Mise à part une nouvelle coupe de cheveux, Muriel Hurtis ne change pas. Six ans après son retrait des pistes, la Guadeloupéenne a gardé cette même silhouette, ce même sourire enjôleur. Désormais installée à Aix-en-Provence, Mumu sort pourtant d’une année particulière. Comme tout le monde.
Pour une communicante spécialisée dans le sport, 2020 aurait dû avoir un parfum excitant. Une belle année olympique. Des championnats d’Europe d’athlétisme à Paris pour refermer l’été. Et tous ces événements dans le sud de la France qu’elle accompagne avec son employeur, le Crédit Agricole Alpes Provence.
Le verre à moitié vide ou à moitié plein ? La Guadeloupéenne a toujours penché pour la deuxième vision des choses. En mars dernier lorsque le premier confinement est instauré, Muriel accepte la mesure avec philosophie. Elle a deux enfants de 3 et 15 ans. Le télétravail va lui permettre de rester auprès d’eux : "Durant deux mois, ça a été l’occasion de me recentrer sur la famille. J’ai supervisé l’école à distance, fait du sport à leurs côtés. Je me suis même mise à la cuisine !" Tout cela sans la moindre panique. "Je ne suis pas d’un naturel anxieux. Je faisais attention bien sûr. Peut-être que le sport de haut niveau m’avait préparée à transformer certains obstacles en challenges ? En tout cas, ça s’est très bien passé pour moi."
Depuis quatre ans, Muriel Hurtis fait partie de la grande famille des communicantes. Au Crédit Agricole Alpes Provence, elle officie au Service Communication dans tous les domaines liés au sport. Un changement d’orientation radicale par rapport à son diplôme initial de psychomotricienne : "J’avais un peu d’appréhension en acceptant l’offre de la banque. Mais j’ai été très bien accueillie. On m’a tout de suite donné une vraie place. Et j’ai aussi réalisé que la communication avait été mon lot presque quotidien durant toute ma carrière d’athlète."
En 2020, la digitalisation des entreprises s’est accélérée à la vitesse de la lumière. Le monde de la communication n’a pas échappé au phénomène : "Il faut se réinventer. Ni plus ni moins. Investir les réseaux sociaux. J’anime ainsi une page Facebook ‘Le sport pour valeur’. C’est très prenant mais nécessaire si l’on veut atteindre les gens."
Lorsqu’elle était encore athlète, la Guadeloupéenne avait un agenda de ministre : entraînements, compétitions, opérations de communication, parrainages dans le monde associatif… Muriel Hurtis répondait présente à chaque fois. En quittant la région parisienne pour Aix-en-Provence, elle a dû réduire ses interventions. "Mais je continue à m’engager pour Peace and sport qui œuvre pour la paix à travers le sport et ELA, une association qui se bat contre les maladies génétiques." Ajoutez à cela que Muriel Hurtis siège toujours au CESE, le Conseil économique social et environnemental. Elle n’a peut-être plus un agenda de ministre mais son planning hebdomadaire demeure très chargé.
Comme beaucoup d’anciens champions, la Guadeloupéenne se réjouit de ne pas devoir affronter les événements actuels en tant qu’athlète. La Covid-19 a tout changé : "Pour 2020, on peut pratiquement parler d’une saison blanche. Depuis mars dernier, les athlètes ne savent plus trop ce qui va se passer. Garder la motivation dans ces conditions, chapeau."
Des JO reportés. Des championnats d’Europe annulés. Et un public souvent interdit dans les tribunes. "Le huis clos, je trouve ça triste. Je l’aurais très mal vécu. Sans public, on n’a pas l’impression de participer à une vraie compétition. Ça enlève de l’adrénaline, c’est terrible."
En 2014, lorsqu’elle a rangé ses pointes après un dernier titre européen sur le relais 4 fois 400 mètres, Muriel Hurtis a coupé avec le sport pendant un an et demi. "J’en avais besoin. Physiquement et mentalement." Elle y reviendra après la naissance de Gabriel, son petit dernier. Mais dans un drôle d’accoutrement. Durant une saison, Mumu joue au… football américain. "C’est quand même très physique !" sourit-elle.
Depuis dix-huit mois, elle s’adonne à la course à pied. Au début, elle a dû se faire violence. Avant que la dimension addictive n'apparaisse : "Je n’aurais jamais pensé éprouver du plaisir à courir longtemps. Et pourtant… Figurez-vous que j’ai déjà participé à des courses de 10 kilomètres, un semi-marathon et même un trail. Aujourd’hui, j’ai hâte que les compétitions populaires reprennent. Fou, non ?"