Débarquée dans l'Hexagone après avoir été repérée par l’ancien entraîneur de l’équipe de France féminine de rugby, Itissame Soulaimana, 19 ans, a rejoint l’élite avec l’AC Bobigny 93. Portrait d’une combattante qui n’a rien lâché pour vivre son rêve.
"A Mayotte lorsque je jouais pour l’équipe Dom-Tom, l’entraîneur m’a dit que si je venais en métropole, j’aurais mes chances d’intégrer l’équipe de France" , raconte Itissame. Cet entraîneur, c’est Frédéric Pomarel, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France féminine de rugby à sept entre 2010 et 2017. "Ce n’était pas très difficile, il suffit de faire jouer des joueuses ensemble et quand il y en a une qui va plus vite que les autres et marque deux fois plus d’essais que les autres, déjà, c’est un critère", explique Frédéric Pomarel.
Une combattante
Itissame Soulaimana découvre le rugby au collège. Ses premiers essais, elle les marque sous les couleurs du Desperados Rugby Club de Mamoudzou contre des garçons. Une expérience qui forge en elle une capacité d’agression défensive hors norme. Un atout qui s’ajoute à une autre de ses qualités : la vitesse, essentielle à son poste d'ailier.
A la Fédération Française de Rugby, Steve Nardon, alors conseiller territorial du Rugby à Mayotte repère l’ailière et l’inscrit sur des fichiers nationaux. Itissame participe à des sélections locales. Puis intègre l’équipe Outre-Mer moins de 18 ans, féminine à sept, qui a participé aux championnats de France.
La Mahoraise termine meilleure marqueuse du tournoi et meilleure marqueuse de l’équipe. "Mon rôle a moi a été de faire le lien avec Bobigny, de la conseiller et de lui trouver une place en métropole dans ce club de l’élite", raconte Frédéric Pommarel.
Un pari réussi
Arrivée dans l'Hexagone à la rentrée 2019, Itissame débute des études de DEUST à l’Université Paris 13. Elle effectue ses premiers pas dans son nouveau club de rugby des Louves de Bobigny et intègre le centre de formation de l’équipe de France.
Chez les Bleues, elle termine dans les cents meilleures joueuses de sa catégorie. Puis les trente-cinq meilleures, à seulement cinq places d’intégrer définitivement l’équipe de France.Des résultats qui impressionnent sa famille restée à Mayotte.
"Au départ mes parents étaient contre le fait que je vienne en métropole, je suis la seule fille de ma famille et partir loin ça leur faisait peur. Il a fallu que mes entraîneurs convoquent mes parents pour leur expliquer. Aujourd’hui, en voyant mes résultats en métropole ma famille est fière de moi", confie Itissame.
Avec les Bleues, Itissame participe régulièrement à des stages de sélections. Des journées bien chargées mais la native de Passamainty ne veut rien lâcher. "A ce moment-là, je n’avais qu’un objectif en tête, intégrer l’équipe de France, je me donnais à fond et m’entraînais tous les jours", raconte la Mahoraise. Lors d’un de ses stages justement, Itissame est victime d’une fracture au genou dès la deuxième journée. Un coup d’arrêt pour l’athlète, un mois avant le premier confinement.
La blessure et le confinement…
Ce confinement, Itissame le passe logée dans les appartements prêtés par le club. "J’étais contente au début parce que je me disais que je n’allais pas contaminer ma famille en restant isolée". Mais entre la fermeture du club, les copines rentrées chez leurs familles et sa blessure, Itissame se retrouve vite seule. Le club décide alors de lui financer un billet d’avion pour rentrer à Mayotte, à l’été 2020.
Aujourd’hui remise de son genou, la championne veut se donner deux saisons pleines pour revenir à son meilleur niveau. Son objectif reste inchangé. Percer dans son club et porter un jour, le maillot de l’équipe de France féminine de rugby.