Une belle carrière d'athlète. Vraiment très belle. 37 sélections en équipe de France. Premier français de l'histoire à descendre sous les 10 secondes sur 100 mètres. Sans oublier trois sélections olympiques. Voilà peut-être ce qui fascine le plus Ronald Pognon aujourd'hui. "Pour moi, les Jeux nous ramènent à la Grèce antique. C'est une immense communion. Se retrouver dans le village olympique représente quelque chose d'extraordinaire. Toutes ces nationalités réunies dans un seul et même lieu… Il y a une ambiance où se mêlent la joie, la fête et en même temps, la concentration afin de représenter au mieux son pays."
En 2004 à Athènes pour ses premiers Jeux, le Martiniquais a donc vécu un rêve éveillé. "C'est bien simple : en Grèce, j'ai tout fait ! L'athlète et le touriste. J'ai acheté des statuettes en guise de souvenirs, des vases avec les dieux grecs dessus. Athènes, c'était vraiment "mes" Jeux à moi !"
3 Jeux, 3 expériences
À Athènes en 2004, Ronald Pognon a 21 ans. Au sein de l'équipe de France d'athlétisme, il fait alors partie des bleus. "Nous étions 3 Martiniquais dans ce cas : Eddy de Lépine, David Alerte et moi. De vrais gamins. On croisait Kobe Bryant, la star américaine du basket au restaurant du village olympique ! C'était magique." Ronald découvre aussi la dimension universelle des JO. "Au 1er tour du 100 mètres, j'étais au couloir 4. À côté de moi, il y avait un Samoan qui était invité et qui ne savait pas comment régler ses starts. Je me rappelle lui avoir montré comment faire. C'était fou." Sportivement parlant, le Martiniquais s'incline en demi-finale. "C'était l'objectif fixé par Robert Poirier, le DTN de l'époque. J'ai rempli mon contrat. J'étais content."
Huit ans plus tard à Londres, Ronald a changé de dimension. Il est devenu une star mondiale du sprint. Sauf que la star vient de traverser de longs mois de doute. "Heureusement, un stage à Miami m'a remotivé. J'ai pu retrouver mes qualités athlétiques. Au point de devenir le dernier relayeur tricolore des JO de 2012." Les Français prennent la quatrième place. Résultat au goût amer. Transformé en médaille de bronze, trois ans plus tard. Après la disqualification du relais américain pour dopage. "Cette médaille est plus symbolique qu'autre chose. Surtout trois ans après. Il demeure pas mal de frustrations par rapport à cette finale. On a fait des fautes. On a manqué de précisions. Ceci étant, nous avons décroché une médaille olympique, ce jour-là. Tant mieux."
2024, une autre époque
Pour se qualifier sur le 100 mètres des prochains Jeux de Paris 2024, il fallait être fort. Très fort. Les minima étaient fixés à 10 secondes. "C'est monstrueux." Ceci étant, ce n'est en rien comparable avec l'époque pas si lointaine de Ronald Pognon. "Beaucoup d'éléments ont changé. Les pointes sont maintenant équipées de plaques en carbone. Cette plaque renvoie une puissance incroyable. Les pistes d'athlé ont aussi évolué. Elles sont bien plus rapides qu'à mon époque. Je pense notamment au Mondo, le revêtement qui équipera le Stade de France pendant les Jeux."
Ce qui n'a pas changé en revanche, c'est l'alchimie nécessaire pour réaliser un relais 4 fois 100 mètres idéal. Comme en 2005, lors des championnats du monde à Helsinki en Finlande. "Avec Ladji Doucouré, Eddy de Lépine, Lueyi Dovi et moi, nous formions une équipe qui se connaissait sur le bout des doigts. C'est bien simple : on était un !" 38 secondes 08. Un temps canon. Médaille d'or. Quatre athlètes sur un nuage. "Chaque relayeur prévenait le suivant qu'il allait arriver très très vite. Véridique. C'est la première fois que j'ai fait un 100 mètres lancé en moins de 9 secondes. Je suis passé en 8'74 !"
De retour en 2025 !
Scoop réservé à La1ère : dix ans après avoir rangé ses pointes, Ronald Pognon aimerait revenir. "J'ai envie de faire un petit come-back. Pour le challenge quoi." Pardon ? Un come-back chez les élites ? "Non, dans ma catégorie d'âge. Le britannique Dwain Chambers m'a lancé un petit défi sur Instagram. Le retrouver l'hiver prochain aux championnats du monde des Masters en salle à Gainesville en Floride. L'idée me plaît beaucoup. Mais attention, je vais concourir sur le 60 mètres. Je n'irai pas au-delà."
Le 23 mars 2025, le Martiniquais a donc rendez-vous aux États-Unis. D'ici là, il va se préparer. Ou plutôt s'y remettre. Car la machine est longtemps demeurée à l'arrêt. "Depuis 2015, je n'ai rien fait. J'ai complètement arrêté. Je suis monté jusqu'à 104 kilos. Heureusement, je suis retombé à 88. Il ne me reste que 3 kilos à perdre pour retrouver mon poids de forme." Ronald a déjà repris la course. Et les fameux exercices en côte. "Ma foulée n'est pas encore assez grande. Je vais devoir refaire de la musculation et des séances beaucoup plus toniques. Mais cette aventure reste un amusement. Je fais tout cela pour mon fils en fait. Histoire de lui montrer que je sais encore courir."