L'épéiste calédonien Aymerick Gally cultive son calme intérieur pour mieux enflammer la piste

L'épéiste calédonien Aymerick Gally.
Aymerick Gally a plusieurs armes. Son épée bien sûr. Son physique également. 1 mètre 95. Sans oublier son mental. Qu'il affûte. Encore et encore. Objectif affiché pour le Calédonien qui s'entraîne à l'INSEP : devenir l'un des meilleurs épéistes de la planète. Comme tous ces illustres tricolores qui l'ont fait rêver jadis.

Aymerick Gally est né en 1997. Mais sa naissance à l'escrime remonte à 2008. Les Jeux Olympiques de Pékin. Depuis Nouméa, le jeune Aymerick découvre fasciné, la compétition d'épée. "J'avais onze ans. Je commençais la pratique. Et ce que je voyais à l'écran m'a tout de suite passionné. J'avais même un poster de l'équipe de France dans ma chambre ! Ça m'a donné envie de faire partie de ces Bleus. Faire partie des plus grands." Fabrice et Jérôme Jeannet, Ulrich Robeiri… Le Calédonien veut marcher sur leurs traces. Il va y arriver. Même si cela va prendre du temps.

Le Calédonien Aymerick Gally version minot.

Le prince de l'Océanie a souffert

Pour Aymerick Gally, les premières années de la pratique de l'escrime ont rimé avec succès. "En Nouvelle-Calédonie, je remportais les compétitions avec beaucoup de facilité. Sauf que je n'avais pas du tout idée du niveau qui régnait ailleurs." Ses premiers championnats de France dans l'Hexagone ressemblent ainsi à une douche froide. Un réveil cruel. "Je me souviens que j'ai perdu au premier tour. Sans contestation. Une bonne claque derrière la tête. Ce jour-là, la réalité m'a rattrapé." 

Septembre 2014 : Aymerick quitte son cher caillou. Il pose ses valises à Rodez. Phase de réapprentissage. "J'étais alors junior 1 et mes deux premières années ont été compliquées. Je ne participais qu'à des compétitions nationales. J'ai dû attendre d'être junior 3 pour commencer à sortir des frontières." La mise à niveau prend du temps. "Je dirais qu'il m'a fallu trois ans pour m'imposer chez les jeunes. Et ce n'est pas fini. Encore aujourd'hui chez les seniors, je me bats pour faire ma place."

L'épéiste calédonien Aymerick Gally (à droite) en pleine action.

Sa place à l'INSEP

Deux ans à Rodez. Un an et demi au Pôle espoirs de Reims. Puis la consécration. Le Graal. En 2018, le Calédonien intègre l'INSEP. Rejoignant ainsi les ténors tricolores de l'épée. "Ça faisait bizarre. D'un seul coup, je m'entraînais avec ceux que je voyais à la télé." Aymerick Gally en profite. Il apprend. Échange. "Je suis très proche de Yannick Borel et Daniel Jérent." Leur pose des questions. Beaucoup. "Encore aujourd'hui. Je n'arrête pas de les interroger. Ils ont un tel parcours, un tel vécu. C'est fantastique. D'ailleurs, je considère un peu Dany Jérent comme mon mentor." 

Aymerick n'a pas encore le palmarès de Borel ou Jérent. Pourtant, il a déjà connu les Jeux Olympiques. En 2021 à Tokyo. "Attention, je n'ai pas vraiment participé aux JO au Japon. J'étais remplaçant 1. Je me suis plutôt vu comme un sparring-partner." Un sparring qui a tout de même pu engranger de l'expérience. "C'est vrai. J'ai eu la chance de faire le stage terminal. Ça m'a permis de découvrir comment appréhender une épreuve aussi énorme que les Jeux."

Le calme est sa clé

Le Calédonien est curieux. De tout. Il a conscience que son fort caractère lui joue souvent des tours sur la piste. Alors, il cherche. En 2019 à la FNAC, Aymeric tombe par hasard sur le livre qui va tout chambouler : "Le calme est la clé" de l'Américain Ryan Holiday. "Ce livre est devenu ma petite bible. Il m'a permis de dompter mes émotions. Mon mental s'est transformé en atout." Dans la foulée de cette lecture, il monte sur son premier podium en Coupe du Monde. À Doha, il décroche l'argent. Seulement battu par un certain Yannick Borel. "C'est une compétition référence pour moi. Depuis, je travaille aussi avec une préparatrice mentale. Les domaines de la psycho et du développement personnel me passionnent."

L'année 2023 s'annonce bien remplie pour Aymerick Gally. Championnats d'Europe et du Monde. Ceci étant, l'agenda des épéistes se vide souvent fin août / début septembre. "J'en profite pour rentrer chez moi en Calédonie. Quatre semaines en général. J'en ai besoin." L'occasion pour lui de retrouver Murielle, sa mère et Stanislas, son père. "Même si mon père est d'origine martiniquaise, je suis né à Nouméa. J'ai vécu en Calédonie jusqu'à mes dix-sept ans. Toutes mes attaches sont là-bas." À tel point qu'Aymerick aimerait relancer l'escrime dans son territoire. "Il n'y a plus de Ligue sur place. Il faudrait en recréer une." Et si Aymeric sait cultiver son calme, il est également doté d'une détermination à toute épreuve...

"Le calme est la clé" de l'auteur américain Ryan Holiday aux éditions Alisio.