[Portrait] Coronavirus : un restaurateur antillais dans la tourmente en région parisienne

Didier Gobardhan, le patron guadeloupéen du Diwali à Rueil-Malmaison, ne cache pas son inquiétude. La crise sanitaire du coronavirus a mis son restaurant, distinguée par deux Toques dans le célèbre guide gastronomique Gault et Millau, dans une situation délicate. 
Au mois de mars dernier, Didier Gobardhan a donné un tour de clés dans la serrure de son restaurant de Rueil-Malmaison, en région parisienne. A l'annonce du confinement, il a fait ses valises et a pris un billet d'avion pour rejoindre sa famille, chez lui, au Portugal. Depuis 2016, le restaurateur fait la navette entre les deux pays. 
 

"Une affaire magnifique"

 Avant la crise sanitaire du coronavirus, Didier Gobardhan, originaire de Saint-Claude en Guadeloupe et très attaché à son île où il compte de nombreux amis, s'interrogeait déjà sur l'avenir de son restaurant. Il avait même signé un compromis de vente il y a un an.
 

La restauration est un métier qui demande de nombreux sacrifices. Recruter un personnel formé à nos spécialités indiennes et antillaises est un défi en France et puis, il y aussi ma vie personnelle, je suis loin de ma femme et de ma fille.
Didier Gobardhan, patron du restaurant le Diwali 


Malheureusement, le repreneur s'est rétracté au dernier moment. Loin de s'apitoyer sur son sort et de baisser les bras, Didier Gobardhan décide de relancer son affaire. "J'ai sollicité à plusieurs reprises les instances administratives pour recruter du personnel. En vain. J'ai aussi envoyé des centaines d'e-mails, passé des centaines de coups de fil pour recruter... Les demandeurs d'emploi dans le secteur ne répondent pas, ne viennent pas au rendez-vous ou lorsqu'ils viennent, ne connaissent rien ou pas grand-chose à la restauration et encore moins aux spécialités culinaires indiennes et antillaises que nous proposons dans ce restaurant", affirme
le restaurateur. 

A force de ténacité, Didier Gobardhan croit avoir formé une équipe "magnifique", composée essentiellement de Mauriciens recrutés sur place. Le restaurant au décor à la fois référencé et fastueux annonce d'emblée le sérieux de la maison. L'affaire se relance et marche même très bien avec 80 couverts par service.
 

Ici, les spécialités indiennes comme le poulet tikka, les cailles tandoori ou l'agneau tikka massala sont reproduites avec une technique remarquable, une connaissance des équilibres et des recettes qui justifie la mention.
Guide gastronomique Gault et Millau.


La clientèle est fidèle et la présence régulière de nombreux "people", comme Lilian Thuram, Pascal Légitimus ou encore Jean-Claude Naimro du groupe Kassav, participe à la notoriété du restaurant. 

Mais cette "dream team" sur laquelle s'appuyait et se rassurait au quotidien Didier se heurte, malgré de nombreuses démarches de déclarations et autres, à des complications administratives particulièrement lourdes qui l'obligent, une nouvelle fois, à tout recommencer à zéro.

Un brin désespéré, l'idée de céder son fond de commerce surgit à nouveau. Le restaurateur guadeloupéen reçoit une offre de reprise et la date de signature est fixée au 23 mars 2020. Cette fois, le sort du restaurant semble scellé.  
 

Survivre à cette crise sanitaire

Malheureusement, c'était sans compter sur l'arrivée de la pandémie de Covid-19 en France. Le coup de semonce est brutal et désormais l'avenir devient incertain. 

Nous avons été contraints de fermer le restaurant avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer. C'est vrai pour moi, c'est vrai pour toute la profession qui aujour'hui s'interroge sur l'avenir. Aucune date de réouverture n'est connue à ce jour. 
Didier Gobardhan, patron du restaurant le Diwali 


Malgré ce contexte, il faut payer tous les mois le loyer de 9000 euros et les charges qui, si elles sont repoussées, devront tout de même être acquittées.

Le futur acquéreur, lui, se montre fébrile à l'idée de racheter l'affaire dans un contexte aussi tendu. Comment ne pas le comprendre. La signature est repoussé au 30 avril prochain. "Je suis très inquiet, je crains qu'il ne se retire", affirme le restaurateur qui précise, "dans l'hypothèse où il renonce, je suis bien décidé à relancer une nouvelle fois la machine, je ne lâcherai pas cette affaire." 

Se ressoucer en famille

Chez lui, au Portugal, Didier Gobardhan retrouve un peu de réconfort et de sérénité auprès de sa famille. "Ici, nous sommes 'relativement' préservés du Covid-19. Nous sommes vigilants, nous ne pouvons quitter la ville, mais les restrictions sur les sorties sont plus souples et, à ma connaissance, il n'y a pas de contraventions." 

Didier a le sentiment d'avoir une épée de Damoclès sur la tête avec des échéances financières et une profonde incertitude sur l'avenir de son affaire, mais ce Guadeloupéen, très attaché à ses racines, a de la ressource. "Je rebondirai d'une façon ou d'un autre", conclut-il.