"J'ai kiffé !" Tels sont les mots exacts de Fabrisio Saïdy lorsqu'on évoque la médaille de bronze européenne de ses copains du relais 4 fois 400 à Munich en août dernier. Le Réunionnais pourtant a manqué la fête. Blessé. Mais pas jaloux. "Chez moi devant mon poste, j'étais comme un fou ! Et sans la crampe de Thomas Jordier, l'équipe pouvait faire encore mieux. Ça démontre que le relais français a un sacré potentiel au niveau international. À nous de rester soudés."
Objectif : été 2023
Fabrisio a déjà fait une croix sur la saison en salle qui commence. "Je sors d'une blessure à l'adducteur. Cet hiver, il est préférable pour moi de réaliser un gros travail de fond. Mon objectif est de passer un cap, l'été prochain." Car si la salle a révélé le Réunionnais en 2019 (titre national élite), le sprinteur ne se révèle pas un grand adepte de la spécialité hivernale. "En salle, un 400 mètres ne se construit pas pareil. Je préfère les phases plus tactiques des compétitions en extérieur."
Ce gros travail hivernal, Fabrisio le poursuit au sein de la Team V4. V pour Marc Vecchio, leur entraîneur à l'INSEP. Et 4 comme les quatre athlètes de l'équipe : Ludovic Ouceni, Téo Andant, Jack Olivier et Fabrisio Saïdy. "On travaille très dur tous ensemble. Avec beaucoup d'entraide. Et une volonté acharnée." Sans oublier les challenges. Permanents. "Par exemple, Ludovic Ouceni est monstrueux en muscu. Il soulève 105 kilos en développé couché. Même si j'ai battu mon record, je n'en suis qu'à 90."
Fabrisio sur tous les tableaux
Pour le Réunionnais, 2022 aura été l'année des paradoxes. Un nouveau record personnel sur 400 mètres : 45 secondes 44 au cœur de l'été. Mais également des blessures aux pires moments, le privant des Mondiaux, puis des Europe. En 2023, Fabrisio Saïdy veut tourner le dos aux frustrations. "J'ai des objectifs élevés. Voilà tout ce que je peux dire. J'aime aller au bout de l'effort. Me surpasser. Même si je suis un athlète fragile. Alors que faut-il me souhaiter pour 2023 ? La santé. Le reste, je m'en occupe."
Il s'en occupe et plutôt bien. En fin d'année dernière, le Réunionnais a obtenu son Bachelor en sport business. "À mes yeux, il a toujours été important d'avoir un double projet. Si le sport s'arrête demain, je n'aurais aucun mal à m'insérer dans le monde professionnel." Fabrisio reconnaît que l'écriture de son mémoire a pris du retard. Son absence aux JO de Tokyo ayant entraîné chez lui, le besoin de faire un break complet. Heureusement, le mémoire a pu être finalisé dans les temps. Bachelor validé. "C'est aujourd'hui une grande fierté pour mes parents et toute ma famille."
Paris 2024, mon amour
L'histoire ne dit pas s'il y pense tous les matins en se rasant. Mais il y pense. Souvent. Les JO. Ses premiers JO. Paris 2024. "Depuis que j'ai quitté La Réunion, je vise ce rendez-vous. Je vous prépare une surprise." En individuel ? "Absolument. Je me sens déjà beaucoup plus fort qu'en 2019. Alors imaginez dans un an… Je veux qu'en finale, la foule crie mon nom. Je me laisserai alors porter par le public. Et n'oubliez pas que je ne serai pas l'unique Français en finale. Voilà l'autre surprise."
Ambitieux, Fabrisio Saïdy. Gonflé à bloc. Diplômé. Et désormais licencié dans un nouveau club. "J'ai rejoint le CA Montreuil. Un club du 93. Ça me rapproche du Stade de France !" Et dès cette année, le Réunionnais va pouvoir découvrir les joies des Interclubs. "Ça fait longtemps que ça me titillait. J'avais envie de connaître ça." Et que les inquiets se rassurent. Durant ces Interclubs, Fabrisio ne s'alignera pas sur des disciplines un peu trop exotiques pour lui. "Aucun risque que je me blesse. Je ferai le 400 et le relais. Point barre. Dans les autres disciplines, je n'apporterais pas beaucoup de points de toute façon. En revanche, le titre aux Interclubs avec Montreuil, je le veux !"