C'est un rapport d'un organisme commun à l'Iedom, l'AFD et l'Insee qui l'affirme : les économies des Outre-mer, particulièrement des DOM, ont moins souffert des conséquences de la crise sanitaire que l'Hexagone. Mais la reprise économique est "extrêmement incertaine", précise le CEROM.
Quelles sont les conséquences économiques de la crise sanitaire du Covid-19 en Outre-mer ? Un rapport du CEROM (Comptes Économiques Rapides pour l’Outre-mer), rédigé par les experts de l'Iedom, de l'AFD et de l'Insee, tentent d'en faire un premier bilan. Premier constat : les départements et régions d'Outre-mer (DROM) apparaissent comme les territoires les moins affectés du fait du poids plus important du secteur non marchand dans leurs économies.
L’impact économique du premier confinement sur le PIB apparait moindre dans les DOM qu’en métropole (-18 % à Mayotte, -20 % à la Martinique et à la Guadeloupe, -25 % en Guyane et -28 % à La Réunion contre -33 % de baisse d’activité en France).
Exportations en chute libre, tourisme en berne
Selon le rapport, les exportations ont particulièrement souffert. "La crise sanitaire a entraîné aux Antilles et en Guyane un effondrement des exportations, notamment aux Antilles dans les filières canne-sucre et fruits et légumes suite à l’arrêt des expéditions vers la métropole et en Guyane du fait de la déprogrammation de tous les lancements prévus par le centre spatial".
Autre secteur clé atteint de plein fouet, le tourisme : "le confinement a entraîné au cours de cette période une chute de l’activité touristique dans l’ensemble des territoires ultramarins, avec par exemple une diminution de moitié des nuitées dans l’hôtellerie en Polynésie française au mois de mars".
La fermeture du ciel dès la fin mars 2020 a eu un impact considérable : "Dès le premier trimestre 2020, le nombre de passagers internationaux arrivés par avion dans l’ensemble des territoires ultramarins a reculé de 17 % avant une chute de 89 % au deuxième trimestre. Alors que la majorité des secteurs d’activité a pu enregistrer une amorce de reprise à partir du mois de mai, le tourisme a continué d’afficher une situation économique très dégradée."
Conséquences sur l'emploi
La crise sanitaire est venue interrompre une dynamique de l'emploi qui était favorable dans les Outre-mer en 2019. A partir du deuxième trimestre 2020, la baisse des recrutements a été forte : la diminution a été de 3,5 % en Polynésie, de 3,2 % en Martinique, de 1,8 % en Nouvelle-Calédonie et de 1,7 % en Guadeloupe. Seules la Guyane et La Réunion ont continué d’enregistrer une hausse de l’emploi salarié (respectivement de 0,5 % et 0,7 %).
Épargne en hausse
Comme dans l'Hexagone, le premier confinement a entraîné, dans les Outre-mer, une diminution de la consommation des ménages et mécaniquement une hausse de l'épargne "forcée". "A fin juin 2020, après la fin du premier confinement, l’encours total d’épargne liquide des ménages ultramarins a enregistré une progression en glissement annuel comprise entre 8,5 % (COM du Pacifique) et 12,9 % (bassin Océan indien) contre 10,6 % pour la France".
Reprise incertaine
Le CEROM se montre très prudent quant à la reprise économique, tout en notant que "depuis la fin du premier confinement, un certain nombre d’indicateurs affiche des signes de reprise encourageants, notamment sous l’effet des dispositifs de soutien aux entreprises mis en place par les pouvoirs publics". Mais le rapport souligne que "toutefois les inquiétudes demeurent nombreuses, rendant extrêmement incertaine la reprise économique dans les Outre-mer."
Le rapport CEROM