Les femmes résidant dans les DOM présentent un ratio de mortalité maternelle multiplié par 4 par rapport à celles de l'Hexagone, selon le sixième rapport d'enquête nationale, publié mercredi par l'Inserm et Santé publique France. Mayotte et la Martinique sont les territoires les plus touchés.
Chaque année en France, 50 à 100 femmes décèdent d'une cause liée à la grossesse, à l'accouchement jusqu'à un an après, soit une tous les quatre jours en moyenne, selon cette étude portant sur la période 2013-2015. "Malgré leur rareté, une amélioration est encore possible, car plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables et dans deux tiers des cas, les soins dispensés n'ont pas été optimaux", constate le rapport. La première cause des 262 décès recensés en trois ans sont les maladies cardiovasculaires (36 décès, soit 13,7%), puis les suicides (35 décès, soit 13,4%).
Les femmes dans les DOM quatre fois plus exposées
Le ratio de mortalité maternelle augmente avec l'âge des femmes à partir de 30 ans, et multiplié par 4 après 40 ans par rapport aux femmes de 25 à 29 ans. L'obésité est aussi un facteur de risque notable. Le rapport souligne la persistance des disparités sociales et territoriales. Ainsi, la mortalité des femmes migrantes est plus élevée. Les DOM et l'Ile de France se distinguent par un niveau de mortalité maternelle plus élevé.
La différence la plus marquée est observée pour les DOM, région de résidence de 14% des femmes décédées (pour 4,6% des naissances vivantes) et dont le ratio de mortalité maternelle est 3,4 fois celui de la métropole. Au sein de ce groupe, des variations existent avec les RMM les plus hauts à Mayotte et en Martinique et le plus bas à La Réunion
Voici les chiffres comparant la moyenne hexagonale et les départements d'Outre-mer :
Les causes de décès
Les experts constatent que la surveillance de la santé des futures mères et mères ne doit pas se limiter à la sphère obstétricale. Les maladies cardio-vasculaires et les suicides sont les causes "non seulement les plus fréquentes, mais également parmi celles avec la proportion la plus grande de morts évitables." En troisième position, l'embolie amniotique (passage de liquide dans la circulation maternelle, ndlr) est à l'origine de 28 décès, à un niveau stable par rapport à la dernière période.
Pour la première fois depuis le lancement de ces enquêtes sur les morts maternelles, les hémorragies obstétricales ne sont plus en tête. Cette cause de décès a été divisée par deux en 15 ans.
Stabilité par rapport à la période précédente
Le ratio de mortalité maternelle (RMM) de 10,8 décès pour 100.000 naissances vivantes est stable par rapport aux deux périodes de surveillance précédente (2010-2012 et 2007-2009) et se situe dans la moyenne européenne. Cependant selon l'enquête, dans 66% des cas, les soins dispensés n'ont pas été optimaux et 58% des décès sont considérés comme " évitables" ou "peut-être évitables"
en améliorant la prévention, l'organisation des soins, et les soins eux-mêmes.
Trente messages-clés
Un comité d'experts a formulé 30 messages-clés, insistant sur la nécessité d'élargir la surveillance des femmes à la recherche d'antécédents psychiatriques et d'addictions, et d'une vulnérabilité sociale ainsi que "l'évaluation des risques de complications avant la conception et en début de grossesse".
Définition de la mortalité maternelle
Comme l'explique le rapport de l'Inserme et de Santé Publique France, "la mort maternelle est « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite » ; La mort maternelle tardive, se définit comme le décès d'une femme résultant de causes obstétricales directes ou indirectes survenu plus de 42 jours, mais moins d'un an, après la terminaison de la grossesse.
Les morts maternelles se répartissent en deux groupes : les décès par cause obstétricale directe « résultent de complications obstétricales (grossesse, travail et suites de couches), d’interventions, d’omissions, d’un traitement incorrect ou d’un enchaînement d’événements résultant de l’un quelconque des facteurs ci-dessus ». Les décès par cause obstétricale indirecte « résultent d’une maladie préexistante ou d’une affection apparue au cours de la grossesse sans qu’elle soit due à des causes obstétricales directes, mais qui a été aggravée par les effets physiologiques de la grossesse »."