A officiellement 110 ans, Jules Théobald est le plus vieil homme de France. Dans sa maison au bord de la mer à Fort-de-France, ce Martiniquais qui a croqué la vie à pleines dents n'a qu'un regret, ne plus pouvoir danser et aller où bon lui semble.
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Il est né le 17 avril 1909. Son dauphin, un homme qui vit dans le Rhône et présenté à tort pendant un temps comme le doyen des Français après le décès à 111 ans de Roger Auvin, est de trois mois plus jeune. Dans son salon à la peinture un peu défraîchie, garni de meubles anciens, Jules paraît de prime abord presque absent dans son fauteuil roulant. L'homme chauve n'entend plus très bien mais voit encore tout ce qui se passe autour de lui.
Alors quand on lui parle de son âge, il rigole un peu, se perd dans les dates et conclut dans un créole chevrotant: "Si ça ne tient qu'à moi, je peux bien vivre jusqu'à 200 ans !". Jules n'a rien perdu de son humour et de sa soif de vivre. Une fois lancé sur le sujet, difficile de l'arrêter: "J'ai eu une belle petite vie. J'étais en forme. J'ai été marin pêcheur. Aucun pêcheur n'est allé aussi loin que moi à l'époque. Si le Bon Dieu me donnait la force, je travaillerais encore sur mon canot", dit-il, toujours en créole.
Il se souvient de pêches miraculeuses, de virées dangereuses aussi. "On était deux et le bateau a coulé. On a dormi sur la mer. C'est l'avion qui nous a retrouvés au large du Prêcheur. J'attrapais des petits poissons que je mangeais. Dans la détresse, le meilleur, c'est la tête de poisson !".
Pas besoin d'aide, en revanche, pour évoquer son amour de la fête et de la danse. Jules raconte des bals, des histoires de filles, se rappelle des soirées de dominos avec les copains. "J'aimais le plaisir, la danse, les courses de bateaux. Je ne regrette rien de ma vie, je regrette seulement d'être malade. J'ai un truc dans le coeur. Ca me désole".
Une tristesse qu'il oublie vite lorsque sa fille lui présente un cliché de lui. Une photo d'identité où il a une petite moustache étroite et les cheveux très courts. Il a alors une soixantaine d'années. En plissant les yeux, Jules demande qui est l'homme sur la photo. Quand il comprend que c'est lui, il s'émerveille, fixant longuement ce morceau de son passé, ce miroir d'un autre temps.
Naissance
Et si sa mémoire parfois lui fait défaut, il a encore plein de souvenirs, de sa vie active, de sa jeunesse, et de son enfance il y a plus d'un siècle. Sa carte d'identité indique que Jules est né le 17 avril 1909. C'est surtout la date à laquelle sa naissance a été déclarée, longtemps après qu'il a vu le jour, comme beaucoup de nourrissons à l'époque. Jules pourrait en réalité être né environ deux ans plus tôt, affirme la famille, même s'il est impossible de corroborer cette information.
Un pêcheur émérite
Alors quand on lui parle de son âge, il rigole un peu, se perd dans les dates et conclut dans un créole chevrotant: "Si ça ne tient qu'à moi, je peux bien vivre jusqu'à 200 ans !". Jules n'a rien perdu de son humour et de sa soif de vivre. Une fois lancé sur le sujet, difficile de l'arrêter: "J'ai eu une belle petite vie. J'étais en forme. J'ai été marin pêcheur. Aucun pêcheur n'est allé aussi loin que moi à l'époque. Si le Bon Dieu me donnait la force, je travaillerais encore sur mon canot", dit-il, toujours en créole. Il se souvient de pêches miraculeuses, de virées dangereuses aussi. "On était deux et le bateau a coulé. On a dormi sur la mer. C'est l'avion qui nous a retrouvés au large du Prêcheur. J'attrapais des petits poissons que je mangeais. Dans la détresse, le meilleur, c'est la tête de poisson !".
Coup de fourchette
La nourriture est une passion qu'il n'a pas perdue. A plus de 110 ans, il a encore un bon coup de fourchette et se souvient même de quelques recettes, comme celle du poisson séché mariné dans de l'ail et du bois d'inde. Parmi ses voyages qui résistent encore à l'oubli, il y a ses escapades en bateau vers les îles voisines, notamment la Dominique, où il a eu deux enfants dont il a aujourd'hui peu de nouvelles.Ses enfants
Jules a eu deux autres enfants en Martinique. Sa fille aînée vit dans l'Hexagone et vient le voir régulièrement. Son fils Christian, 67 ans, vit avec lui : "Ah mon Dieu, si je n'avais pas ce petit bonhomme... Je suis très content de l'avoir à mes côtés", confie Jules, qui se raccroche à son fils au moindre trou de mémoire.
Fête et danse
Pas besoin d'aide, en revanche, pour évoquer son amour de la fête et de la danse. Jules raconte des bals, des histoires de filles, se rappelle des soirées de dominos avec les copains. "J'aimais le plaisir, la danse, les courses de bateaux. Je ne regrette rien de ma vie, je regrette seulement d'être malade. J'ai un truc dans le coeur. Ca me désole". Une tristesse qu'il oublie vite lorsque sa fille lui présente un cliché de lui. Une photo d'identité où il a une petite moustache étroite et les cheveux très courts. Il a alors une soixantaine d'années. En plissant les yeux, Jules demande qui est l'homme sur la photo. Quand il comprend que c'est lui, il s'émerveille, fixant longuement ce morceau de son passé, ce miroir d'un autre temps.