La finale du concours "Ma thèse en 180 secondes" a eu lieu mercredi 5 juin à Nice. Parmi les finalistes, la Guadeloupéenne Aïcha Loïal, venue présenter sa thèse sur la "Compréhension de la plasticité comportementale des populations d’Aedes aegypti [espèce de moustique, NDLR] pour améliorer la surveillance et la lutte antivectorielle". Un sujet complexe qui nécessite un devoir de vulgarisation, l'objectif de ce concours. La chercheuse à l'Institut Pasteur de Guadeloupe repart avec le prix du public. Depuis Nice, Aïcha Loïal s'est confiée à Outre-mer La 1ère.
Outre-mer la 1ère : Hier soir avait lieu la finale du concours "Ma thèse en 180 secondes". Après avoir passé les étapes de la finale régionale et de la demi-finale, comment avez-vous vécu cette soirée ?
Aïcha Loïal : J'étais super stressée. Avant le concours, quand je faisais mes répétitions, j'avais des trous de mémoires à cause du stress et je ne mangeais pas beaucoup. Arrivé le jour J, c’était encore pire. Sur scène, c'était une sensation assez particulière. Il y a pleins de gens qui vous regardent, j'en tremblais. C’était assez impressionnant. Je n’avais jamais fait de scène avant le concours. Avec la finale régionale, la demi-finale et là la finale, on peut se dire que ça ira, mais en fait ça ne va pas du tout. Ça fait comme si c’était la première fois qu’on allait sur scène.
Mais ça s’est bien passé, j’ai essayé de capter le maximum de gens, de regarder le public, c’est à eux que je parlais aussi, pas seulement aux membres du jury. J’ai pu finir dans les temps, et je suis contente d’avoir pu remporter le prix du public, d’avoir pu marquer au moins le public, même si le jury non. (Rires)
Qu'est-ce qui vous a intéressé dans ce concours, et sur quel sujet porte votre thèse ?
En trois minutes chrono, les chercheurs et chercheuses doivent expliquer leur thèse de façon la plus simple possible pour que ce soit accessible à tous. Il faut pouvoir avoir des compétences d’orateur aussi pour se faire entendre et comprendre. C’est de la vulgarisation scientifique quoi ! Le but de ce type de concours de vulgarisation scientifique, c'est de toucher le maximum de personnes.
Ma thèse porte sur l’amélioration des moyens de surveillance et de lutte contre le vecteur de maladie : le moustique Aedes aegypti. Il y a des pièges qui utilisent des attractants olfactifs pour pouvoir attirer les moustiques et les piéger. Le but de ma thèse, c’est d’améliorer ça. Parce qu’on a remarqué que les attractants utilisés ne fonctionnent pas tout le temps. Moi, j’essaye de comprendre pourquoi le moustique n’est pas attiré tout le temps par ces attractants. Donc c’est regarder ce qu’il se passe au niveau de la perception des odeurs chez le moustique. Si le moustique est déjà infecté avec le virus, est-ce que l’odeur va encore pouvoir capter ce type de moustique ? Si une odeur fonctionne bien pour les moustiques de Guadeloupe, est-ce que les moustiques de l’Hexagone ou de l’Inde et de l’Afrique, vont aussi être attiré par la même odeur ? Est-ce que l’origine du moustique joue ?
Dans le meilleur des cas, en dernier lieu, ce serait de trouver une odeur qui fonctionne pour toutes les populations de moustiques et que l’on pourrait utiliser une molécule qui pourrait fonctionner sur toutes les populations.
Qu'envisagez-vous pour la suite de votre parcours professionnel ?
On gagne un peu d’argent apparemment avec le prix du public, mais au niveau personnel, je me sens vraiment grandie et enrichie de ce concours. Je suis vraiment fière d’avoir vécu cette expérience. C'est super intéressant, car on rencontre des personnes qui arrivent à vous toucher, qui sont impliquées dans ce qu’elles font. Je n’étais pas super à l’aise pour la prise de parole en public et ça m’a aidé à me dépasser, à me challenger.
Au niveau professionnel, je vais déjà finir ma thèse, il me reste deux ans. Je ne sais pas encore, peut-être qu’on va me contacter plus tard. Ça permet de faire connaitre son travail. Avec la visibilité que ça va m’apporter, ça va forcément être que du positif pour mes futurs travaux.