"L'État a-t-il protégé nos compatriotes ultramarins ?" : des sénateurs enquêtent sur la lutte contre le Covid-19 dans les Outre-mer

Les couloirs du CHC
Plusieurs territoires d'Outre-mer connaissent une flambée de l'épidémie de Covid-19. Face à cette crise sanitaire, la mission d'information du Sénat se penche sur la gestion de la pandémie dans les Outre-mer. Les conclusions sont attendues en octobre.

Est-ce que tous les moyens ont été mis en place par l’État pour gérer la crise sanitaire dans les Outre-mer ? C’est à cette question que va tenter de répondre la mission d'information du Sénat sur les conséquences de l'épidémie de Covid-19. Opérationnelle depuis plusieurs mois, elle a annoncé ce mardi qu’elle allait enquêter sur la gestion de la crise en Outre-mer. “Il s’agit de comprendre comment on est arrivé à cette situation”, explique le sénateur écologiste Bernard Jomier, qui préside la mission. 


Situation critique dans plusieurs territoires ultramarins

"Les Outre-mer aujourd'hui sont des territoires dont les populations sont particulièrement exposées au virus et où les outils de lutte contre la pandémie ne sont pas assez opérants, ne sont pas déployés de façon satisfaisante, ce qui permet au virus de faire des ravages”, constate Bernard Jomier. 

Face à cette situation, la mission d’information est chargée d’évaluer les mesures mises en place par l’État lors de la propagation de la pandémie dans les territoires ultramarins. “On voit bien qu’il y a une poussée de l’épidémie qui est extrêmement importante dans les Antilles, en Guyane, mais également en Polynésie. Les hôpitaux et le système de santé sont totalement saturés et débordés. Ils n’arrivent plus à faire face dans des conditions satisfaisantes”. 

Hôpitaux débordés, services de réanimation qui arrivent à saturation, personnel soignant submergé... Aux Antilles et en Polynésie, la situation est critique depuis plusieurs semaines. Des renforts pour prêter main-forte au personnel soignant mobilisé sur place sont partis de l'Hexagone ces derniers jours. Mais les patients continuent d'affluer. 

 

“L’intensité de la vague épidémique est gravissime” 

Bernard Jomier, président de la mission d'information


La faible vaccination dans les Outre-mer interroge

"La faible adhésion à la vaccination d’un certain nombre de personnes dans la population a été identifiée depuis très longtemps, reconnaît le sénateur. Elle a été identifiée en Guyane dès le mois de février - mars alors que les vaccins étaient largement disponibles, et aux Antilles aussi. Il faut comprendre ce que l’État, les autorités sanitaires, ont mis en œuvre pour tenter d’y remédier.

On va regarder quelles mesures ont été prises dans les Outre-mer pour lutter contre l’épidémie, qu’est-ce qui a été fait pour augmenter de façon rapide le taux de personnes vaccinées”, précise Bernard Jomier.  

Mais si les campagnes de vaccination ainsi que les moyens alloués pour encourager les populations à se faire vacciner contre le Covid-19 seront étudiés, Bernard Jomier entend également dresser un état des lieux global de la gestion de crise dans les Outre-mer. “Il s’agit à la fois d’évaluer les politiques qui sont menées par le gouvernement et de faire des propositions, des recommandations sur la stratégie sanitaire, vaccinale et dans le domaine économique et social”.

25,8% de la population réunionnaise a reçu une première dose de vaccin contre le covid-19

Réfléchir à de nouvelles mesures pour lutter contre le Covid-19

Quel accompagnement pour les entreprises dont l’activité a été pénalisée par la pandémie ? Comment les ménages ont-ils été aidés ? En plus des mesures sanitaires, la mission va s’intéresser aux moyens mis en place pour accompagner les populations ultramarines pendant les confinements et les restrictions sanitaires. “On va aussi regarder les conséquences économiques et sociales. Les autorités de l’État vont nous expliquer les actions qu’elles ont menées. Si c’est nécessaire, nous nous déplacerons”, détaille le président de la mission d'information.

Les acteurs locaux de la gestion de la crise sanitaire seront auditionnés par la mission d'information entre les mois de septembre et d'octobre. Deux mois à l’issue desquels les parlementaires espèrent pouvoir faire des recommandations qui seront utiles pour la suite de la pandémie. “Est-ce que tout a été fait pour protéger nos compatriotes ultramarins des ravages de l’épidémie ? C’est ça que nous voulons regarder, c’est ça que nous voulons comprendre”, achève Bernard Jomier. 

Interview de Bernard Jomier - Outre-mer La 1ère 

Bernard Jomier, sénateur et président de la mission d'information sur le confinement