L'avocat pénaliste Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui a défendu entre autres Jean-Christophe Mitterrand, Anne Lauvergeon, Bernard Laporte ou le groupe Vinci, est décédé à l'âge de 83 ans, ont annoncé jeudi ses associés Fanny Colin et Alexandre Merveille, confirmant une information de Marianne.
Connu pour ses nœuds-papillons et son franc-parler, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, surnommée "Tonton", avait prêté serment en 1965.
Après plus de vingt ans de droit des affaires et de litiges entre entreprises et commerçants, il est tombé dans la "marmite pénale" à la demande d'un de ses partenaires de poker, avait-il raconté à l'AFP lors d'un entretien en 2020. "Je ne savais rien du pénal, j'ai découvert l'horreur", s'était-il esclaffé, "quand vous faites du droit commercial, ce qui est écrit dans les livres est à peu près appliqué, au pénal non".
Les hommages de la profession
Au cours de sa longue carrière, Me Versini-Campinchi, qui travaillait beaucoup la nuit, a défendu entre autres le géant des travaux publics Vinci, un fils de président, Jean-Christophe Mitterrand, dans l'affaire de l'Angolagate, et, plus récemment, l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon et le patron du rugby français Bernard Laporte.
Il a également défendu, aux côtés de Me François Saint-Pierre, Maurice Agnelet accusé d'avoir tué Agnès Leroux, la riche héritière niçoise disparue à l'automne 1977 et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
"Avocat courageux, il n'hésitait pas à prendre des risques et à défendre les causes les plus difficiles", lui a rendu hommage sur X (ex-Twitter) la bâtonnière du barreau de Paris, Me Julie Couturier. La mémoire du pénaliste a été saluée par plusieurs avocats sur X. "Jean-Pierre Versini-Campinchi osait tout avec grande intelligence et humour! Triste...", a écrit Me Marie-Alix Canu-Bernard.
Dans son livre Papiers d'identités (Éditions du Cerf) paru en 2020, il racontait en 300 pages ses origines, sa vie et sa carrière en assénant au passage quelques-unes de ses vérités sur la France du XXIᵉ siècle et son système judiciaire.
Né le 12 novembre 1939 à Paris d'un père corse et d'une mère antillaise, issu d'une famille d'avocats et de magistrats, il a grandi à Ambleny (Aisne) et se considérait "donc comme gaulois". "Je suis un vieil avocat. Mais être encore avocat à 80 piges, ça veut dire qu'on a duré. C'est déjà pas mal", avait-il confié à l'AFP en 2020.