La fillette haïtienne découverte dans un bagage à main à bord d'un vol Air France : symbole du drame de l'adoption en France ?

La femme et la petite fille haïtienne de 4 ans ont embarqué à bord d'un vol Air France Istanbul-Paris
La femme qui a embarqué à bord d'un vol pour Roissy en cachant l'enfant tentait de l'adopter depuis 4 ans. Elle s'est heurtée à de nombreuses difficultés pour lui obtenir un visa, ce qui expliquerait son geste désespéré.
L'histoire de la petite haïtienne cachée dans un sac pour embarquer sur un vol Air France entre Istanbul et Paris a largement été relayée par internet. L'affaire illustre  les grandes difficultés qu'ont les Français à adopter des enfants étrangers, notamment haïtiens.

Le 24 février, la Française veut rentrer dans son pays avec la fillette de 4 ans. Depuis 2012, elle a entamé une procédure d'adoption et a obtenu la garde légale de la mineure par une décision du tribunal civil de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti. Mais elle a dû faire face à nombre de refus de visa de la part de l'administration française.

Voyage rocambolesque

En compagnie de l'enfant, elle prend donc un avion à Saint-Domingue, en République Dominicaine, direction la Turquie, où les ressortissants Haïtiens n'ont pas besoin de visa pour entrer. Selon une source proche du dossier, elles ont ensuite essayé de prendre un bus pour la Bulgarie puis un avion pour la Belgique. Les deux fois, elles sont stoppées, car la petite fille n'a pas de visa pour pénétrer dans l'espace Schengen.

Après que l'accès à l'avion leur soit refusé une nouvelle fois, la petite n’ayant pas de titre de transport, la femme décide de prendre un billet pour la France et de la cacher dans son bagage à main. Elles parviennent à embarquer incognito.

Cachée sous une couverture

C'est après une heure et demie de vol que la fillette est découverte. Selon Air France, la femme a fait plusieurs allers-retours aux toilettes, un sac à la main, vraisemblablement pour faire sortir l'enfant qui est ensuite dissimulée sous une couverture, à ses pieds. Son attitude éveille les soupçons des passagers. Ils avertissent immédiatement le personnel de bord qui demande la présence d'autorités au sol.

Après une garde à vue, la femme est laissée libre, après notification d'un rappel à l'ordre. Le tribunal de Bobigny n'a pas reconnu l'incrimination de mis en danger de la vie d'autrui. Selon nos informations, la mineure fait l'objet d'une procédure de non-admission et a été placée en zone d'attente où elle se trouve toujours. Un administrateur ad hoc a été désigné pour la suivre. Elle devrait être renvoyée en Haïti pour retrouver ses parents.

Adopter : "un véritable parcours du combattant"

Pour Olivier Janne, président de l'association des parents adoptifs d'enfants d'Haïti, les adoptions d'enfants haïtiens sont "très bordées. Il faut près de 30 étapes avant de pouvoir adopter et c'est de plus en plus difficile. L'adoption est un véritable parcours du combattant", déplore-t-il. Et d'ajouter : "les personnes doivent passer par une association, par le ministère des affaires étrangères en France et en Haïti et bien d'autres institutions. Pendant ce temps-là, qui peut durer 3 à 4 ans, les enfants sont seuls, placés dans des crèches sur leur île", conclut-il.

Regardez le reportage de France Ô / La1ère :