Janvier 1971, tous les Martiniquais se souviennent de la venue du Roi Pelé en Martinique

Mémosport - Pelé en Martinique ©Outre-mer la 1ère
Le jeudi 28 janvier 1971, le Roi Pelé débarque à la Martinique avec le Santos FC. C’est l’évènement. La venue du joueur considéré comme le plus grand footballeur de tous les temps déclenche une impressionnante ferveur populaire mais également un véritable mouvement de contestation contre le prix du billet. Martinique-FC Santos sera le premier match retransmis en direct en Outre-mer.

Un mois, presque jour pour jour, après la disparition du Roi Pelé, retour sur l'unique match du meilleur joueur du monde en Martinique. Un événement historique qui restera à jamais gravé dans la mémoire des supporters de l'île aux fleurs.

C’était le rêve de tous les passionnés du ballon rond, la Martinique l’a réalisé. Il y a cinquante deux ans, Edson Arantes do Nascimento dit Pelé et le FC Santos foulent pour la première fois le sol martiniquais. Six mois après son troisième sacre mondial au Mexique, des dizaines de personnes accueillent triomphalement le Roi Pelé à l’aéroport, au Lamentin.

Un contexte social tendu

En tournée dans les Antilles, le millième match de Pelé avec le Santos FC se disputera face aux meilleurs joueurs de l’île aux fleurs, tous licenciés dans des clubs locaux. Le foot martiniquais est en pleine crise. L’objectif de ce match de gala est de relancer ce sport. Le stade Louis Achille ne peut accueillir que 6 000 personnes dont 900 en gradins. Un manque cruel de places pour admirer le Roi Pelé. Le match amical s'organise dans des conditions sociales et économiques très tendues. Quelques semaines avant l’événement, à l’annonce du prix du billet d’entrée, un vent de contestation souffle sur toute la Martinique. Affiché habituellement au prix de 10 francs, le montant a été multiplié par 10. 100 francs, (15 euros) ce qui représentait un tiers du salaire d'un martiniquais. Le prix est considéré excessif. Le Groupe d’Action Prolétarienne (GAP), un groupe d’extrême gauche décide de lancer le mouvement : "Nous irons voir Pelé sans payer!". Des inscriptions fleurissent sur les murs de Fort-de-France. Des meetings, des manifestations, des heurts entre gendarmes et manifestants, puis quatre arrestations, précèdent la rencontre. Pour apaiser les tensions, le gouvernement français ordonne à l'ORTF de retransmettre le match. C'est la première diffusion télévisuelle en direct dans les territoires ultramarins.

Pour le bonheur de voir jouer Pelé

Le match a donc lieu dans un climat quelque peu apaisé. Le Stade Achille fait le plein et des dizaines de personnes se hissent et s'agglutinent sur les toits avoisinants. Malgré la performance décevante des Brésiliens, l’ambiance reste bon enfant. Bien au-dessus de la déception, domine le bonheur de voir jouer le meilleur footballeur du monde. Les quelques éclairs de Pelé déclenchent l'euphorie du public. Le champion du monde ouvre le score sur un pénalty. Après un round d’observation, l’équipe locale se montre solide. La Martinique égalise grâce à Marcel Aurélia. Parti dans le dos de la défense, après un débordement, l’attaquant martiniquais ajuste le gardien. C’est l’explosion dans le stade Achille. À la pause le score est de parité. 1 à 1. Résultat final : 4-1 pour les Brésiliens. Une défaite qui sonne comme un véritable exploit pour les joueurs amateurs de la Martinique.

Marcel Aurélia, l'unique buteur de la sélection martiniquaise se souvient au micro de Carl Sivatte ©Outre-mer la 1ère

Marcel Aurélia est l'unique buteur de la sélection martiniquaise. L'ailier gauche a inscrit un but d'anthologie face au Santos FC qui a fait chaviré le stade Achille. Un but qui a permis de tenir la dragée haute face au Santos FC jusqu'à la mi-temps. Natif de la Trinité, l'attaquant a évolué au New Club, à l'Assaut, la Gauloise et le FC Nantes. À 82 ans, de sa Trinité natale, Marcel Aurélia, surnommé Micky, nous livre ses impressions sur ce match historique et son but.

Pour en savoir plus sur la venue de Pelé en Martinique, retrouvez par ici le documentaire de Gilles Elie-Dit-Cosaque, "Nous irons voir Pelé sans payer".