Les athlètes sélectionnés sont connus. Les pointes, les maillots et les fleurets sont chouchoutés. Les discours des entraîneurs peaufinés. On n'attend plus que la cérémonie d'ouverture des 32e Jeux Olympiques ce vendredi 23 juillet. A quelques jours du début des épreuves, Outre-mer la 1ère fait le tour des chances de médailles des sportifs ultramarins à Tokyo. Une liste non-exhaustive, on l'espère ! S'il y a bien une compétition où tous les espoirs sont permis, où les exploits les plus fous sont légion, ce sont bien les JO.
Judo : Teddy Riner pour l'Histoire, et pourquoi pas Amandine Buchard ?
Il a tout gagné. Plusieurs fois. Mais on ne s'en lasse pas. Et visiblement lui non plus. Et si Teddy Riner décrochait une troisième couronne olympique ? Après le bronze à Pékin en 2008, l'or à Londres en 2012 et à Rio en 2016, le judoka guadeloupéen dit avoir encore faim de titres. Une nouvelle médaille à 32 ans qu'il pourrait ranger aux côté de ses 10 titres mondiaux, cinq titres européens.
Seul judoka à avoir remporté trois fois l'or olympique (1996, 2000 et 2004), le Japonais Tadahiro Nomura l'en croit capable. Un petit couac, cependant, sur cette route pavée de succès : une défaite en février 2020 venue interrompre une impressionnante série de 154 victoires. Peu importe, Teddy Riner est le grand favori de la catégorie des plus de 100 kg. Et il rêve d'être sacré au pays du judo.
Du côté des femmes, la Martiniquaise Amandine Buchard, numéro un mondiale des moins de 52 kg, compte parmi les favorites, d'autant qu'elle arrive à Tokyo avec l'or européen en poche. Et ce n'est pas tout ! En janvier dernier, au Master de Doha, elle battait la double championne du monde en titre, la Japonaise Uta Abe. De bon augure.
Sarah-Léonie Cysique, 6e mondiale, a fait ses preuves ces derniers mois. Médaillée de bronze aux deux derniers championnats d'Europe (-57 kg), la Guadeloupéenne peut, elle aussi, rêver d'un podium à Tokyo. Outre ces opportunités en individuel, les judokas français peuvent prétendre à un titre sur la toute nouvelle épreuve par équipes mixtes.
En escrime, des podiums et de l'or
Bien représentée à Tokyo (ils sont cinq Ultramarins sélectionnés), l'escrime pourrait bien être le plus gros pourvoyeur de médailles. Et peut-être même de médailles d'or. Yannick Borel semble avoir la couronne à portée d'épée. Champion du monde 2018 et triple champion d'Europe (2016, 2017, 2018) en individuel, le Guadeloupéen vise le titre suprême aux Jeux de Tokyo pour succéder à Eric Srecki, dernier épéiste français en or. C'était aux JO en 1992 à Barcelone.
Arme traditionnellement la plus forte de l'escrime tricolore, l'épée française a remporté les trois derniers titres olympiques par équipes, à Athènes en 2004, à Pékin en 2008 et à Rio en 2016 (elle n'était pas au programme par équipes aux JO 2012 à Londres). Champions du monde en titre, les Français seront favoris pour le titre. Côté fleuret, on peut logiquement se tourner vers deux autres Guadeloupéens, Ysaora Thibus et Enzo Lefort. La première, vice-championne du monde 2018, compte parmi les favorites, au même titre que le second, champion du monde 2019.
La gym au sommet avec Mélanie de Jesus dos Santos
Si l'Américaine Simone Biles est une prétendante incontournable au titre à la poutre, Mélanie de Jesus dos Santos pourrait bien venir troubler l'ordre établi. Même si ce n'est pas son agrès de prédilection, la Martiniquaise a frappé un grand coup en avril à Bâle en remportant les championnats d'Europe dans cette discipline, devançant la championne olympique en titre, la Néerlandaise Sanne Wevers. A cette occasion, la jeune femme de 21 ans avait inauguré une nouvelle sortie faite d'un double salto arrière vrillé. Très prometteur.
Et ses ambitions ne s'arrêtent pas là. Mélanie de Jesus dos Santos peut viser un podium au concours général (saut, sol, poutre et barres asymétriques), mais aussi aux barres asymétriques et au sol. Le sol est d'ailleurs "son agrès préféré". En 2018 et 1019, elle devenait championne d'Europe de la discipline.
Natation : Maxime Grousset sur sa lancée
A Tokyo, on le surveillera sur l'aller simple et l'aller-retour. Entendez sur 50 et 100 mètres nage libre. Sur 50 mètres parce que le 20 juin aux championnats de France, Maxime Grousset battait le champion olympique de 2012 et vice-champion olympique de 2016, Florent Manaudou, qui vise de nouveau l'or à Tokyo. Rien que ça. Ensuite sur 100 mètres, parce que deux jours plus tôt, le Calédonien arrachait déjà le titre national en battant son record personnel (47 secondes 89). On en conclut qu'il est sur la bonne voie pour atteindre l'Olympe.
Maxime Grousset est également engagé sur le 4x100 mètres avec un autre Ultramarin, Mehdy Metella. Le Guyanais - impressionnant aux Championnats de France sur 100 mètres papillon - semble se rapprocher de son niveau du printemps 2019. Blessé à l’épaule gauche, il a dû être opéré en janvier 2020 et ne devait pas participer aux Jeux. Le report d'un an lui a souri. Quand on vous dit que tout est possible...
L'athlétisme, parce que tout est possible !
C'est le sport qui compte le plus d'Ultramarins au total : 12 sélectionnés en 2021. Il y a cinq ans, à Rio, les Français avaient remporté six médailles, mais pas de titre. Et depuis, les athlètes tricolores ont essuyé plusieurs échecs, notamment des Mondiaux catastrophiques en 2019. Mais aux Jeux Olympiques, tous les espoirs sont permis.
Une chose est sûre, à Tokyo, il faudra compter avec Wilhem Belocian sur 110 mètres haies. Le hurdleur guadeloupéen est en forme et l'a prouvé ces dernières semaines. Début juillet, il courait en 13 sec 16, soit seulement un centième de seconde de plus que son record établi aux Championnats de France fin juin. C'était tout simplement la meilleure performance européenne de la saison.
Elle aussi est en forme. Rénelle Lamote semble avoir tous les atouts pour réaliser une belle performance sur 800 mètres. Triple vice-championne d'Europe de la discipline, elle a retrouvé son meilleur niveau en juin, un an et demi après un changement radical de structure d'entraînement. Championne de France en titre, elle est passé sous les 1'58'00 le 9 juillet dernier, devenant la deuxième française de l'histoire à passer ce cap après Patricia Djaté-Taillard. On peut donc espérer la voir en finale à Tokyo (contrairement à Rio en 2016 où elle avait échoué en séries.) Et une fois en finale...
Autre possibilité : les relais où les Français arrivent souvent à s'exprimer. A quatre, on est plus forts, surtout quand le passage de bâton roule (tant que le bâton, lui ne roule pas par terre...) Alors, il faudra surveiller les 4x100 mètres hommes et femmes où la technique compte parfois autant que la vitesse.
La promesse de belles surprises en cyclisme
D'un côté, il y a le BMX et les superbes performances d'Axelle Étienne, ces dernières semaines. Trois fois championne de France de BMX (2017, 2020 et 2021), elle a conquis une victoire et une deuxième place en Coupe d'Europe le week-end des 19 et 20 juin.
Elle aussi vise le podium : Manon Valentino est capable d'un coup d'éclat, comme les Jeux en permettent. Ils donnent aussi des coups au moral comme en 2016 quand la guadeloupéenne atteignait la finale mais chutait dès le début de la course.
L'autre chance de médaille, c'est sur piste avec la pépite réunionnaise Donavan Grondin. A 21 ans, il défendra ses chances sur la madison, une épreuve d'endurance disputée par équipe de deux coureurs avec l'objectif de monter sur le podium.
Le hand, toujours gourmand
Pour leur 5e participation aux jeux olympiques, les Bleues du hand arrivent à Tokyo en tant que vice-championnes olympiques. Championnes du monde en 2017, championnes d'Europe en 2018, les joueuses d'Olivier Krumbholz se sont "contentées" de l'argent européen en 2020.
Cette année, Coralie Lassource, Allison Pineau, Méline Nocandy et Béatrice Edwige sont toutes les quatre titulaires d'une équipe de France qui figure parmi les favorites du tournoi olympique. Elles devront batailler avec les Norvégiennes, les Russes et les Néerlandaises pour se faire une place sur le podium.
Attention, il faudra être dans le coup dès l'entrée dans la compétition, car les Françaises sont dans un groupe relevé, celui des Russes, championnes olympiques en titre, de l'Espagne, vice-championne du monde 2019, de la Suède, la Hongrie et du Brésil.
Les hommes, eux, participent pour la septième fois aux JO, avec de magnifiques performances à leur palmarès : champions olympiques en 2008 et 2012, ils sont vice-champions olympiques en titre. Mais les Français arrivent à Tokyo avec quelques doutes. Dans leur groupe A, ils affronteront l'Argentine, l'Espagne, le Brésil et la Norvège.
Seul représentant des Outre-mer de l'équipe, le Réunionnais Melvyn Richardson - qui vient de signer pour quatre ans à Barcelone - peut rêver de marcher dans les pas de son père, l'illustre Jackson Richardson, et décrocher l'or olympique. Cependant, la mission s'annonce ardue, l'équipe étant dans une phase de construction.
Basket, et si…?
Médaillés d'argent à Sydney en 2000, absents en 2004 et 2008, les basketteurs tricolores enchainent une troisième participation de suite après avoir fini deux fois sixième. Un billet que les Antillais Rudy Gobert et Andrew Albicy ont décroché en réalisant avec leurs coéquipiers l'un des plus grands exploits de l'histoire des Bleus : s'imposer face aux États-Unis en quart de finale du Mondial 2019 ! Tournoi que les Français ont terminé en bronze.
À Tokyo, ils retrouvent l'énorme talent du "Team USA" dans le groupe A, ainsi que l'Iran et la République Tchèque. Si les Français parviennent à sortir deuxième de la poule, les espoirs de podium seront permis. Pour l'or, les Américains semblent imbattables. Mais il n'est pas interdit de rêver.
Quatrième aux jeux de 2016 à Rio, les filles peuvent, elles, espérer réitérer leur performance de 2012 à Londres où elles avaient atteint, contre toute attente, la finale, devenant les meilleures "braqueuses" de l'histoire. En 2021, elles peuvent compter sur l'expérience de Sandrine Gruda - la Martiniquaise de 34 ans vient de fêter ses 200 sélections en équipe de France – et sur la fraîcheur d'une autre Martiniquaise, Iliana Rupert, 19 ans, meilleure jeune de la saison 2020-2021 et draftée en WNBA.
L'escalade, le surf, le taekwondo...
Les toutes nouvelles disciplines olympiques pourraient réserver de bonnes surprises côté français. Meilleure surfeuse européenne depuis 2014, la Réunionnaise Johanne Defay va au Japon pour battre l'Américaine Carissa Moore, quatre fois championne du monde et numéro 1 mondiale. Carissa Moore que Johanne Defay a devancée le 20 juin dernier lors d'une étape de coupe du monde qui l'a propulsée numéros 2 mondiale.
Il faudra aussi compter sur les frères Mawem, prodiges guyanais de l'escalade. Bassa, 36 ans vit en Nouvelle-Calédonie. Mickaël, 30 ans, dans l'Hexagone. L'aîné, deux fois vainqueur de la Coupe du monde de vitesse, n'a repris la compétition qu'en juin mais vise bel et bien une médaille à Tokyo. Et le plus jeune est devenu champion d’Europe dans sa discipline de prédilection, le bloc, en 2019.