Kassav: que disait la presse il y a trente ans?

Ce vendredi soir Kassav' est au Zénith de Paris. Des centaines de milliers de fidèles à travers le monde ont assisté à leurs concerts. En 2009, Kassav' est le premier groupe à remplir le stade de France. pourtant, la presse n'a pas toujours pris en considération le groupe. Retour sur les archives.
En trente-cinq ans de vie, le groupe français a fait danser la planète entière, vendu des millions d'albums, et est le premier à avoir rempli le Stade de France  en 2009, à l'occasion de ses trente ans.

Des performance pas toujours reconnues

Trois décennies pendant lesquelles  Kassav' est devenue le meilleur ambassadeur de la culture et du patrimoine caribéen à travers le monde. Rares sont les groupes qui peuvent se vanter d'attirer des dizaines de milliers de personnes du Cap Vert à l'Angola en passant par le Japon ou l'URSS. Un fleuron dont la France devrait s'enorgueillir. Pourtant, leurs apparitions télévisuelles restent très peu nombreuses. Chez les distributeurs, le groupe est classé dans la catégorie "musiques du monde".

Et quand, en 2010, Indochine remplit le stade de France, la presse les qualifie de "premier groupe français à remplir les 80 000 places du stade", zappant d'un trait de plume la performance de Kassav' un an plus tôt.

Extrait d'un article du Figaro sur Indocihne, publié le 30 juin 2014


Et qu'en disait-on il y trente ans?

Le groupe qui doit se produire au Zénith de Paris les 27, 28 et 29 mai a choisi de rejouer le concert de 1986, dans la même salle. L'occasion de se pencher sur la façon dont la presse s'intéressait au groupe… il y a trente ans.
 
Encore moins médiatisé qu'aujourd'hui, le groupe a pourtant bénéficié d'une forte couverture lors de son grand concert à Anse Bertrand, en Guadeloupe, au printemps 1986. Kassav' se voit remettre un disque d'or, et la presse hexagonale a été invitée pour l'occasion.
Une presse qui s'est donc interrogée sur l'engouement monstre dont bénéficie Kassav' ( 30 000 personnes à Anse-Bertrand) mais aussi dans l'Hexagone, où il remplit aisément les 6 200 places du Zénith  de Paris, et ce, plusieurs soirs de suite. Et pour tenter d'analyser le phénomène, certains poncifs revenaient assez régulièrement. Tour d'horizon.


Des cocotiers place de la Concorde

Le "zouc", avec un "c" revient souvent dans les premiers articles qui évoquent Kassav'. Un groupe qui réussit à mettre le "soleil au dessus de l'hiver et de l'embouteillage parisien", offrant même "une impression de chaleur", "comme si les cocotiers s'étaient mis à pousser place de la Concorde", rapportait en 1986 l'Evénement du jeudi.
Le journal a consacré une double page au phénomène Kassav', malencontreusement sur-titrée sur une "révolution musicale qui agite la Guadeloupe et La Réunion".
 
Extrait d'un article publié dans l'Evénement du jeudi en 1986
Extrait d'un article publié dans l'Evénement du jeudi en mai 1986

" Le zouk, c'est gai, c'est chaud", écrivait pour sa part Le Monde, saluant un groupe "qui parle pour le public noir sans agresser le public blanc".


"Les rois de la fête; Comme si on pensait qu'à s'amuser"

"En France on présente souvent Kassav' comme étant le groupe du soleil, les rois de la fête, regrettait encore récemment Jocelyne Béroard dans l'émission radio vinyle sur France Ô (diffusée en avril 2016). C'est une image qui nous colle à la peau qui est assez désagréable car c'est comme si on ne pensait qu'à s'amuser. Pourtant dans les textes on avait envie de conscientiser les nôtres".
 
Fort heureusement, au delà de ces poncifs faciles, nombreux sont les critiques musicaux qui avaient perçu la mine d'or musicale que constituait ce "groupe des îles", comme on le surnommait encore souvent.


"Dire que le show biz parisien se bouche encore les yeuxEn Afrique par contre on les adule", déplore dans un long article Libération, toujours en 1986. En 2005, bien après les premiers articles, Le Monde écrivait une nouvelle fois à l'occasion d'un Zénith à guichets fermés et titrait sur un groupe " machine à danser et éveilleur de conscience".
 
Extrait d'un article du Monde du 5 février 2005

 
Enfin dans le magazine 20 ans, le jorunaliste Alain Gardinier, littéralement tombé sous le charme de la formation s'interrogeait déjà au début des années 80. "Et si en fait, Kassav' était le meilleur groupe de rock français?" osait-il
 
Article paru dans 20 ans en mai 1986