Lors d'essais techniques vendredi, filmés par des associations de défense de l'environnement, une barge prévue pour l'installation d'une nouvelle tour des juges a brisé du corail, poussant le gouvernement polynésien à mettre en pause les travaux.
Dans un communiqué diffusé mercredi, l'ISA, responsable de l'organisation de l'épreuve olympique en tant que fédération internationale, a "salué cette décision et invité à intensifier les discussions pour examiner toutes les options possibles"."Depuis le début du processus d'organisation des épreuves olympiques de surf en Polynésie française, l'ISA a toujours insisté sur le fait que la protection du site naturel de Teahupo'o était une priorité", a ajouté l'institution se disant "attristée et surprise" des dégâts infligés aux coraux lors des essais.
Compromis contesté
Rappelant que "les installations et infrastructures relevaient de la responsabilité du comité d'organisation de Paris-2024, en coordination avec le gouvernement polynésien", l'instance a ainsi ravivé le débat entourant la tenue des épreuves de surf à Tahiti lors des prochains Jeux. Choisi en 2020, le site de Teahupo'o, mondialement connu pour sa célèbre vague et ses eaux transparentes, est depuis des mois au cœur de tensions entre le gouvernement polynésien, les organisateurs des JO et des riverains.
Le projet initial d'installer une tour des juges en aluminium pour remplacer celle en bois — qui n'était plus aux normes, selon l'organisation — avait déjà soulevé une forte opposition, des associations estimant qu'elle risquait de dégrader les fonds marins. Mi-novembre, les organisateurs et le gouvernement polynésien avaient donc revu leur copie avec un projet de tour allégée afin de "limiter au maximum les atteintes à l'environnement".
Ce compromis était toutefois loin de faire l'unanimité, de plus en plus de surfeurs internationaux célèbres se rangeant depuis quelques jours du côté des opposants à la nouvelle tour." Cela n'a pas de sens d'avoir besoin d'une tour aussi géante pour un événement de deux jours", a ainsi écrit sur ses réseaux sociaux Kelly Slater, légende de la discipline et multiple champion du monde." Après avoir vu la vidéo, j'ai réalisé à quel point cette nouvelle tour pouvait causer des dégâts. Je pensais qu'ils prendraient mieux en compte l'environnement local, mais j'avais tort", a déploré le Japonais Kanoa Igarashi, vice-champion olympique à Tokyo.
"Option centrale"
Dans un entretien accordé à l'AFP début novembre, le président de la Polynésie française Moetai Brotherson s'était prononcé pour un changement de site, envisageant de déménager l'épreuve à Taharu'u, moins renommé et plus facile d'accès que Teahupo'o. Mais Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, avait dit peu après que le site de Teahupo'o était "l'option centrale" pour les épreuves de surf.
Contacté mercredi par l'AFP, le comité d'organisation des JO n'avait pas souhaité réagir dans l'immédiat. M. Brotherson a depuis reconnu auprès de l'AFP que le déplacement de la compétition sur une autre vague tahitienne n'était pas possible "puisque c'est la candidature de Teahupo'o qui a été déposée". Et déplacer l'épreuve sur une vague de l'Hexagone reviendrait à "plusieurs milliards de francs Pacifique" (plusieurs millions d'euros), a-t-il averti. Lors du processus de choix du site olympique, cinq territoires s'étaient officiellement portés candidats.
Les sites de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), de La Torche (Finistère), du département des Landes (Hossegor, Capbreton et Seignosse) et enfin de Lacanau (Gironde) avaient été écartés en faveur de la Polynésie française. Vai ara o Teahupo'o, la principale association opposée à la nouvelle tour des juges en aluminium, a choisi de ne plus s'exprimer dans les médias.