Avec Les Echaînés, qui suit les aventures de Victor condamné à tort au bagne, Franck Chanloup signe un premier roman empreint d’aventure et d’un souffle épique qu’il doit à la narration des bagnes, de Toulon à Nouméa… Il est l’invité de L’Oreille est hardie.
C’est avant tout un roman d’aventure. C’est ainsi que Franck Chanloup l’a écrit, conçu, un peu (beaucoup ?) à la mode de ces romans qui faisaient florès en cette période, fin 19ème / début 20ème siècle… Dans Les enchaînés (paru aux éditions Au vent des îles), le récit s’étire entre 1865 et 1873 ; nous suivons les tribulations du jeune Victor, d’abord du côté du Mans où il vit avec sa famille comme peuvent vivre parfois les misérables de l’époque en commettant moult larcins, pour ramener de quoi manger dans les assiettes, et autres crimes.
Et c’est pour l’un d’entre eux - dont d’ailleurs il n’est pas l’auteur -, que Victor va écoper de neuf ans d’emprisonnement. Et que va alors commencer sa terrible histoire. Le titre Les enchaînés fait bien sûr référence au bagne, l’une des pièces maîtresses du système carcéral français de l’époque, bien que décrié par une partie de l’opinion pour les conditions inhumaines qui y régnaient.
Victor quittera les geôles du Mans direction le bagne de Toulon. Puis embarquement à bord du navire la Danae pour les « colonies », en l’occurrence direction le bagne de Nouvelle-Calédonie en compagnie, entre autres, de communards condamnés à l’exil et au bagne sur le Caillou. Les communards et la Commune - dont on va commémorer le 150ème anniversaire - sont d’ailleurs très présents en évocation dans le roman…
Une histoire, des personnages, enquête d'auteur
Franck Chanloup vit en Nouvelle-Calédonie depuis une vingtaine d’années. Dans les tiroirs de ce fou de littérature, déjà plusieurs romans dont la plupart lui a été inspiré par ce Caillou où il a choisi de poser un jour ses valises mais Les enchainés est le premier publié. La fin du 19ème siècle l’inspire en particulier non seulement pour ce qu’était la Nouvelle-Calédonie mais aussi pour tout ce qui s’y déroulait en général en France et il ne serait pas surprenant de revoir cette période revivre sous sa plume.
En attendant, c’est l’enfer du bagne que l’on pourrait littéralement toucher du doigt qu'il fait revivre dans son premier livre publié. Franck Chanloup le raconte dans l'émission L’Oreille est hardie : les nombreuses lectures sur ce qu’étaient ces lieux, sur la façon dont la vie s’y organisait entre bagnards, sur le travail des officiers chargés d’y faire respecter l’ordre et des gardiens chargés de la surveillance, ont largement contribué à planter les décors. Les très riches références aux parlers et argots de l’époque lui ont aussi permis de faire vivre en dialogues et en pensées les personnages de ce roman, tous inspirés de profils de prisonniers, de bagnards ou d’officiers que l’ont pouvait retrouver dans cette période.
Un premier roman réussi sur le pari de la narration : l’écriture est âpre comme il sied à l'histoire de la vie des bagnards ; les personnages qui vont et viennent, qui vivent et meurent, ont de l’épaisseur et l’imagination de l’auteur est suffisamment foisonnante pour nous tenir en haleine tout au long de l’itinéraire du jeune héros Victor, voire même pour nous laisser espérer à la fin, une suite... A lire donc, Les enchaînés pour son histoire palpitante, pour ses personnages hauts en couleurs, pour l’évocation en toile de fond des bagnes, pour la Nouvelle-Calédonie, pour l’aventure… et pour l’histoire d’amour qui s’y dessine en filigrane.
Pour faire plus ample connaissance avec Franck Chanloup et en découvrir un peu plus sur son premier roman Les enchaînés, écoutez L'Oreille est hardie ICI
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