Jean-Luc Mélenchon en Guyane: "Je serai un président latino-américain"

Jean-Luc Mélenchon dans son QG de campagne à Paris, le 19 octobre 2021
Jean-Luc Mélenchon entame une visite de cinq jours en Guyane. Le candidat à l’élection présidentielle arrive dans un climat sanitaire très tendu. Il appelle à l’apaisement et se sent "solidaire" des syndicalistes emprisonnés.

C’est son second déplacement en Guyane depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon s’était rendu sur place en février 2018, en tant que député d’opposition, pour soutenir Davy Rimane, alors candidat à une élection législative partielle (il sera battu par le député sortant Lénaïck Adam). Cette fois-ci, il revient en tant que candidat à l’élection présidentielle. Lors du précédent scrutin présidentiel, il avait obtenu 24,72% des voix au premier tour en Guyane.

Depuis, Gabriel Serville a été élu à la tête de la Collectivité de Guyane avec le soutien de la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon revendique « un lien spécial » et ancien avec la Guyane qu’il fait remonter jusqu’à son propre père, qui « a été receveur de la poste à Kourou ». « Donc moi, j’y vais plein d’enthousiasme à la rencontre d’amis et de beaux sujets », confie-t-il dans un entretien accordé à La1ère juste avant son départ.

« Convaincre plutôt que contraindre »

Jean-Luc Mélenchon revient en Guyane dans un contexte particulièrement tendu : contestation de la gestion de la crise du Covid-19, défiance envers les vaccins et condamnation de 12 à 18 mois de prison ferme de quatre syndicalistes pour l’incendie de palettes devant la préfecture, en juillet dernier. Même s’il est personnellement vacciné, le candidat de la France insoumise préfère « convaincre plutôt que contraindre » : « Moi je me garderai de dire aux gens ce qu’ils doivent faire », affirme-t-il. Quant aux décisions de justice à de la prison ferme, il les considère « d’une inutile brutalité ».

Jean-Luc Melenchon sur la crise Covid en Guyane


Un président « latino-américain »

Jean-Luc Mélenchon ne cesse de répéter que la France partage sa plus longue frontière avec… le Brésil, le long de l’Oyapock. « Si je suis élu, je me considérerai comme un chef d’Etat latino-américain, affirme-t-il. Et Gabriel Serville et l’assemblée de Guyane joueront un rôle particulier dans la relation qu’il faut ouvrir avec le Brésil ». Et les chantiers paraissent nombreux en Guyane. La pêche clandestine, d’abord, qui « n’est pas supportable, il faut y mettre un terme ». Pareil pour l’orpaillage, «  ça a assez duré, c’est une honte d’empoisonner les populations ». Et puis, il y a surtout l’Education nationale : « Ce qui me fait le plus cruellement souffrir pour la Guyane, ce sont ces 12 à 15.000 gosses qui ne soient pas scolarisés. Je ne l’accepte pas. Tout doit être fait pour que nos gamins soient scolarisés. »

Jean-Luc Mélenchon - Soutien aux syndicalistes emprisonnés


Admiratif de la fusée Ariane

Jeudi soir, le chef des Insoumis assistera pour la première fois au décollage de la fusée Ariane 5. Il anticipe « un moment superbe ». Il a déjà assisté à un tir de fusée. C’était il y a longtemps. C’était du temps de l’Union soviétique, lorsque Jean-Loup Chrétien, le premier spationaute français s’envolait dans les étoiles. Il imagine une université de l’espace, qui serait ouverte à l’ensemble des francophones.

Mais il constate une « amertume » : « Les Guyanais n’ont pas l’impression qu’il y ait eu une retombée du centre spatial sur le peuple guyanais. C’est quand même terrible. Je suis sûr que parmi tous les jeunes gens en Guyane, il y a des spationautes à la pelle, des gens qui seront intéressés pour faire des études supérieures pour y arriver. » D’ici là, il redoute une réduction de l’activité du centre spatial de Kourou : « Nous sommes trahis par les Allemands qui ont décidé de faire leurs lancements en Suède. Oui, le centre pourrait être menacé si les Allemands commencent la comédie habituelle qu’ils font. Et je suis très fâché contre le président Macron qui a accepté que la production des moteurs des fusées qui était en France passe en Allemagne. Je ne suis pas d’accord avec ça. Et si je suis élu, les moteurs ne partiront pas, et je ne vois pas pourquoi on se laisserait dépouiller de ça. »

Les temps forts de son déplacement (en heure locale)
Mercredi 20 octobre 
15h - Point presse à l'arrivée à l'aéroport

Jeudi 21 octobre
9h15 - Visite du Centre spatial guyanais

Vendredi 22 octobre
14h00 - Prise de parole devant l'Assemblée de Guyane à l'invitation de M. Gabriel Serville, Président de la Collectivité territoriale de Guyane. Ainsi que des rencontres et échanges avec les élus.
15h30 - Point presse avec M. Gabriel Serville, Président de la Collectivité territoriale de Guyane.
Soirée - Présence au lancement d'Ariane V.