Arrivée en France hexagonale en 2021, en provenance de l’île de Saint-Martin, Lisette Parotte et sa famille ne pensaient pas connaître un tel destin en quelques mois. À la fin de l’année 2020, la ville de Saint-Amand-Montrond, alors propriétaire d’une maison en plein centre-ville, se met en quête de la vendre au prix symbolique d’un euro. Cette vente s'effectue dans le cadre de l’opération de revitalisation de territoire (ORT). Cette dernière vise à une requalification d’ensemble d’un centre-ville dont elle facilite la rénovation du parc de logements, de locaux commerciaux et artisanaux, et plus globalement le tissu urbain, pour créer un cadre de vie attractif propice au développement à long terme du territoire.
Lisette, agent administratif pour le compte d’une entreprise basée à Saint-Martin, télétravaille depuis son domicile au Muret (Haute-Garonne) et tombe alors sur l’offre de la mairie. Au départ, la jeune mère de famille de deux enfants trouve l’offre alléchante, mais pense à une arnaque et décide de mener l’enquête en contactant la mairie de Saint-Amand-Montrond. "J’ai contacté la mairie, qui m’a transféré vers divers services, jusqu’à l’adjoint chargé de l’urbanisme. J’ai fait des recherches en même temps et je me suis aperçu, qu’à chaque fois, tous les noms et postes de mes interlocuteurs étaient vrai, donc là on rentrait dans du concret'.
De nombreux travaux à prévoir
La demeure a été acquise par la mairie en 1960, qui s’en servait comme blanchisserie municipale. Après plusieurs années de service, la laverie décide de déménager et la maison reste à l’abandon pendant de longues années. Entre-temps, la municipalité de Saint-Amand-Montrond veut rénover son patrimoine bâti dans le centre-ville, réduire son nombre de logements vacants et surtout limiter l’extension urbaine. Ainsi, elle décide de s’inspirer de la ville de Roubaix, qui avait mené une opération similaire en vendant à un euro, dix-sept logements à des primo-accédants.
Rapidement, l’offre de la mairie va susciter l’intérêt de nombreuses personnes. Plus de 90 candidatures ont été déposées, aucune ne provenant de personnes résidant dans la ville. Mais face aux nombreuses conditions imposées par la municipalité, seuls deux dossiers iront au bout des démarches. Les obligations de la mairie, pour acquérir ce bien : faire appel à des artisans locaux, être primo-accédant, et habiter au moins six ans quotidiennement dans le logement. Par ailleurs, d’importants travaux de rénovation sont à prévoir dans la maison. Le coût estimé par la mairie, 150 000 euros. Une grande partie sera subventionnée par l'État et la mairie elle-même. "J’ai l’impression d’avoir gagné l’EuroMillions. J’ai droit à plein d’aide, normalement quand mon dossier sera finalisé, je serai à près de 90 000 euros de subventions pour les travaux et la toiture sera refaite par la mairie", déclare Lisette.
"Rendre jaloux" ceux qui ont refusé de s'installer
Une fois l’acte de vente signé chez le notaire le 14 décembre prochain, Lisette Parotte aura 6 mois minimum pour entamer les travaux et 24 mois maximum pour les achever. La Saint-Martinoise, qui vit désormais dans un logement social de la ville de Saint-Amand-Montrond, a déjà plein d'idées pour restaurer et aménager son futur nid douillet. "Je veux avoir une belle maison, bien aménagée et j’espère rendre jaloux tous ceux qui ont refusé de venir habiter ici". Au niveau professionnel, Lisette espère trouver un travail dans la ville pour, dit-elle, "s’intégrer parfaitement dans la société locale" et, pourquoi pas, y ouvrir un restaurant.
Face au succès de l’opération, la mairie de Saint-Amand-Montrond pourrait très prochainement lancer la vente d’une autre maison, toujours à un euro.