année, le service statistique du ministère de l'Intérieur publie un état des lieux de l'insécurité et de la délinquance en France.
Évolution dans le temps et comparaison avec la moyenne nationale, on vous explique ce qu'il faut retenir du bilan 2022 concernant les Outre-mer.
Un taux d'homicides par habitant jusqu'à 14 fois plus élevé que dans l'Hexagone
"Le taux d’homicides par habitant est plus élevé dans les régions ultramarines qu’en métropole", pointe le rapport du ministère de l'Intérieur. Sur la période 2020-2022, ce taux atteint en France une moyenne d'un homicide pour 100.000 habitants. Les chiffres sont bien plus élevés à Mayotte (5 homicides pour 100.000 habitants), en Martinique et en Guadeloupe (respectivement 6 et 7 homicides pour 100.000 habitants). L'écart est particulièrement important en ce qui concerne la Guyane : le taux grimpe à 14 pour 100.000 habitants, soit 14 fois plus que la moyenne nationale.
Des cas de coups et blessures plus nombreux, mais qui augmentent moins vite
En 2022, on comptabilisait environ 10 victimes de coups et blessures volontaires pour 1.000 habitants en Guyane, 9 en Guadeloupe, 8 en Martinique et 7 à La Réunion et à Mayotte. Les DROM se placent tous au-dessus de la moyenne nationale qui est de 5,3. Mais si les cas de coups et blessures volontaires ont "progressé sur la quasi-totalité du territoire", l'augmentation "est plus modérée dans les territoires ultramarins".
La hausse est particulièrement marquée pour les victimes de violences intrafamiliales. Le rapport du ministère de l'Intérieur y voit "un effet positif du Grenelle des violences conjugales", lancé en 2019, qui a "conduit à améliorer la politique d'accueil des victimes par les services de sécurité" et les a "incités à davantage déposer plainte".
Car les chiffres du ministère ne sont pas forcément représentatifs de la réalité : "toutes les victimes de coups et blessures volontaires ne portent pas plainte", précise le rapport. C'est d'autant plus vrai dans le cas des violences sexuelles, où l'on estime à environ un sur dix la proportion de victimes à pousser la porte d'un commissariat ou d'une gendarmerie.
Violences sexuelles : des chiffres proches de la moyenne
En ce qui concerne les violences sexuelles, les DROM se placent encore en haut du classement, même si les chiffres Outre-mer sont très proches de la moyenne nationale, qui s'établissait en 2022 à 1,3 victime de violences sexuelles pour 1.000 habitants. Le ministère a enregistré 2 victimes pour 1.000 habitants en Guyane, 1,6 victime à La Réunion, 1,5 en Martinique et à Mayotte, et 1,4 en Guadeloupe.
Entre 2021 et 2022, les chiffres des violences sexuelles Outre-mer ont très peu varié, sauf à La Réunion (+13,3%). Cette stabilité tranche avec la tendance au niveau national. +16% en Ile-de-France, +14% dans le Grand Est, +12% en Bretagne... Presque partout, le taux de violences sexuelles augmente significativement, ce qui peut laisser penser à une levée progressive du tabou plutôt qu'à une augmentation des cas.
Record de France des trafics
La Guyane détient le record de France du nombre de mis en cause pour trafic de stupéfiants, avec 3 mis en cause pour 1.000 habitants, contre 2,6 en Seine-Saint-Denis par exemple. En Martinique et en Guadeloupe, on a enregistré environ 1 mis en cause pour 1.000 habitants, contre 0,3 à La Réunion et à Mayotte. Ces chiffres, à peu près stables pour l'ensemble des territoires – sauf pour la Guyane (+57,8% depuis 2021) et La Réunion (-19,6%) – sont à ramener à la moyenne nationale : 0,7.
Des vols avec armes plus courants
Dans le domaine des vols avec armes, les Outre-mer tiennent le haut du classement. En Guyane, malgré une baisse de 14% depuis 2021, on en a recensé 3,08 pour 1.000 habitants en 2022. C'est beaucoup plus que pour la France entière, où la moyenne est de 0,1% pour 1.000 habitants. À noter que ce type de vol a aussi augmenté à Mayotte (+20%) et en Guadeloupe (+32%), mais a diminué de plus de 20% à La Réunion.
En ce qui concerne les vols violents sans armes, les DROM sont dans la moyenne nationale, sauf Mayotte et La Réunion, où l'on comptabilise environ deux infractions de ce type pour 1.000 habitants, contre approximativement une ailleurs sur le territoire.
Des escroqueries moins fréquentes qu'ailleurs
Les escroqueries – arnaques à la carte bancaire ou utilisation de chèques volés par exemple – sont moins courantes dans les Outre-mer que dans l'Hexagone. Elles sont par exemple deux fois moins fréquentes à La Réunion ou en Guyane que dans le reste de la France, où le ministère de l'Intérieur a recensé environ 7 victimes d'escroquerie pour 1.000 habitants en moyenne. Ce type de faits est en baisse en Guadeloupe, en Guyane et à La Réunion, mais a explosé (+108%) à Mayotte depuis 2021.
Les données concernant les territoires du Pacifique seront rendues publiques courant septembre 2023.