Impossible de l'ignorer. Dimitri Pavadé est Réunionnais. Il le dit. Le revendique. En permanence. Et retourne chez lui. Très souvent. "Avec tous ces allers-retours en avion, mon bilan carbone, je l'explose !" Ces voyages fréquents s'expliquent en premier lieu par un partenariat avec le département et la ligue d'athlétisme de La Réunion. Pour des compétitions, des stages et des opérations de communication. Mais Dimitri en a aussi et surtout… besoin. "C'est vraiment le mot. J'ai besoin du soleil et de la chaleur de La Réunion. Mon île me manque par rapport à ça. Regardez-moi : ici, j'ai attrapé un gros rhume parce que j'ai marché en chaussettes chez des amis !" La Réunion, lé pas la.
Un Réunionnais à Toulouse
Dimitri Pavadé porte un bonnet. "Ici, il fait trop froid pour moi !" Pourtant, depuis qu'il est installé à Tournefeuille, près de Toulouse, le Réunionnais a le sourire. "On me pose souvent la question. Me suis-je fait à la région ? Mais c'est juste la belle vie ! J'ai cette chance d'être détaché par mon employeur pour me consacrer à 100 % à l'athlétisme. Je m'entraîne ici. Je pars faire des stages à l'international. On m'invite aussi à Paris pour des opérations de com' ou des shootings. J'ai mon petit train-train de vie qui fait que je me sens vraiment épanoui."
Si Dimitri a choisi Tournefeuille, c'est aussi pour y retrouver Rémi Magro, son entraîneur au club Athlé 632. "On a un vrai feeling, une grosse complicité et en plus, nous avons à peu près le même âge." Rémi a guidé les débuts de Dimitri à Colomiers en 2016. Trois ans plus tard, ils ont reformé le duo magique à Tournefeuille. "À la base, Rémi est décathlonien. Cela veut dire qu'il connaît TOUTES les techniques de TOUTES les disciplines. Il est très pédagogue, très calme, très compréhensif. On ne trouve pas beaucoup de coachs comme lui."
Champion sans préméditation
La vie de Dimitri Pavadé a basculé lorsqu'il avait 18 ans. Docker à La Réunion, il est percuté par un chariot élévateur. Amputation au niveau du tibia de la jambe droite. Il ne se doute alors pas que son existence va changer du tout au tout. "Sur mon lit d'hôpital, si on m'avait annoncé que j'allais devenir athlète paralympique, j'aurais crié que c'était une blague ! Gros LOL !" Dimitri quitte pourtant La Réunion. "Chose que je n'aurais jamais faite en étant valide." Et écrit une nouvelle histoire. "Mon accident m'a orienté vers une formation d'orthoprothésiste. Ce qui a entraîné de belles rencontres qui m'ont amené au para athlétisme. Mais de là à imaginer une médaille aux Jeux…"
En 2021 à Tokyo, le Réunionnais devient vice-champion paralympique de saut en longueur. Consécration. Cinq ans seulement après avoir découvert le para athlétisme. Un miracle ? Non. Juste beaucoup de travail. Et un gros, un très gros mental. "Apparemment, c'est une grande force chez moi. Alors que ce n'était pas forcément le cas avant mon accident. Là, j'ai su rebondir tout de suite. D'un claquement de doigts. Comme si c'était quelque chose d'inné."
Paris sera une fête
En juin 2023, Dimitri Pavadé a été victime d'une rupture des ligaments croisés antérieurs du genou. Opération en juillet. Convalescence. Réathlétisation. Et une promesse, celle d'être au top durant l'été 2024 pour les Jeux à Paris. Un pari fou, douze mois à peine après cette grave blessure. De quoi vivre avec une immense pression. "Pardon ? De la pression ? Jamais ! Pas la moindre. Les Jeux, c'est juste une compétition internationale avec une appellation différente des autres. À moi d'être prêt le jour J. Et d'aller chercher une médaille."
Zéro doute. Zéro pression. Le Réunionnais au mental d'acier attend l'été prochain avec impatience. Un peu comme un grand retour officiel. Et à la maison. "Au Stade de France, je vais m'exprimer. Ça va être fou. Les observateurs ne sont pas prêts à imaginer un tel come-back. Mais vous verrez, je serai au rendez-vous !" Un rendez-vous au Stade de France pour ses deuxièmes Jeux Paralympiques. Dimitri aura alors 35 ans. "Ça va juste être la folie. Dans les tribunes, il y aura la famille, les amis, les collègues de travail, les sponsors… Il y aura tout le monde. Pour LA grande fête du sport !"