Tu vois j'rap encore
Je m'écrase sur leur planète rap tel un météore
Simple, basique, rappeur légendaire ça se mesure aux classiques
Poser des questions
Des classiques, Kery James en a plus d'un, de ses débuts dans le collectif Mafia K'1 Fry avec son groupe Ideal J à son avant-dernier album Muhammad Alix, en passant par l'hymne Banlieusards écrit en 2008. Alors pourquoi réaffirmer sa place sur la scène rap ? "C’est une façon de dire que malgré le fait que beaucoup de rappeurs aujourd'hui vont dans un truc beaucoup plus chanté, beaucoup plus léger, je fais toujours du rap tel que je l’ai connu et tel que je l’ai aimé", explique Kery James. "Un rap qui dit des choses et qui fait se poser des questions."
"Le rap est à l'image de la société"
Rien n'a changé alors, dans sa manière d'aligner les mots et de les livrer aux 1800 personnes massées dans la fosse de l'Aéronef à Lille. Si sur ce dernier album, Kery James expérimente sur la forme et "pousse la chansonnette" sur des titres comme Sans moi, le fond reste le même : celui qu'on a beaucoup qualifié de rappeur "conscient" dresse un "constat amer" de la société :
Malheureusement les choses elles n’ont pas vraiment évolué… Je dirais que les choses se sont polarisées. Les riches sont devenus extrêmement riches, les pauvres extrêmement pauvres. (...) Le rap est à l'image de la société. La société tire vers le bas et maintenant on est plus dans le scandale, dans le buzz. La télé-réalité aussi a pris beaucoup de place. Les gens sont dans le divertissement et donc les rappeurs aussi sont dans le divertissement, dans le mercantile. Le rap est devenu un business comme un autre.
Un business "d'inconscients", comme il le rap dans son dernier album. Mais le désespoir n'est pas de mise et l'engagement toujours fort.
Toujours pas condamnés à l'échec
De son enfance aux Abymes en Guadeloupe à son arrivée dans l'hexagone à Orly en banlieue parisienne, Kery James a développé un fort intérêt pour la jeunesse, les inégalités, les questions de racisme. Que ce soit dans sa musique, au théâtre ou au cinéma, toujours le même mot d'ordre : on n'est pas condamné à l'échec. "C’est un message d’auto détermination et de solidarité parce qu'on en a besoin à cette époque", résume le rappeur. "Il faut continuer à se battre malgré les difficultés. La victoire est encore plus grande quand on s’est battus deux fois plus."
Un long-métrage à venir
De son titre phare Banlieusards, Kery James est en train de réaliser un long-métrage du même nom, qui sera diffusé sur la plateforme Netflix. D'ici là, la tournée J'rap encore continue jusqu'à fin janvier, dans l'Hexagone mais aussi au Luxembourg ou en Belgique.
Découvrez le reportage à Lille de Marie Boscher, Emmanuel Morel et Raël Moine :