C'est comme si un Jordier nouveau était apparu. Sans même que l'on s'en aperçoive. Pourtant, l'athlète n'a pas changé. Juste une question d'équilibre. "Mon fils a grandi. Il a maintenant huit ans. Et je vais épouser ma nouvelle compagne, juste après les Jeux." Une sérénité intérieure qui fait la différence. "Je pense aux JO tous les jours, mais j'ai également d'autres objectifs de vie qui me permettent d'ôter un peu de pression." Et comme le corps de l'Antillais affiche la grande forme… "Aucun souci physique. Je me sens bien. Vous savez : j'ai perdu mon grand-père en 2023, juste avant les Mondiaux de Budapest. J'ai alors fait une promesse à ma grand-mère pour l'été prochain. Et j'espère la tenir."
Un gardien pour la paix
Depuis mars 2023, Thomas Jordier construit son avenir. Le voilà désormais policier adjoint. "J'ai à cœur de m'investir dans cette belle institution. J'aimerais plus tard devenir gardien de la paix, suivre les formations, passer les concours et être le plus haut gradé possible." Le compétiteur perfectionniste n'est jamais bien loin. Un profil qui plaît forcément à la police nationale. Dans ce domaine, l'athlétisme français représente une mine d'or. "Nous sommes déjà un beau petit groupe d'athlètes à avoir intégré cette grande famille. Je pense à des gens comme Diana Iscaye ou Gabriel Tual."
Devenir policier n'avait rien du rêve de gosse. "Carrément pas ! Je viens de la Seine-Saint-Denis, donc du fameux 93. Là-bas, on a une relation conflictuelle avec la police. Mais l'âge m'a fait changer d'avis." Un Jordier plus sage. Un Thomas plus réfléchi. Avec des envies de transformer les choses. "La police a besoin de nous. Nous avons besoin d'elle. Car je pense que nous savons communiquer avec les jeunes. Et les moins jeunes d'ailleurs. Avec nos nouveaux visages, nous pouvons être de bons porte-paroles."
Sa nouvelle vie d'athlète
Si Thomas pense au futur, il reste aussi bien ancré dans le présent. L'âge aidant, Thomas sait ce qui est bon pour lui. Il sent ce qui peut l'aider à continuer à progresser. "À la fin 2022, j'avais besoin de changement. Je vis désormais à Saint-Maur-des-Fossés. Il me fallait un nouveau fief proche de chez moi. L'appel de Jimmy a été déterminant." Le sprinteur Jimmy Vicaut (El Vicaut pour les intimes) vient alors de retrouver Guy Ontanon à l'INSEP. Le duo ne va pas tarder à devenir trio. "Ça n'a pas été facile au début. Guy avait sa philosophie d'entraînement. J'avais la mienne. Mais désormais, ça fonctionne plutôt bien. Je suis très satisfait de mon choix."
D'autant plus que l'Antillais n'est pas connu pour changer d'entraîneur, tous les semestres. En bientôt quatorze ans de carrière, il n'a connu que trois coachs. "Je suis content d'avoir commencé avec Randy Fondelot, mon premier formateur qui est aujourd'hui comme un grand frère pour moi. Ensuite, il y a eu Alex Ménal qui m'a permis d'améliorer mes records et de progresser dans ma vie personnelle et sportive. Et depuis mars 2023, je suis donc à l'Insep avec Guy Ontanon. Je ne regrette aucune de ces aventures."
Rendez-vous au Stade de France
À la question du moment : pensez-vous aux JO, le matin en vous rasant ? Thomas Jordier a cette réponse unique : "Je me rase très peu. Mais il est vrai que je pense tout le temps aux JO." Pas au point cependant de transformer la belle fête sportive à venir en un gigantesque stress. "Je vous rappelle que je viens du 93. Je suis un pur produit de la Seine-Saint-Denis. Si je me mets encore plus de pression parce que les JO se déroulent au Stade de France, ça ne va pas le faire. Pour moi, Paris 2024 est une grande fête avant tout. Avec le maximum de personnes possible à mes côtés."
Une grande fête avec deux rendez-vous pour l'Antillais. Le relais 4 fois 400 mètres tout d'abord. "À Tokyo, nous sommes sortis en séries. Ça reste un échec, c'est vrai. Mais aujourd'hui, le relais tricolore est plus performant. L'objectif est de se hisser en finale." Thomas Jordier veut s'illustrer avec le collectif. Tout en brillant en solo. Traduction : décrocher aussi un billet en individuel sur le 400 mètres. "Les minimas sont fixés à 45 secondes. Tout pile. Je dois donc améliorer mon chrono de 5 dixièmes. J'ai vraiment hâte de casser cette barrière. Passer sous les 45 est avant tout psychologique. Surtout pour nous, les Français."