La gâchette polynésienne. Un travailleur acharné. Une détermination inébranlable. Voilà ce qui définissait Georgy Adams sur les parquets. Antibes, le CSP Limoges ou l'ASVEL peuvent en témoigner. En 2021, sa vie n'a pas beaucoup changé. Toujours levé à l'aube. Pour travailler. Donner. Transmettre. Et cerise sur le beau gâteau du destin : Georgy va devenir grand-père en mai prochain. "Lorsque ma fille Tareina me l'a annoncé, j'ai ressenti une joie indescriptible. C'est juste exceptionnel. Une nouvelle génération arrive. Je suis aux anges. Ça fait réfléchir aussi. Comment faire pour devenir le meilleur papy possible ? En tout cas, nous serons là pour la naissance et voir cet enfant grandir. Fantastique…"
Bienvenue chez les Adams !
Georgy dans son nouveau rôle de grand-père, est attendu pour mai prochain. Les enfants grandissent et font des enfants à leur tour. Suite logique. En revanche, retrouver le Polynésien dans des habits d'hôtelier relève du complet hasard. Tout cela à cause… d'une compétition de beach-soccer. "Tahiti accueillait la Coupe du Monde en 2013. Reynald Temarii, le ministre des Sports à l'époque m'a demandé si je n'avais pas des chambres à louer pour l'occasion. Nous avons logé des journalistes étrangers pendant toute la compétition. Un super souvenir. Ces derniers nous ont vite demandé s'il serait possible de revenir avec leur famille. Nous nous sommes pris au jeu. L'aventure a officiellement commencé un an plus tard."
Un an plus tard, c'est-à-dire après d'importants travaux pour tout mettre aux normes. Rendre les chambres encore plus confortables. Au point d'en faire l'un des lieux préférés à Papeete selon Tripadvisor. "Les touristes viennent d'un peu partout. Ils sont souvent en transit. Ils passent deux ou trois jours à la maison. Je me lève à quatre heures du matin pour préparer le buffet du petit-déjeuner. Mais la vraie patronne des lieux, c'est Martine, mon épouse. Je ne suis que le mari. Martine n'a pas son pareil pour accueillir et dorloter nos clients. Certains soirs, on leur propose même des repas polynésiens. À base de poissons bien sûr. C'est hyper cool."
Seul leader du basket polynésien
Dès que Georgy l'hôtelier a fini de servir les petits-déjeuners, Adams l'éternel basketteur va retrouver les parquets. "Les Polynésiens veulent absolument que je sois sur le terrain. Au quotidien." Pour cela, l'ancien champion a deux tenues. Le costume pour administrer la Fédération polynésienne de basket. Et le survêtement pour les entraînements du Centre Fédéral local. "Je gère les sélections filles et garçons des 12, 13, 14 et 15 ans. Il y a une attente. Les jeunes sont plutôt réceptifs. Mais je manque cruellement de cadres formés. Pour cela, le Covid a été terrible."
La pandémie de Covid. Débutée il y a bientôt deux ans. "Un moment terrible. Tout a fermé ici. Même l'aéroport. Pendant trois mois, nous nous sommes retrouvés coupés du monde." Heureusement aujourd'hui, la situation est meilleure. Les touristes commencent à revenir. La vie reprend. Mais les finances demeurent exsangues. "Environ 60 % de notre budget fédéral a été mobilisé pour soigner les malades. Je le comprends tout à fait. Sauf que cela a empêché un grand nombre de gamins de passer leur diplôme professionnel comme prévu. D'où mon manque croissant de nouveaux cadres formés aux métiers du basket."
Un Polynésien bientôt chez les Bleus ?
Georgy Adams fut le premier. Premier basketteur polynésien à porter le maillot de l'équipe de France. Premier et toujours unique à ce jour. "J'ai d'ailleurs bien peur de rester l'exception pour encore un bon bout de temps." Alors que les Antilles ou la Guyane fournissent régulièrement d'importants bataillons de joueurs aux Bleus ou à la NBA, la Polynésie en est incapable. "C'est avant tout un problème de mentalité. Quand j'étais minot, je ne vivais que pour le basket. Debout à 5 h 00 du matin afin d'aller travailler mon shoot. Tout seul. À la salle. Alors que la génération actuelle se lève péniblement à 9 h 00. Ils sont moins concernés. Bien sûr, ils rêvent de NBA. Mais ils voient ça comme un film. Sans réaliser tout le travail que cela exige."
Tout ce travail qui permet un jour de tutoyer les étoiles. Comme l'été dernier. Lorsque l'équipe de France masculine a décroché l'argent olympique aux JO de Tokyo. "J'étais au paradis. Les Bleus m'ont donné des frissons. Quand tu as porté ce maillot tricolore, tu fais partie de cette famille toute ta vie. C'est un symbole fort, au-dessus de tout. J'ai donc l'impression que cette médaille nous appartient un peu aussi. Et je pense sincèrement qu'ils auraient pu réaliser le hold-up parfait : battre les Américains. Mais ce n'est que partie remise. On les tapera à Paris en 2024 !"
Georgy Adams l'a compris. Le basket tricolore a besoin d'une victoire contre la Dream Team. Comme un déclic. Nécessaire. Libérateur. En 1992 déjà, le Polynésien avait pu affronter cette bande d'extraterrestres. "Ça se passait à Monaco dans le cadre de la préparation aux JO de Barcelone. Les Américains avaient invité l'équipe de France pour un match amical." Moment unique dans la carrière du basketteur. "J'y pense encore tous les jours. Nous sommes restés trois jours à Monaco et je me rappelle chaque instant. Magic Johnson, Larry Bird, Charles Barkley… Que des dieux vivants !" Contre ses idoles, le Polynésien termine deuxième meilleur marqueur de la rencontre. 18 points. Derrière un certain Mickael Jordan. "Dans le couloir pour regagner les vestiaires, Jordan m'a donné une petite tape sur les fesses et m'a dit : good game, Mister Adams ! C'est gravé en moi. À tout jamais. Après ça, je peux mourir tranquille." Oui enfin, le plus tard possible quand même.