Les deux formations s’entraînent en répétant leurs gammes. Beaucoup d’application chez les joueurs car ce match est un peu spécial. Au bord du terrain, Vikash Tille, le meneur de jeu guadeloupéen du CS Moulien reçoit les encouragements de sa famille, notamment ceux de ses deux oncles venus de Villeneuve-Le-Roi. "Je lui raconte quel beau numéro 10 j’étais et à quels postes j’ai évolué pour lui expliquer un peu le ballon. Plus sérieusement, je suis là pour l’encourager. C’est une fierté de le voir représenter notre île", s’amuse à raconter tonton Djimmy. "C’est un bon match de préparation pour ces deux équipes. Forcément on lui souhaite le meilleur", déclare Sammy, derrière le grillage où sont assis les supporters de la Guadeloupe.
Pour Vikash, l’objectif est simple pour la sélection de Guadeloupe "faire le meilleur match possible et montrer que nous sommes une équipe soudée". Jean-Paul est accompagné de son fils. Devant la buvette de l’enceinte francilienne, ce supporter francilien tranche : "Aujourd’hui, peu m’importe qui l’emporte. En vérité, je suis gagnant à tous les coups parce que je suis à la fois de la Martinique et de la Guadeloupe", s’esclaffe-t-il
Ambiance peyi et stars dans les tribunes
Décidément, les matchs dans le match Martinique/Guadeloupe sont partout. Dans les gradins, par exemple, entre supporters, entre les groupes aussi qui donnent le ton au rythme des tambours. Un véritable concert non-stop de percussions accompagné de chants pour porter les deux équipes.
Didier Dinard, ancien sélectionneur de l’équipe de France et de l’Arabie Saoudite de handball, ne voulait pas rater ce match. "Il y a là un derby. Un match Guadeloupe/Martinique qu’importe la discipline est toujours animé. Je m’attends à une rencontre plaisante. Je connais aussi Jocelyn Angloma", s’enthousiasme le double champion olympique avec l’équipe de France de handball. Le milieu de terrain offensif martiniquais du FC Nantes, Ludovic Blas, assis plus haut en tribunes, s’est déplacé en famille pour assister au match. Il raconte être "venu pour l’ambiance. Puis pour la Martinique car c’est mon île. La trêve internationale me permet d’assister à ce match".
Pour René Silo, ancien président du club de football de l’ES Colombienne "cette rencontre est le rendez-vous de tous les Ultramarins, particulièrement celui des Antillais. Je peux dire que c’est la première fois qu’on voit un tel match en région parisienne. Nous sommes quand même 800 000 Antillais en Ile-de-France. J’espère qu’il y aura d’autres rencontres de ce calibre dans le cadre de la préparation aux matchs de la CONCACAF".
Une 1ere mi-temps fructueuse en buts !
Le coup d’envoi du match entre les Gwada Boys et les Matinino est donné par la journaliste Karine Baste, le champion du monde Thomas Lemar, Didier Dinart et Frédéric Piquionne, l’ancien attaquant de l’équipe de France. Dès l'entame, les Martiniquais refroidissent l'ardeur des supporters et des joueurs guadeloupéens. A la 3ème minute, Karl Fabien coupe la trajectoire du ballon centré par Thomas Ephestion au premier poteau et ouvre le score pour la Martinique. 1 but à 0 pour les Matinino. Après cette mauvaise entrée en matière, les Guadeloupéens n’ont eu d’autres choix que de se ressaisir. Occupant les derniers 25 mètres des Martiniquais, les hommes de Jocelyn Angloma accentuent la pression sur les cages de Yannis Clementia.
L’inéluctable arrive grâce à Mathias Phaéton, lancé en profondeur, le joueur de l’En Avant Guingamp égalise pour la Guadeloupe à la 17ème minute de jeu d’un puissant tir à l’extérieur de la surface de réparation : 1 but partout. Les Guadeloupéens n’ont pas le temps de célébrer leur égalisation. Les Martiniquais reprennent l'avantage, à la 23ème minute, sur un but de Jonathan Rivierez. Une superbe reprise de volée pied droit qui fait mouche dans le petit filet opposé : 2 buts à 1. La Guadeloupe n’abdique pas et pousse encore plus fort. Une phénoménale frappe des 20 mètres en pleine lucarne de Thierry Ambroise, à la 32ème de jeu, lui offre l’égalisation : 2 buts partout à la mi-temps.
Maîtrise guadeloupéenne et pragmatisme martiniquais
Au retour des vestiaires, il ne faut pas plus de trois minutes aux Martiniquais pour de nouveau cueillir à froid leurs rivaux guadeloupéens. A la 48ème minute Mickaël Biron, au terme d’un une-deux avec Ephestion, donne l’avantage à la Martinique d’une tête victorieuse : 3 buts à 2. Les Guadeloupéens sont pourtant revenus sur le terrain avec l’intime conviction de l’emporter et ont donc remis le pied sur le ballon. Une domination territoriale pourtant stérile. Une faute dans la surface de réparation du portier des Gwada Boys sur Jeremy Sebas, à la 79ème minute de jeu, donne l’occasion à la Martinique de prendre le large dans ce match très indécis où les opportunités de marquer ne manquent pas. Robin Chaparria, l’arbitre central, siffle un penalty et Mickaël Biron porte le score à 4 buts à 2 pour la Martinique.
Une fin de match irrespirable
Dans ce match complètement fou, les Guadeloupéens ne baissent pas les bras et réduisent la marque à la 83ème grâce à Dimitri Ramothe : 4 buts à 3 pour la Martinique. Mais finalement, les hommes de Marc Collat peuvent lever les bras au ciel. La Martinique s’impose sur le score de 4 buts à 3 au terme d’un superbe match, au scénario incroyable.
"On a eu une bonne maîtrise en première mi-temps. On a fait quelques erreurs. Félicitations aux Martiniquais. J’imagine que le public antillais a dû apprécier les buts. Nous un peu moins... Autrement c’était un bon match. On attend désormais le tirage au sort du 4 avril pour la Ligue des Nations", conclut Jocelyn Angoma, le sélectionneur des Gwada Boys. Même son de cloche pour Marc Collat : "Aujourd’hui ce fut un bon match. On a parfois manqué de rigueur en première mi-temps face à une solide équipe de Guadeloupe mais grâce à quelques réajustements, on a réussi à faire une meilleure deuxième mi-temps", s'est félicité le sélectionneur de la Martinique. Vivement le prochain derby.