Estelle Youssouffa connait déjà bien les couloirs de l’Assemblée nationale. Pas en tant que députée, mais comme journaliste, "du côté de la salle des Quatre colonnes, à poser des questions et pas à y répondre". Désormais, elle se trouve de l’autre côté des micros : "Je suis très très honorée, très intimidée aussi, mais très fière de représenter Mayotte. Le palais Bourbon, c’est la maison du peuple. C’est très émouvant et très puissant."
"La liberté de voter selon ses convictions"
Après dix mois de campagne électorale intense, Estelle Youssouffa n’a pas encore eu le temps de souffler. Élue dimanche soir, elle a pris l’avion dès le lendemain soir, direction Paris. Sa première journée, nécessaire, ne sera pas la plus passionnante. Il s’agissait de "faire toute la paperasse, et Dieu sait qu’il y en a" : photo officielle, badge, emails, réception de la fameuse "petite mallette, comme pour la rentrée scolaire", avec l’écharpe tricolore, la cocarde pour la voiture. Puis des échanges avec les administrateurs de l’Assemblée nationale autour des questions éthiques mais aussi les questions pratiques et financières pour la constitution de son équipe de collaborateurs.
Une fois ce long parcours terminé, place aux discussions politiques afin de choisir dans quel groupe siéger. Estelle Youssouffa a choisi d’adhérer au Groupe UTIL, pour Ultramarins, Territoires, Insularité et Territoires. Ce groupe rassemble des élus corses, des députés de centre-droit, d’autres de gauche hors Nupes, et plusieurs Ultramarins venant de Saint-Pierre et Miquelon, de Guadeloupe, Martinique, Mayotte ou encore Wallis-et-Futuna.
"Ce n’est pas un groupe uniquement composé d’Ultramarins. C’est un groupe au centre, avec la liberté de voter selon ses convictions, constitué avec beaucoup d’Ultramarins, explique Estelle Youssouffa. On est pour la plupart sans étiquette, au centre, et avec la capacité de s’unir selon les problématiques communes aux Ultramarins." Ce nouveau groupe se situera dans l’opposition à Emmanuel Macron, mais de façon constructive : "On ne s’interdit pas de voter sur les projets si le gouvernement répond à nos attentes."
"Tous les sujets sont urgents à Mayotte"
Dans cette Assemblée nationale à la physionomie inédite, morcelée et sans majorité claire, Estelle Youssouffa espère pouvoir peser davantage pour Mayotte avec son groupe qui pourrait servir "d’appoint pour les alliances".
Evidemment, ses priorités sont nombreuses : "Mayotte, c’est l’île de toutes les priorités et de toutes les urgences. La première, c’est la sécurité qui paralyse toute notre île. Notre urgence, c’est la lutte contre l’immigration clandestine et l’égalité sociale. Mais aussi de gros problèmes d’infrastructures, un manque d’eau potable. Tous les sujets sont urgents à Mayotte."
L’Assemblée nationale commencera véritablement ses travaux la semaine prochaine. "Je suis impatiente de me mettre au travail pour Mayotte, dit-elle encore. Très très impatiente. Je suis fatiguée, rincée, mais impatiente. J’ai hâte de faire avancer nos dossiers et de pouvoir contribuer à ce que la vie au quotidien s’améliore pour nous à Mayotte. C’est un impératif."