"James Webb", le plus puissant télescope spatial est arrivé en Guyane

Le miroir du télescope spatial James Webb qui se déploiera dans l'espace.
Développé par la NASA avec le concours de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de l’Agence spatiale canadienne (ASC), le successeur d’Hubble est arrivé sans encombre au port de Pariacabo. Prochaine étape, le décollage depuis Kourou le 18 décembre prochain.

Il est enfin là ! Devant initialement être lancé dans les années 2000, le programme a connu de nombreux retards. Entre autres causes, une grande complexité technologique. Mais cette fois, c’est la bonne. Après un énième report du lancement - il devait décoller le 31 octobre prochain-  le navire MN Colibri qui transportait le télescope est arrivé à bon port, à Kourou, le 12 octobre.

Parti de Californie, il a fallu protéger James Webb dans un "conteneur spécial de 30 m de long, pesant plus de 70 tonnes avec tous les équipements auxiliaires" détaille l’ESA. À présent, les deux prochains mois seront dédiés aux préparatifs du lancement, prévu le 18 décembre.

 

James Webb n’est pas "que" le successeur du désormais célèbre télescope Hubble lancé en 1990, à présent en fin de vie. Ce sera le plus grand et le plus puissant télescope jamais lancé dans l’espace. Ainsi, le James-Webb Space Telescope (JWST) mesure 10,5 m de haut et près de 4,5 m de large replié, pour un poids de presque 6,5 tonnes. Une fois déployé, son bouclier thermique mesurera 22 m de long et 10 m de large, soit l’équivalent d’un terrain de tennis à un mètre près. Il sera aussi cent fois plus sensible qu’Hubble, tout cela permettra à James Webb d’observer ce qui ne l’a jamais été. De nouvelles planètes, de nouveaux systèmes solaires, mais surtout les premières galaxies. Encore plus que ces nouvelles technologies, le télescope sera envoyé bien plus loin que son prédécesseur.

Ariane 5 et la base de Kourou, deux atouts pour le lancement

Actuellement, Hubble est placé en orbite à 600 km de la Terre. Le JWST sera, lui aussi, placé en orbite, mais autour du Soleil, à 1,5 million de kilomètres de notre planète. Cela représente quatre fois la distance Terre-Lune. Placé sur le point de Lagrange L2, il pourra rester immobile grâce aux champs de gravité de la Terre et du Soleil qui s’équilibrent sur ce point. Pour réaliser ce voyage, il a fallu trouver une fusée assez puissante, fiable et avec "une capacité avérée à envoyer des missions vers ce point de Lagrange L2" rapporte l’ESA. C’est donc le lanceur européen Ariane 5 qui a été choisi dès 2003 pour placer le télescope en orbite.

Pour envoyer le JWST, des modifications ont dû être apportées au lanceur européen, réputé être le plus fiable du monde, notamment au niveau de la coiffe. De plus, "pour éviter la surchauffe des éléments de Webb, Ariane 5 effectuera une manœuvre de roulis spécialement développée pour s’assurer que toutes les parties du satellite seront équitablement exposées au soleil" précise l’ESA. Se juxtaposant à l’excellence du lanceur, le site de Kourou en Guyane est aussi partie prenante dans la réalisation de ce lancement. Proche de l’équateur, les fusées bénéficient de "l’effet de fronde" dû à la rotation de la Terre. Plus simplement, cela permet à un même lanceur d’emporter plus de charge utile que s’il partait de Cap Canaveral aux Etats-Unis par exemple.

De l’attente

Pour savoir si tout va réussir, il faudra d’abord que la phase de préparation se passe bien et que la date de lancement soit maintenue. Puis, évidemment, que le décollage réussisse. Ensuite, que son trajet jusqu’à son point d’orbite s’effectue sans encombre, ce qui prendra 4 semaines. À ce moment-là, il faudra encore attendre que le télescope soit parfaitement refroidi. Après, une série de tests vérifiant l’état du JWST sera effectué. Il faudra donc attendre entre quatre et sept mois après son départ pour recevoir ses premières images qui seront une mine d’information inédite pour les scientifiques. L’affaire semble néanmoins bien partie puisque la première étape qui consistait à faire venir le télescope en Guyane a été réussie.