L'entraîneur Demoniere a les mêmes fou-rires que jadis, l'athlète Dimitri. L'homme n'a pas vraiment changé. Il affiche certes quelques kilos en plus sur la balance. Logique. Mais le sourire espiègle du Martiniquais demeure. Tout comme la passion. Même plaisir ? "Je dirais que c'est différent. Mais ça reste dans la continuité de ce que j'ai vécu en tant que sprinteur. Aujourd'hui, mon plaisir, c'est de redonner aux athlètes tout ce que j'ai vécu et appris. Avec en bonus, ma petite touche pour leur permettre d'atteindre de hauts niveaux de performance et des médailles."
L'entraîneur multicarte
En travaillant pour la Fédération française de para athlétisme, Dimitri a découvert un monde forcément différent. Impératif premier : s'adapter aux différents handicaps. "Il y a de nombreuses catégories. Depuis les non-voyants qui n'ont pas de problèmes physiques. Avec eux, on travaille essentiellement sur la synchronisation. Jusqu'aux déficients moteurs. Souvent suite à des problèmes d'hémiplégie. Là, il faut tenir compte de l'absence d'un membre. Tout est question d'adaptation. Car chaque cas est unique en para athlétisme."
À l'Insep, le secret du groupe Demoniere est de réunir des para athlètes et des valides. Tous ambitionnent d'être aux Jeux à Paris. Qu'ils soient Olympiques ou Paralympiques. "Il y a une belle entraide. Les uns tirent les autres. Parfois, je challenge les valides en leur mettant un handicap. Le but est toujours de passer la ligne en premier. Ça crée une belle cohésion." Mandy François-Elie, Nantenin Keita, Thimothée Adolphe… Les champions du para athlétisme ne manquent pas. Tout comme Pamera Losange, Harold Achi-Yao ou Dylan Vermont chez les valides. Un groupe qui finalement ne fait plus qu'un. Homogène. Sans réelle différence.
Un univers bienveillant
Dimitri Demoniere a également noté toute la dimension humaine des para athlètes. "Il y a une vraie communauté, de l'entre-aide, du soutien. Un phénomène qui provient certainement de leurs différents handicaps mais il n'empêche que c'est très touchant." La bienveillance, souvent la grande oubliée du sport professionnel valide. "Le para athlétisme a beau être un sport individuel, les para athlètes sont toujours soudés. Et puis il règne une bonne ambiance en permanence. C'est très jovial."
La bienveillance du handisport n'enlève rien à l'exigence du champion. Au contraire. "Je trouve qu'il y a souvent plus d'exigence chez un para athlète que chez un valide. Il faut déjà qu'il surmonte son handicap pour pouvoir être performant. Après quoi, il a des objectifs personnels super élevés." Un peu comme si le handicap était tout l'inverse d'un frein. "Pour moi, c'est la grosse différence avec un athlète valide. Le para athlète ne se contente jamais du basique. Il a toujours tendance à repousser la limite bien au-delà de son handicap."
À fond, les Jeux !
Pour le Martiniquais, l'été sera chaud. Assurément. Pas moins de deux Jeux à son agenda. Les Jeux Olympiques en juillet. Et les Jeux Paralympiques en août. "Il s'agira de mes premiers Jeux Paralympiques. Qui plus est à Paris, à la maison. Ça fait une grosse différence. Je m'attends à une ambiance toute particulière." L'excitation se fait déjà ressentir. L'attente. Le compte-à-rebours.
À quelques semaines de la grande fête olympique et paralympique, Dimitri vit à deux cents à l'heure. "J'ai des journées bien remplies. Avec des nuits très courtes. En approchant de l'échéance, on passe beaucoup de temps sur le terrain et en dehors afin de préparer les séances, individualiser les programmes et gérer la vie du groupe : les stages, les rendez-vous médicaux…" Et durant ses nuits trop courtes, il ne rêve que d'une chose. "Les médailles ! Mes athlètes travaillent au quotidien avec cet objectif. C'est pour ça qu'ils sont souvent KO à la fin des entraînements. Je passe alors pour un tyran avec deux cornes. Mais le but ultime, c'est de ramener une médaille à la maison."