Dans un rapport, la Chambre régionale des Comptes souligne que la collectivité de Saint-Martin était déjà dans une très mauvaise passe financière avant le passage du cyclone Irma, en 2017. Explications.
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La collectivité de Saint-Martin était déjà dans une très mauvaise passe financière avant le passage d'Irma, le cyclone surpuissant de 2017, souligne la Chambre régionale des Comptes dans un rapport dont l'AFP a pris connaissance vendredi.
Lors de son arrivée aux affaires, il s'était fixé un "objectif de rattrapage" devant "entreprendre des réformes ambitieuses et courageuses notamment en matière de refonte de la fiscalité et de gestion des ressources humaines". Six mois plus tard, Irma frappait Saint-Martin, la plongeant dans un abysse de difficultés.
Des dysfonctionnements
Le rapport met en lumière l'ensemble des dysfonctionnements de la collectivité territoriale sur la période 2007 à 2016. "Dix ans de nouveau statut n'ont pas permis à la collectivité de se prendre en main", note Yves Colcombet, le président de la Chambre régionale des comptes de Guadeloupe.Le changement de statut
Auparavant commune de Guadeloupe, Saint-Martin est devenue une collectivité d'Outre-mer en 2007. Le rapport pointe que l'attribution de nouvelles compétences dues au changement de statut n'a pas été préparée par la collectivité, ni d'un point de vue ressources humaines, ni de celui de l'organisation des services et encore moins de celui de la fiscalité ou de l'urbanisme, désormais compétences de la collectivité.Des dépenses astronomiques
Les dirigeants, "jusqu'en 2014, ne se sont pas appliqués à eux-mêmes des principes de prudence et d'économie", relève aussi le rapport en évoquant des sommes astronomiques dues à leur train de vie et leur rapport à la réglementation. Recrutements massifs et injustifiés, déplacements extrêmement coûteux, marchés publics faussés, les exemples sont légions et pour certains, relèvent de la justice pénale.Renforcer l'accompagnement de l'Etat
Dans la version provisoire du rapport, réalisée conjointement par la CRC de Guadeloupe et la Cour des Comptes à Paris, 14 pages expliquaient très précisément le rôle de l'État dans cette situation. Mais après le passage d'Irma, la Cour des Comptes a préféré transformer l'étude en un référé de 7 pages, publié en mars dernier, qui a recommandé un renforcement de l'accompagnement de l'Etat pour Saint-Martin, notamment sur le plan fiscal, pour une "reconstruction réussie".Réaction de Daniel Gibbs
"En ayant écarté toutes les dispositions soulignant les insuffisances de l'État auprès de la Com, les juridictions financières ont délibérément privilégié la préservation des intérêts du budget de l'État au détriment de la solidarité nationale d'une collectivité de la République, a fortiori dévastée par un phénomène cyclonique", dénonce Daniel Gibbs, l'actuel président de la collectivité, dans sa réponse au rapport définitif.Lors de son arrivée aux affaires, il s'était fixé un "objectif de rattrapage" devant "entreprendre des réformes ambitieuses et courageuses notamment en matière de refonte de la fiscalité et de gestion des ressources humaines". Six mois plus tard, Irma frappait Saint-Martin, la plongeant dans un abysse de difficultés.